Le collectif pour la gratuité des transports annonce une rencontre publique début décembre. Elle aura lieu en présence d’élus dunkerquois, agglomération dont les transports en commun sont gratuits depuis le 1er septembre. De quoi solliciter à nouveau la direction de la métropole grenobloise, aujourd’hui dans l’expectative.

« Il y aura un avant et un après Dunkerque ». Dunkerque, c’est-à-dire une communauté d’agglomération de 200 000 habitants, étendue sur une trentaine de kilomètres du littoral de la mer du Nord. Depuis le 1er septembre, les transports en commun y sont gratuits. Ce dont se félicitent naturellement les membres du collectif grenoblois pour la gratuité des transports. « L’idée fait son chemin et c’est une agglomération qui commence à être plus comparable à la nôtre qui fait le choix politique de la gratuité », constate l’un des animateurs du collectif, Michel Szempruch.

Les premières rencontres internationales du villes du transport gratuit ont eu lieu à Dunkerque les 3 et 4 septembre, en présence notamment du maire de Tallinn en Estonie, mais aussi de Polonais, Brésiliens… Le collectif grenoblois y avait envoyé une délégation.

Choix politique qui n’est justement pas – pas encore? – celui des élus de la métropole grenobloise. Non plus d’ailleurs que celle de la majorité grenobloise, puisque c’est Yann Mongaburu, vice-président aux transports de la métro est un conseiller municipal délégué de la ville de Grenoble.

Pas assez matures

On peut pourtant penser que les choses avancent. Le maire de Fontaine, président de la Semitag est favorable à la gratuité. Et une délégation du collectif pour la gratuité a été reçue le 5 juillet dernier par le président de Grenoble Alpes métropole, Christophe Ferrari, accompagné de Yann Mongaburu et de Raphaël Guerrero, vice-président chargé du budget.

« Ils nous ont écouté, nous sommes maintenant entendus surtout lorsque nous nous mobilisons dans la rue, mais nous n’obtenons pas de réponse et encore moins d’engagements », indique Mariano Bona, autre animateur du collectif. De fait, Yann Mongaburu estimait lors d’une rencontre organisée avec Audrey Pulvard en tête d’affiche que Grenoble n’était pas « assez mature » pour la gratuité. Reste un engagement verbal, celui de diligenter une étude pour voir de quelle manière la gratuité pourrait être mise en œuvre sur le réseau grenoblois. Une décision officielle de la métro est attendue avec impatience.

Pour le passage à la gratuité, les bus dunkerquois ont été rénovés.

En débat également avec la direction de la métro, la question de l’augmentation du versement transport des entreprises. Le taux en est fixé par la loi de finances. Le collectif et les élus se sont trouvés d’accord pour demander une augmentation de ce taux. « Certaines grandes entreprises financent jusqu’à 80% des dépenses de transport en commun de leurs salariés, dans le cadre des plans de déplacement des entreprises, note Bruno Cialdella, ces dispositifs montrent deux choses: que lorsque le transport en commun est gratuit ou peu cher, les salariés délaissent massivement leur voiture et deuxièmement que la gratuité financée par le versement transport et par les collectivités territoriales entraînerait des coûts moindres pour certaines entreprises ».

Les usagers paient aujourd’hui davantage que les collectivités

La réalité d’aujourd’hui, c’est pourtant une part plus importante du financement du réseau reposant sur les usagers avec un désengagement des collectivités territoriales, à commencer par le département.

Le collectif souhaite donc engager un large débat public, dans la foulée de « l’enthousiasme dunkerquois ». Ces initiatives de rencontres avec la population de la métropole auront un point d’orgue début décembre, l’organisation d’une rencontre publique qui pourrait voir la participation d’élus du Nord: celle du maire de Dunkerque est sollicitée.

A Dunkerque, des travaux ont également été réalisés sur les axes de circulation des transports en commun, les parking relais, les abribus, les espaces piétons…

L’autoroute et le canal

Car le temps presse. « Les mesures qui sont prises à Grenoble pour renforcer les transports en commun et les transports doux n’ont pas de commune mesure avec la gravité de la situation climatique, les enjeux économiques et les inégalités sociales auxquels nous sommes confrontés ». Il fait chaud, cet été. Raison pour laquelle le collectif pour la gratuité s’est opposé à l’élargissement de l’A480 – « dont les travaux ont débuté avant la fin de la procédure d’enquête publique, même s’ils disent que ça n’a rien à voir ; il suffit de regarder » – qui constituera un afflux de véhicules au moment où il faut changer de mode de transport. La démonstration par Dunkerque, une fois encore. Le processus de mise en accès gratuit du réseau de transports en commun s’est accompagné de nombreux aménagements (piétonisation, voies réservées aux bus…) dans le même temps qu’une autoroute qui arrivait au cœur de la ville a été rétrécie en voie urbaine laissant place à une voie bus, des pistes cyclables, des chemins piétons et même… un canal remis au jour.

 

 

 

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