Saint-Martin-d’Hères voudrait un monstre aussi fou que commercial… La réalité est tout autre : un geste pour l’avenir de la métropole. Explications.

Neyrpic. Quand on en parle, on évoque les 4,5 hectares qui vont être aménagés. Et bien, on ne devrait pas. On devrait évoquer le domaine universitaire, l’avenue Gabriel Péri et sa bordure Sud-Ouest, de Grenoble à la rocade Sud. Ce sont ces quelque trois cents hectares qui sont concernés par l’ambition de la ville. Car le projet des halles de Neyrpic n’est qu’une partie d’un tout : la création d’un pôle d’équilibre à l’Est de la métropole. Un pôle urbain avec un centre, des commerces, des activités de loisirs, des entreprises. Un pôle de vie, en somme.

Une esplanade piétonne entre l’hôtel de ville et le domaine universitaire.

Neyrpic est un maillon important de la chaîne. Ces 4,5 hectares accueilleront une esplanade, de la maison communale au campus, espaces de loisirs et magasins. « Sur ce lieu, nous voulons un commerce innovant ; à l’époque du smartphone, l’enseigne de proximité doit offrir un plus », note le maire David Queiros. Ce plus, ce sont les restos, les cafés, l’ambiance conviviale, le vélo, l’espace piéton… tout ce qui favorise le contact humain. Un lieu de vie que l’on aura d’autres raisons de fréquenter que le seul commerce. Et puis « le grignotage des terres par les commerces et leurs parkings, c’est terminé ».

Réduire l’emprise des « boîtes à chaussures »

C’est là qu’intervient le deuxième étage de la fusée : la restructuration de l’avenue Gabriel Péri. L’avenue deviendra au fil des ans un boulevard urbain, bordé d’immeubles d’architecture et de conception contemporaines. Avec la volonté de relocaliser sur Neyrpic une série de ces « boîtes à chaussures » aujourd’hui installées le long de l’avenue et qui fleurent bon les années 60. La proposition en sera faite à la totalité des enseignes.
Sans oublier l’emploi. En ramenant le commerce sur les halles Neyrpic, les zones d’activité des Glairons et de Champ Roman évolueront progressivement : elles accueilleront des entreprises dont le développement bénéficiera de la proximité du campus. A l’image de la société ISKN, qui travaille sur des systèmes informatiques, avenue Benoît Frachon. S’y implanteront aussi des entreprises du tertiaire et services publics, déjà représentés par exemple par l’agence métropolitaine de l’énergie et du climat. L’ambition vaut également pour le pôle santé, déjà solide avec l’antenne de l’hôpital de Saint-Egrève et la clinique Belledonne.
Avec Neyrpic, on est loin de la simple galerie commerciale posée là par hasard pour faire des sous. Très loin.

Luc Renaud

 

 

Horizon 2020

« Neyrpic peut contribuer à moderniser l’offre de la métropole ». C’est l’avis du Conseil national d’aménagement commercial, repris par le Conseil d’Etat. L’enquête d’utilité publique est favorable. Les travaux pourraient débuter au cours de l’été 2018 pour une mise en service en 2020. Le projet est conduit par la ville de Saint-Martin-d’Hères et la société Apsys, dont le siège est à Paris. Il représente un investissement de 230 millions d’euros. Toutes les infos sur le programme des Halles de Neyrpic.

 

La banlieue, ce n’est pas la zone

« Lorsque la banlieue a des projets, elle est sommée de se justifier », regrettait Jean-Paul Trovero, maire de Fontaine, lors du conseil de communauté du 6 avril dernier. Réunion au cours de laquelle le maire de Grenoble disait : « l’entêtement de la logique étroitement communale, quand le ‘‘moi je’’ écrase le ‘‘nous tous’’ à l’ère de notre construction métropolitaine, nous mettra tous dans l’ornière ». Ben oui, c’est à Saint-Martin-d’Hères. Quand c’est à Grenoble, c’est « nous tous » et quand c’est en banlieue, c’est égoïste ? Le droit à la ville, au cadre de vie, ça se partage.

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