Clinique mutualiste, une solution coopérative ?
Par Edouard Schoene
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Des salariés étudient un projet de reprise en Scop de la clinique mutualiste, actuellement en vente. Une manifestation est prévue le le 30 janvier à 12h devant la clinique, rue d’Alembert à Grenoble
La salle de spectacle l’Ampérage accueillait lundi 13 janvier de nombreux salariés de la clinique mutualiste, habitants de Grenoble et de l’agglomération, syndicalistes pour débattre du devenir de la clinique mutualiste. La salle était trop petite et ce sont environ cent cinquante personnes qui ont pu pénétrer avant que certains ne soient refoulés faute de place. L’union de quartier Chorier Berriat était l’invitante.
Les organisateurs ont rappelé la situation : les propriétaires majoritaires (ADREA) veulent céder une part de la propriété de la clinique à des repreneurs. Or cette session peut se traduire par une reprise au profit d’une clinique dont l’objet devient la rentabilité financière. Cette perspective remettrait en cause et l’emploi et le système de santé de tout le bassin Grenoblois.
Un site consacré au mouvement de défense de la clinique mutualiste : http://www.altervie.fr/mutualiste/. On y trouve des documents d’analyse, de propositions.
Se sont succédés à la tribune notamment un ancien administrateur, deux syndicalistes de la santé (CGT, FO) deux cadres de santé de la clinique, un responsable de l’union régionale des SCOPS de Rhône-Alpes pour alerter sur les enjeux et dangers.
La description de la situation remettait les pendules à l’heure : la clinique est viable dans la mesure où l’essentiel du déficit annuel est équivalent au bénéfice du locataire des bâtiments, le même qui est propriétaire de la clinique. La clinique mutualiste s’autofinance à 18% tandis que la cour des comptes ne demande que 6% au moins !
Si le secteur capitaliste reprenait la clinique, les urgences seraient remises en cause, comme des services non rentables et la qualité de tous les services de la clinique. Les grenoblois savent apprécier la clinique mutualiste et en particulier les urgences et le service oncologie.
Les salariés du CHU intervenant dans le débat ont souligné qu’une telle perspective aggraverait dangereusement la situation assez catastrophique de la santé publique sur Grenoble-Voiron.
La perspective discutée au cours de la soirée est celle d’une reprise par une SCIC , société coopérative d’intérêt collectif. Actuellement le statut est ESPIC (établissement de santé privé d’intérêt collectif), société non capitalistique. La perspective SCIC serait la garantie que les coopérateurs ne puissent engranger des bénéfices. La clinique resterait au service de la santé et non au service de propriétaires cherchant le rendement financier.
Un
incident a eu lieu pendant la soirée, les organisateurs interrompant
une responsable du PS de Grenoble, considérant qu’aucun
« politique » ne devait prendre la parole en période
électorale.
Ce rejet du politique peut amener à deux
interrogations :
- n’est il pas légitime d’exiger des
responsables politiques à tous le niveaux (Etat, région, local) et
aux candidats aux municipales de défendre la clinique mutualiste ?
-
n’est ce pas Macron qui s’est appuyé sur une vision populiste du
« dégagisme » pour se hisser au pouvoir ?
Un débat riche s’est installé au cours duquel la famille du fondateur de la clinique (Frappat) a défendu l’acquis , « structure de santé de qualité » de la clinique créée dans les années cinquante.
Des groupes de travail se sont réunis au cours de la soirée pour examiner plus en détail, la construction d’une SCIC, l’organisation de l’action pour sauver l’emploi et la qualité des soins de la clinique.
Il
est apparu que deux réunions se sont déjà tenues à la clinique (2
et 9 janvier) pour engager la réflexion avec les salariés sur une
perspective SCOP. A quelques jours d’intervalles, sur le temps
libre ce sont dix puis soixante personnes qui se sont réunies. « La
salle était trop petite ».
Plusieurs rendez vous auront
lieu pour porter une candidature à la reprise de la
clinique.
L’exigence qui s’est dégagée de l’assemblée :
que les politiques, que l’ARS (agence régionale de santé) donnent
un délai pour que soit repoussée la vente et permettre une offre
SCIC !
Un rendez vous de mobilisation a été pris : le
30 janvier à 12h, devant la clinique d’Alembert, tandis que le
personnel sera appelé à la grève.