Place Félix Poulat à Grenoble, spectaculaire démonstration de colère.

Vendredi 7 mai, face à une enseigne de commerce culturel à Grenoble, des dizaines de militants de « cultures essentielles en lutte Isère » ont occupé le pavé pour hurler leurs revendications.

  • « droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence » (art 11 du préambule de la constitution du 27/10/46
  • Abrogation de la réforme de l’assurance chômage
  •  Mesures d’urgence pour les jeunes et les étudiants face à la précarité financière et psychologique
  • Plan de relance des activités artistiques
  • Une nouvelle assurance chômage , une nouvelle sécurité sociale globale
  • Des moyens pour l’hôpital public,… mise dans le domaine public des brevets des vaccins anti covid

Fernand Catry a déclamé un magnifique texte porteur des ces cris et revendications puis Bastien Maupomé, avec le talent qui lui est reconnu, a lu un texte de sa composition, repris par les « crieureuses » en Tshirts noirs barrés d’une croix blanche .

Macron à cris et à cros

Ceci est un message d’utilité pudique à l’attention de M. le président de la République
Regardez-nous,
Nous sommes des milliers et des Millions
En proie à votre mépris de caste
Des milliers et des millions à chercher notre place
À ne plus vouloir jouer le jeu des classes et des cloisons -Des milliers et des millions à ne plus croire à vos mirages M. Le Président, regardez-nous en face,
Nous sommes votre cour des miracles !
Nous,
Nous les sans dents
Nous qui, d’après vous, ne sommes rien,
Les sorcières, les vermisseaux, les oublié.e.s du contrat social,
Les éboueurs qui n’ont plus l’argent du beurre
Les bouffons des bas fonds prêts à se rebiffer pour bouffer
Les étudiants boursiers, dont l’avenir est joué en bourse
Nous,
Les rats qui ont trouvé l’eldorado des rebuts-ménage.
Les fous qui bouffent de la vache maigre
Et les maigres qui bouffent de la vache folle
Les écolos arrêtés dans les champs d’OGM pour faux et usage de faux
Les laissés pour compte de Marianne, les gavroches du gravât,
Nous les braques, les branques, les cas soc’ et les bras cass’ D’après vous, combien sommes-nous à craquer, à plus croûter, Plus invités au banquet, braqués par la banqueroute
Regardez-nous, le moral en carafe, à fond d’cale
Calfeutrés dans des clapiers en contreplaqué !
Et même débarqués de nos baraques, envoyés au débarras ?
Nous, la foule affluente confinée en file indigne,
Nous les floués, les refusés, les refoulés,
Nous qui ne ménageons pas nos méninges
Pour avoir notre ticket de manège,
Face aux magnats du magot qui managent à contre courant !?
Nous les personnes prostrées, postulant à une meilleure posture
Nous les demandeurs d’emplois qui s’emploient simplement à demander Nous les êtres stressés,
Prêts à s’entre-tuer pour un entretien d’embûches,
Quand les portes de l’embauche sont à forcer au pied de biche !! Nous qui attendons la réouverture des salles,

Nous qui conservons sur nos lèvres brûlées,
Le goût méprisant de votre propagande télévisée : « Françaises Français
Attention, il n’y en n’aura pas pour tout le monde :
Aujourd’hui la misère joue à guichet fermé.
Vous n’êtes pas assez pauvre, patientez,
Vous n’entrez pas dans les critères : lci, c’est la lutte des’ casés, Soit ton quotidien correspond aux conditions du questionnaire, Soit… tu te casses … »
Monsieur le Président, à votre avis,
Le long de la file d’attente, qui pressera le premier sur la détente ? Quand la mort, aguicheuse ouvre, ses gâchis automatiques,
Vous seriez plus honnête de nous annoncer tout simplement : « Françaises Français, si le guichet se ferme, choisissez la gâchette … ! »
Nous, les ventres creux
Il ne nous reste que les cris et les crocs
Les entrailles dans la tenaille entre la faim et le recherche de travail
Certaines et certains d’entre nous
vivent dans frousse, la mort aux trousses, un pied dans la fosse,
Les corps souffrent, s’effritent, s’effondrent au fond du gouffre,
Et vous nous demandez encore du cran !
De s’accrocher et cravacher, à s’en écorcher la chair,
Et vous nous demandez encore du cran !
De nous déchirer, courber l’échine, sans le droit à l’échec !
Monsieur le Président,
Nous sommes prêts à traverser toutes les routes pour trouver du travail, Mais quand nous aurons pris la route,
Nous n’aurons plus envie de revenir dans le soi-disant droit chemin !
Comme disait le philosophe,
« Sur le plus haut trône du monde,
On n’est jamais assis que sur son cul ! »
Monsieur le Président,
Ce sont les artisans que vous saignez qui ont construit vos chaises Ce sont vos administrés qui endurent la servitude.
La douleur du labeur. La lourdeur du boulot.
Ce n’est pas en posant des pansements
Que vous pourrez prétendre sauver le monde paysan. Quand se seront suicidés tous les petits producteurs, Tout ce que vous mangerez aura le goût du tout à l’égout.
Vous revendiquez être un homme de culture,
Et ce sont les intermittents, inter-mutants, luttant interminablement pour survivre que vous écrasez de votre indifférence.
Un intermittent sur deux n’a rien ! Aucune aide !

Elles et eux qui créent vos spectacles,
Obligés d’être des chasseurs de primes,
Poussés par vous à l’égoïsme et à l’intérêt,
Poussés à crever ou à se replier sur l’intérim ?
Vous revendiquez être un littéraire,
Qu’avez-vous fait pour les auteurs et les autrices ? Qu’avez-vous fait ?
Certaines et certains d’entre nous- ont même cru en vous, Président Regardez-nous à travers vos vidéo surveillances
Regardez-nous étouffer de nos libertés sur veilleuse
Très cher, très très cher, beaucoup trop cher Président ,
Je vous pose la question,
À votre avis, il se passera quoi
Quand les domestiques seront trop fatigués poux servir ? Quand les chiens de garde n’auront plus d’os à ronger ? Quand les derniers paysans se seront empoisonnés ?
Qui délivrera les livreurs déliveroo
À quand le repos pour les transporteurs de repas ?
Qui prescrira des médocs aux médics ?
Qui soignera le blues des soignants ?
Je vous pose la question :
Dans quel monde paie-t-on ses factures et ses dettes avec des applaudissements ?
Dans quel monde nourrit-on ses enfants avec du venin ? Dans quel monde empêche-t-on aux victimes de se réunir, Pour se souvenir, se soutenir ?
Quand toustes celleux d’entre nous
Qui ont toujours cru aux règles du jeu,
se rendront compte qu’iels ne peuvent que perdre ? Et qu’iels n’ont plus rien à perdre ?
Quand nous nous rendrons compte qu’il n’y a plus de pain, et que nous sommes les attractions des jeux du cirque : Nous arrêterons de nous comporter comme des boyscouts. Nous détiendrons une arme imparable : le BOYCOTT.
Nous administrerons nous-mêmes le bien commun. Sans Dieu Jupiter, simplement entre êtres humains.
Dans les contes,
Si le chasseur bat toujours le lion,
C’est parce que c’est c’est le chasseur qui raconte l’histoire
Sachez bien qu’un jour,
Nous cesserons de nous disputer les miettes,
En se faufilant sous la table
Nous aussi nous voudrons la nappe et les couverts
Sans pain, pas de justice, et sans justice pas de paix.

Grenoble culture

Fernand Catry.

Bastien Maupomé.

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