Douleur, colère, indignation à Grenoble après l’assassinat du professeur Samuel Paty

Par Edouard Schoene

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Dimanche 18 octobre, un mil­lier de per­sonnes étaient réunies place de Ver­dun à 15h à l’appel des orga­ni­sa­tions syn­di­cales d’enseignants (FSU, SGEN, UNSA, Soli­daires, FO, Snalc), venus de toute l’agglomération.

Anne-Marie Guillaume, ensei­gnante (FSU), au nom des orga­ni­sa­teurs a don­né lec­ture d’une décla­ra­tion :

« C’est avec effroi que nous avons appris ven­dre­di soir l’as­sas­si­nat de notre col­lègue pro­fes­seur d’his­toire géo­gra­phie du col­lège du Bois d’Aulnes du dépar­te­ment des Yve­lines (78).

Son nom : Samuel Paty.

Cet acte hor­rible, est en lien avec l’u­ti­li­sa­tion en cours de cari­ca­tures de Maho­met dans le cadre d’un cours d’en­sei­gne­ment moral et civique des­ti­né à échan­ger et débattre afin d’é­veiller l’es­prit cri­tique des élèves, cours qu’il fai­sait sur la liber­té de la presse depuis des années dans le res­pect des croyances de cha­cune et de la laï­ci­té.

Depuis, toute la com­mu­nau­té édu­ca­tive (per­son­nels, élèves, parents) est sous le choc.

Cet effroyable assas­si­nat a été com­mis contre un pro­fes­seur qui fai­sait son métier : c’est donc le coeur de l’é­cole qui a été atta­qué : nos mis­sions d’ap­pren­tis­sage, d’é­du­ca­tion et d’é­man­ci­pa­tion.

L’é­cole est le lieu de la construc­tion du citoyen et de sa liber­té de conscience, de la for­ma­tion d’es­prits éclai­rés par la pra­tique du débat. C’est une tâche essen­tielle du ser­vice public d’é­du­ca­tion. Atta­quer un pro­fes­seur, c’est atta­quer notre démo­cra­tie et les prin­cipes fon­da­men­taux de la répu­blique comme la liber­té d’ex­pres­sion, la liber­té de conscience, la laï­ci­té.

Nous, per­son­nels de l’é­du­ca­tion natio­nale, deman­dons que tout le sou­tien néces­saire soit appor­té au ser­vice public d’é­du­ca­tion. Nous deman­dons que cha­cun s’abs­tienne de toute ins­tru­men­ta­li­sa­tion poli­tique. Nous refu­se­rons toute stig­ma­ti­sa­tion des musul­mans.

Aujourd’­hui, toutes et tous rassemblé.es, nous rap­pe­lons et réaf­fir­mons notre atta­che­ment indé­fec­tible à notre mis­sion. Nous ne lâche­rons rien sur la néces­si­té d’ap­por­ter par­tout, pour toutes et tous, l’ins­truc­tion, la rai­son, la réflexion et tout ce qui per­met de construire l’au­to­no­mie de juge­ment.

Aujourd’­hui plus que jamais, notre gou­ver­ne­ment et notre minis­tère doivent aus­si entendre l’ur­gence d’ai­der et de sou­te­nir la com­mu­nau­té édu­ca­tive à construire et conso­li­der les valeurs de notre Répu­blique, dans une socié­té qui subit des choix poli­tiques qui mettent à mal les soli­da­ri­tés et les valeurs de la Répu­blique.

Demain sera l’heure de l’a­na­lyse, de l’ac­tion et de la réac­tion sur tous ces sujets.

De celle aus­si de l’ac­com­pa­gne­ment de nos col­lègues et élèves, elles et eux-aus­si, meur­tris. Aujourd’­hui, nous sommes toutes et tous réunies

  • Pour expri­mer notre condam­na­tion sans appel de cet acte ignoble, révol­tant et scan­da­leux ;
  • Pour adres­ser nos sin­cères condo­léances et toutes nos pen­sées à la famille de notre col­lègue,
  • et témoi­gner notre sou­tien à tous ses proches, ses col­lègues et ses élèves.

Aujourd’­hui nous sommes en deuil. Nous vous pro­po­sons d’ex­pri­mer notre dou­leur, notre colère, nos pen­sées, nos réso­lu­tions, nos convic­tions par un temps de recueille­ment et de silence.

Que notre silence et les valeurs que nous par­ta­geons soient plus forts que tous les actes de bar­ba­rie. »

Une minute de silence a été res­pec­tée.

Puis, pen­dant de longues minutes les mani­fes­tants sont res­tés sur place autour du bas­sin de la place de Ver­dun pour échan­ger sur l’épouvantable drame, sur les actions à ima­gi­ner pour faire recu­ler les risques d’actes de bar­ba­rie.

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