Cultures essentielles, la revendication d’une société nouvelle

Par Edouard Schoene

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Place Félix Poulat à Grenoble, spectaculaire démonstration de colère.

Ven­dre­di 7 mai, face à une enseigne de com­merce cultu­rel à Gre­noble, des dizaines de mili­tants de « cultures essen­tielles en lutte Isère » ont occu­pé le pavé pour hur­ler leurs reven­di­ca­tions.

  • « droit d’obtenir de la col­lec­ti­vi­té des moyens conve­nables d’existence » (art 11 du pré­am­bule de la consti­tu­tion du 27/10/46
  • Abro­ga­tion de la réforme de l’assurance chô­mage
  •  Mesures d’urgence pour les jeunes et les étu­diants face à la pré­ca­ri­té finan­cière et psy­cho­lo­gique
  • Plan de relance des acti­vi­tés artis­tiques
  • Une nou­velle assu­rance chô­mage , une nou­velle sécu­ri­té sociale glo­bale
  • Des moyens pour l’hôpital public,… mise dans le domaine public des bre­vets des vac­cins anti covid

Fer­nand Catry a décla­mé un magni­fique texte por­teur des ces cris et reven­di­ca­tions puis Bas­tien Mau­po­mé, avec le talent qui lui est recon­nu, a lu un texte de sa com­po­si­tion, repris par les « crieu­reuses » en Tshirts noirs bar­rés d’une croix blanche .

Macron à cris et à cros

Ceci est un mes­sage d’u­ti­li­té pudique à l’at­ten­tion de M. le pré­sident de la Répu­blique
Regar­dez-nous,
Nous sommes des mil­liers et des Mil­lions
En proie à votre mépris de caste
Des mil­liers et des mil­lions à cher­cher notre place
À ne plus vou­loir jouer le jeu des classes et des cloi­sons ‑Des mil­liers et des mil­lions à ne plus croire à vos mirages M. Le Pré­sident, regar­dez-nous en face,
Nous sommes votre cour des miracles !
Nous,
Nous les sans dents
Nous qui, d’a­près vous, ne sommes rien,
Les sor­cières, les ver­mis­seaux, les oublié.e.s du contrat social,
Les éboueurs qui n’ont plus l’argent du beurre
Les bouf­fons des bas fonds prêts à se rebif­fer pour bouf­fer
Les étu­diants bour­siers, dont l’a­ve­nir est joué en bourse
Nous,
Les rats qui ont trou­vé l’el­do­ra­do des rebuts-ménage.
Les fous qui bouffent de la vache maigre
Et les maigres qui bouffent de la vache folle
Les éco­los arrê­tés dans les champs d’OGM pour faux et usage de faux
Les lais­sés pour compte de Marianne, les gavroches du gra­vât,
Nous les braques, les branques, les cas soc’ et les bras cass’ D’a­près vous, com­bien sommes-nous à cra­quer, à plus croû­ter, Plus invi­tés au ban­quet, bra­qués par la ban­que­route
Regar­dez-nous, le moral en carafe, à fond d’cale
Cal­feu­trés dans des cla­piers en contre­pla­qué !
Et même débar­qués de nos baraques, envoyés au débar­ras ?
Nous, la foule affluente confi­née en file indigne,
Nous les floués, les refu­sés, les refou­lés,
Nous qui ne ména­geons pas nos méninges
Pour avoir notre ticket de manège,
Face aux magnats du magot qui managent à contre cou­rant !?
Nous les per­sonnes pros­trées, pos­tu­lant à une meilleure pos­ture
Nous les deman­deurs d’emplois qui s’emploient sim­ple­ment à deman­der Nous les êtres stres­sés,
Prêts à s’entre-tuer pour un entre­tien d’embûches,
Quand les portes de l’embauche sont à for­cer au pied de biche !! Nous qui atten­dons la réou­ver­ture des salles,

Nous qui conser­vons sur nos lèvres brû­lées,
Le goût mépri­sant de votre pro­pa­gande télé­vi­sée : « Fran­çaises Fran­çais
Atten­tion, il n’y en n’au­ra pas pour tout le monde :
Aujourd’­hui la misère joue à gui­chet fer­mé.
Vous n’êtes pas assez pauvre, patien­tez,
Vous n’en­trez pas dans les cri­tères : lci, c’est la lutte des’ casés, Soit ton quo­ti­dien cor­res­pond aux condi­tions du ques­tion­naire, Soit… tu te casses …« 
Mon­sieur le Pré­sident, à votre avis,
Le long de la file d’at­tente, qui pres­se­ra le pre­mier sur la détente ? Quand la mort, agui­cheuse ouvre, ses gâchis auto­ma­tiques,
Vous seriez plus hon­nête de nous annon­cer tout sim­ple­ment : « Fran­çaises Fran­çais, si le gui­chet se ferme, choi­sis­sez la gâchette … !« 
Nous, les ventres creux
Il ne nous reste que les cris et les crocs
Les entrailles dans la tenaille entre la faim et le recherche de tra­vail
Cer­taines et cer­tains d’entre nous
vivent dans frousse, la mort aux trousses, un pied dans la fosse,
Les corps souffrent, s’ef­fritent, s’ef­fondrent au fond du gouffre,
Et vous nous deman­dez encore du cran !
De s’ac­cro­cher et cra­va­cher, à s’en écor­cher la chair,
Et vous nous deman­dez encore du cran !
De nous déchi­rer, cour­ber l’é­chine, sans le droit à l’é­chec !
Mon­sieur le Pré­sident,
Nous sommes prêts à tra­ver­ser toutes les routes pour trou­ver du tra­vail, Mais quand nous aurons pris la route,
Nous n’au­rons plus envie de reve­nir dans le soi-disant droit che­min !
Comme disait le phi­lo­sophe,
« Sur le plus haut trône du monde,
On n’est jamais assis que sur son cul !« 
Mon­sieur le Pré­sident,
Ce sont les arti­sans que vous sai­gnez qui ont construit vos chaises Ce sont vos admi­nis­trés qui endurent la ser­vi­tude.
La dou­leur du labeur. La lour­deur du bou­lot.
Ce n’est pas en posant des pan­se­ments
Que vous pour­rez pré­tendre sau­ver le monde pay­san. Quand se seront sui­ci­dés tous les petits pro­duc­teurs, Tout ce que vous man­ge­rez aura le goût du tout à l’é­gout.
Vous reven­di­quez être un homme de culture,
Et ce sont les inter­mit­tents, inter-mutants, lut­tant inter­mi­na­ble­ment pour sur­vivre que vous écra­sez de votre indif­fé­rence.
Un inter­mit­tent sur deux n’a rien ! Aucune aide !

Elles et eux qui créent vos spec­tacles,
Obli­gés d’être des chas­seurs de primes,
Pous­sés par vous à l’é­goïsme et à l’in­té­rêt,
Pous­sés à cre­ver ou à se replier sur l’in­té­rim ?
Vous reven­di­quez être un lit­té­raire,
Qu’a­vez-vous fait pour les auteurs et les autrices ? Qu’avez-vous fait ?
Cer­taines et cer­tains d’entre nous- ont même cru en vous, Pré­sident Regar­dez-nous à tra­vers vos vidéo sur­veillances
Regar­dez-nous étouf­fer de nos liber­tés sur veilleuse
Très cher, très très cher, beau­coup trop cher Pré­sident ,
Je vous pose la ques­tion,
À votre avis, il se pas­se­ra quoi
Quand les domes­tiques seront trop fati­gués poux ser­vir ? Quand les chiens de garde n’au­ront plus d’os à ron­ger ? Quand les der­niers pay­sans se seront empoi­son­nés ?
Qui déli­vre­ra les livreurs déli­ve­roo
À quand le repos pour les trans­por­teurs de repas ?
Qui pres­cri­ra des médocs aux médics ?
Qui soi­gne­ra le blues des soi­gnants ?
Je vous pose la ques­tion :
Dans quel monde paie-t-on ses fac­tures et ses dettes avec des applau­dis­se­ments ?
Dans quel monde nour­rit-on ses enfants avec du venin ? Dans quel monde empêche-t-on aux vic­times de se réunir, Pour se sou­ve­nir, se sou­te­nir ?
Quand toustes cel­leux d’entre nous
Qui ont tou­jours cru aux règles du jeu,
se ren­dront compte qu’iels ne peuvent que perdre ? Et qu’iels n’ont plus rien à perdre ?
Quand nous nous ren­drons compte qu’il n’y a plus de pain, et que nous sommes les attrac­tions des jeux du cirque : Nous arrê­te­rons de nous com­por­ter comme des boys­couts. Nous détien­drons une arme impa­rable : le BOYCOTT.
Nous admi­nis­tre­rons nous-mêmes le bien com­mun. Sans Dieu Jupi­ter, sim­ple­ment entre êtres humains.
Dans les contes,
Si le chas­seur bat tou­jours le lion,
C’est parce que c’est c’est le chas­seur qui raconte l’his­toire
Sachez bien qu’un jour,
Nous ces­se­rons de nous dis­pu­ter les miettes,
En se fau­fi­lant sous la table
Nous aus­si nous vou­drons la nappe et les cou­verts
Sans pain, pas de jus­tice, et sans jus­tice pas de paix.

Fernand

Fer­nand Catry.

bastien

Bas­tien Mau­po­mé.

Foule/
Allongés/
Torche/

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