Désintox, par Jean Rabaté.

« Emmanuel Macron entretient un contact franc et direct avec les P-DG, qui apprécient son pragmatisme » (Challenge, hebdomadaire de l’économie – 21 février 2018)

Au cours du débat télévisé précédant la Présidentielle, le candidat Macron n’utilisa pas moins de vingt-cinq fois le mot « pragmatique ». Devenu président, lui et ses ministres ne manquent pas d’en parsemer déclarations et discours pour expliquer leurs décisions

Président, Premier ministre et second couteaux affirment que leur pragmatisme consiste à être réaliste, à ne tenir compte que de la vérité, et à agir vite pour satisfaire « en même temps » – tâche impossible – patrons et salariés.

Soyez réalistes nous est-il commandé. Avec la SNCF par exemple : elle est lourdement endettée. Des lignes secondaires trop peu utilisées sont déficitaires. Fermons les ! La dette poursuivra sa croissance mais le but sera atteint : les transporteurs privés comblés.

Gares supprimées, ateliers d’entretien fermés, rails abandonnés, quid des cheminots ? Et quid des usagers privés de leur moyen de déplacement ? Le chômage pour les uns, le système D pour les autres… Sorti de tout contexte social ou économique le pragmatisme ne peut vraiment pas être l’alpha et l’oméga d’une politique nationale.

En matière de santé, le pragmatisme revendiqué pour « justifier » fermetures d’hôpitaux et réduction de personnel ne peut qu’accentuer les inégalités sociales et territoriales. Chacun devra se débrouiller pour ses soins. Pour l’école des enfants aussi, victimes des fermetures d’établissements dans le rural et de classes un peu partout.

Apprécié des PDG, le pragmatisme macronien n’invente rien, ne créé rien. ll utilise ce qui existe. Il  « bouche des trous » dans l’immédiat. Dénué de toute autre vision du monde tel qu’il est, il ne propose rien susceptible de l’améliorer et moins encore de le changer. Il est une mystification destinée à justifier des choix politiques, à revêtir d’un nouvel habit le néolibéralisme, lui-même paravent du capitalisme.

 

Sur son site internet comme chaque mois dans les pages du mensuel papier, le Travailleur alpin décrypte un « élément de langage » ou une « stratégie d’image » masquant une déformation de la réalité, un embellissement, une orientation… Bref une possible tentative de manipulation. Un mot vous paraît intoxicant ? Envoyez-nous le à redaction@travailleur-alpin.fr

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