Plus de lumière pour la culture

Par Jean-Claude Lamarche

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Parce que « le sec­teur artis­tique et cultu­rel est sinis­tré », la CGT Spec­tacle de l’I­sère appe­lait à nou­veau à un ras­sem­ble­ment artis­tique et reven­di­ca­tif, ce jeu­di 3 décembre à 18h, place de Ver­dun à Gre­noble. Sec­teur sinis­tré et en grand dan­ger à cause des fer­me­tures des salles de spec­tacle, des sup­pres­sions des fes­ti­vals, des annu­la­tions des mani­fes­ta­tions cultu­relles… par suite de déci­sions jupi­té­riennes impo­sées sans concer­ta­tion véri­table.

Pho­tos Jean-Claude Lamarche et Edouard Schoene

Le second confi­ne­ment a aggra­vé une situa­tion face à laquelle le gou­ver­ne­ment et les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales n’ap­portent pas de réponse à la hau­teur. Les pro­fes­sion­nels du spec­tacle, de la culture, veulent tra­vailler. Ils demandent le sou­tien mas­sif de l’E­tat pour finan­cer des rési­dences, des répé­ti­tions, la pré­pa­ra­tion de la reprise des spec­tacles dès la réou­ver­ture des salles avec, en pers­pec­tive, au moins autant d’ac­ti­vi­té en 2021 qu’il y en a eu en 2019 dans tous les arts du spec­tacle.

Le col­lec­tif CGT Spec­tacle demande éga­le­ment une garan­tie du main­tien des droits sociaux des tra­vailleurs du spec­tacle, une nou­velle pro­lon­ga­tion de l’as­su­rance chô­mage et la com­pen­sa­tion des pertes des orga­nismes pro­fes­sion­nels. Il réclame des moyens pour les hôpi­taux et le res­pect des pro­to­coles sani­taires dans les entre­prises du spec­tacle afin de pou­voir tra­vailler dans de bonnes condi­tions sani­taires, ce qui serait aus­si le moyen de géné­rer des coti­sa­tions sociales.

Ce ras­sem­ble­ment, pour « Plus de lumière », ani­mé par des artistes de toutes dis­ci­plines, a connu une forte par­ti­ci­pa­tion. Il fai­sait suite au ras­sem­ble­ment du 13 novembre et sera sui­vi d’autres actions à l’ap­pel de la CGT Spec­tacle au début de l’an pro­chain.

Un rassemblement festif et revendicatif

Au fil de ce ras­sem­ble­ment, des prises de paroles reven­di­ca­tives alter­naient avec des moments de spec­tacles. Les moyens tech­niques étaient là : sono­ri­sa­tion, éclai­rages ali­men­tés par des sources élec­triques auto­nomes.
Sont tour à tour inter­ve­nus une série d’artistes et mili­tants-es dont : Lisa Lehoux, « la sale gamine », comé­dienne, accom­pa­gnée de comé­diens ; Michel Szem­pruch, réa­li­sa­teur, res­pon­sable syn­di­cal ; Patrick Seyer, comé­dien, res­pon­sable syn­di­cal, Bram’s et Marion (Cie La Vil­la Caba­ret Mont­bon­not) : chan­sons ; Lili et Ienis­seï (Cie Kikeï) : danse ; Madame Zola : chan­sons ; Batu­ka­VI : batu­ca­da et marion­nettes lumi­neuses ; Cécile Bon­tem­po, comé­dienne, lisait un texte de Maud Cha­pou­tier accom­pa­gnée en musique par Ben­ja­min Croi­zy ; Claude Bel­mudes , musi­cien, res­pon­sable syn­di­cal et Alexan­drine Aizac ; Cie Inko’­ni­to : Marion­nette lumi­neuse ; Véro­nique Pédré­no : Accor­déon ; Un groupe de per­cus­sions afri­caines ; Luc Quin­ton, artiste plas­ti­cien ; Cie Effet mas­sue : jon­glage et feu.

« La sale gamine », atta­quait la soi­rée avec brio, comme repré­sen­tante de la ministre de la culture. Les inter­ve­nants et mani­fes­tants ont bra­vé le froid pen­dant 90 minutes pour sou­te­nir le com­bat des artistes, tech­ni­ciens du spec­tacle.

L’intervention de Patrick Seyer

Patrick Seyer a dit avec force un texte qu’il a pro­duit pour ce ras­sem­ble­ment :

 » J’accuse. Nous sommes soli­daires des luttes menées par les per­son­nels du sec­teur san­té et de l’action sociale car nous sommes nous aus­si vic­times, comme citoyen.nes et comme professionnel.les du spec­tacle et de la culture de cette poli­tique de déman­tè­le­ment sys­té­ma­tique et déli­bé­ré de l’hôpital public.

J’accuse. Tous les gou­ver­ne­ments qui se sont suc­cé­dés depuis 1990 de com­pli­ci­té dans cette poli­tique cri­mi­nelle.

J’accuse. L’assurance mala­die d’avoir appli­qué son mons­trueux dis­po­si­tif ONDAM Objec­tif Natio­nal des Dépense d’Assurance Mala­die, en allouant DELIBEREMENT aux hôpi­taux publics des bud­gets infé­rieurs aux besoins réels dans le but EXPLICITE et pure­ment comp­table, « d’optimiser les dépenses ».

J’accuse. Les pré­si­dents Chi­rac, Sar­ko­sy, Hol­lande et Macron,Les ministres de la San­té : Mat­téi, Douste-Bla­zy, Ber­trand, Bache­lot, Tour­raine, Buzyn, d’avoir sup­pri­mé plus de 69000 lits entre 2002 et 2018 et d’avoir contraint les hôpi­taux publics à se finan­cer auprès des banques , aug­men­tant ain­si leur dette de 9 à 30 mil­liards d’euros. Je les accuse d’être les prin­ci­paux res­pon­sables du désastre sani­taire actuel.

J’accuse. Tous ces gou­ver­ne­ments d’avoir impo­sé le « lean mana­ge­ment » made in USA, dans le ser­vice public fai­sant ain­si des per­son­nels soi­gnant la variable d’ajustement prin­ci­pal de l’équilibre bud­gé­taire. Une ges­tion inhu­maine qui conduit à des condi­tions de tra­vail épou­van­tables, dont des horaires heb­do­ma­daires très sou­vent supé­rieurs à la limite légale euro­péenne de 48 heures. Des condi­tions qui affectent la san­té men­tale et phy­sique des soignant.es.

J’accuse. Cette pra­tique du « lean mana­ge­ment » , notam­ment par l’obsessionnel poli­tique de la dimi­nu­tion des coûts et l’augmentation de la pro­duc­ti­vi­té qu’elle impose, d’avoir détruit toute une culture de la sécu­ri­té qui carac­té­ri­sait l’hôpital et d’avoir conduit entre autre, à une aug­men­ta­tion dras­tique des erreurs médi­cales. Ces erreurs médi­cales ne sont pas anec­do­tique elles sont la 8eme cause de décès à l’hôpital.

J’accuse. L’actuel gou­ver­ne­ment de conti­nuer, et en pire, la même poli­tique désas­treuse de san­té. Et, dans de mul­tiples autres sec­teurs, comme celui de la culture, d’être com­plè­te­ment sourd à tous les cris d’alarme et aux alertes lan­cés par les salarié.es et leurs repré­sen­tants, comme l’a mon­tré la farce du Ségur de la san­té.

J’accuse. Ces gou­ver­ne­ments d’avoir mis en place le déman­tè­le­ment des ser­vices publics avec pour objec­tif leur trans­fert vers le pri­vé. Ce pro­ces­sus a été consi­dé­ra­ble­ment ampli­fié par l’actuel gou­ver­ne­ment Macron, comme l’atteste une étude appro­fon­die de son pro­jet CAP 2022 ini­tié par l’ex « pre­mier sinistre » Edouard Phi­lippe.

J’accuse. Ce gou­ver­ne­ment autiste, de nous avoir impo­sé des règles sani­taires, certes jus­ti­fiées pour cer­taines, mais dont l’ampleur, les contraintes et sur­tout les réper­cus­sions sociales, psy­cho­lo­giques et poli­tiques à court, moyen et long terme, sont et seront dra­ma­tiques. Cela résulte prio­ri­tai­re­ment de l’incurie totale et l’obstination de ce gou­ver­ne­ment à faire pas­ser « quoiqu’il en coûte » sa concep­tion éco­no­mique néo­li­bé­rale avant la sécu­ri­té des per­sonnes. »

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