Hydroélectricité : l’appel à la mise sous protection publique d’une ressource nationale

Par Luc Renaud

/

Image principale

Près d’un millier de personnes se sont rassemblées à l’appel du PCF sur le pont qui domine le barrage du Sautet, dans l’Isère. Ils entendaient protester contre la volonté gouvernementale de privatiser la production hydroélectrique du pays. Pierre Laurent a lancé un appel à un débat national citoyen pour préserver ce bien commun.

Pierre Laurent, secré­taire natio­nal du PCF, a pris la parole sur le pont du Sau­tet. Mes­sage trans­mis sur le bar­rage d’E­gu­zon, dans l’Indre, où le PCF avait orga­ni­sé une autre chaîne humaine ce même jour.

« Nous appe­lons à la mise sous pro­tec­tion publique et citoyenne la pro­duc­tion hydro­élec­trique des 400 bar­rages que compte notre pays ». L’ap­pel a été lan­cé le 8 avril par Pierre Laurent, secré­taire natio­nal du PCF, depuis le bar­rage du Sau­tet, dans la haute val­lée du Drac, aux confins des dépar­te­ments de l’I­sère et des Hautes-Alpes.

Pour la cir­cons­tance, il n’é­tait pas seul. A soixante-dix kilo­mètres au sud de Gre­noble, près d’un mil­lier de mani­fes­tants s’é­taient ras­sem­blés ce dimanche pour dres­ser une chaîne humaine contre la pri­va­ti­sa­tion de l’hy­dro­élec­tri­ci­té fran­çaise. Des cars avaient été affré­tés, au pied du pic de l’O­biou dra­peaux et chan­sons assu­raient la cou­leur fes­tive des ren­dez-vous de luttes…

La foule, sur le pont du bar­rage du Sau­tet.

L’i­ni­tia­tive avait été prise par le PCF. Ce qui n’empêchait nul­le­ment la diver­si­té des opi­nions ras­sem­blées sur le bar­rage. Ain­si les maires de Corps et Pel­la­fol, les deux com­munes qui bordent le lac du Sau­tet, comp­taient-ils par­mi les mani­fes­tants. « C’est notre ave­nir, celui de ceux qui tra­vaillent ici qui est en jeu, disait Fabien Mulyk, maire de Corps, la res­source en eau est un bien natio­nal inalié­nable et nous n’a­vons  à aucun moment été ne serait-ce qu’in­for­més des pro­jets du gou­ver­ne­ment ».

La chaîne humaine s’est mise en place à 13h30

Car c’est bien d’un pro­jet gou­ver­ne­men­tal dont il s’a­git. Guillaume Gon­tard, séna­teur de l’I­sère membre du groupe com­mu­niste, Marie-Noëlle Bat­tis­tel, dépu­tée socia­liste de la cir­cons­crip­tion, Fabrice Cou­dour, secré­taire géné­ral de la CGT éner­gie, sou­li­gnaient tour à tour que « rien ne contraint le gou­ver­ne­ment fran­çais à enga­ger la démarche de la pri­va­ti­sa­tion », pour­tant  pré­sen­tée comme la mise en œuvre d’une direc­tive euro­péenne contrai­gnant à l’ou­ver­ture au capi­tal pri­vé de la pro­duc­tion hydro­élec­trique. Les dif­fé­rents inter­ve­nants rap­pe­laient que la France est le seul pays euro­péen enga­gé dans cette voie tan­dis que tous les autres ont fait valoir les dis­po­si­tions, euro­péennes elles aus­si, qui per­mettent de conser­ver cette res­source éner­gé­tique dans le ser­vice public.

Les élus y ont par­ti­ci­pé.

En pre­nant la parole sur le pont qui domine l’ou­vrage pro­pre­ment dit, Pierre Laurent évo­quait une autre dimen­sion du pro­blème. « La pré­ca­ri­té éner­gé­tique, ce sont des familles qui n’ont pas les moyens de se chauf­fer, rap­pe­lait-il, la pri­va­ti­sa­tion de la pro­duc­tion hydro­élec­trique débou­che­rait sur une aug­men­ta­tion insup­por­table de cette pré­ca­ri­té avec une hausse des tarifs géné­ra­li­sée ».

Cédric Thu­de­roz, CGT EDF, et Sté­phane Cou­lon, CGT che­mi­nots Gre­noble.

Autre grande ques­tion, celle de la tran­si­tion éner­gé­tique. « Nous ne condui­rons pas une poli­tique de déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables avec des outils dis­sé­mi­nés entre les mains d’o­pé­ra­teurs pri­vés dont l’ob­jec­tif est le divi­dende des action­naires », notait Pierre Laurent. Dis­sé­mi­né est bien le mot, puisque pour pré­pa­rer la pri­va­ti­sa­tion, le gou­ver­ne­ment a pré­vu de faire des lots dont l’un est com­po­sé des ouvrages du Drac amont, de ceux du Beau­for­tain en Savoie et de la Dor­dogne.

Fabien Mulyk, maire de Corps.

La fin de la ges­tion par val­lée inquiète d’ailleurs les élus. Lors du débat orga­ni­sé dans l’a­près-midi du 8 avril à la Salle-en-Beau­mont, com­mune voi­sine, Ren­zo Sul­li, maire com­mu­niste d’E­chi­rolles, dans la ban­lieue de Gre­noble, indi­quait que le risque d’i­non­da­tion dans la métro­pole gre­no­bloise se gère aus­si avec les bar­rages en mon­tagne. Sous ges­tion pri­vée, avec des opé­ra­teurs mul­tiples, com­ment ne pas se faire quelques che­veux blancs ?

Pierre Laurent en débat avec les maires de Corps et Pel­la­fol.

Si ce ne sont les che­veux, ce sont au moins les oreilles de Nico­las Hulot qui ont sif­flé ce 8 avril en Isère. Guillaume Gon­tard le consta­tait : « Nico­las Hulot est le grand absent sur cette ques­tion, comme il a été et reste absent lorsque Gene­ral elec­tric veut liqui­der la pro­duc­tion de tur­bines à Gre­noble ; les dis­cours ne suf­fisent pas ».

Cette mani­fes­ta­tion en Dau­phi­né était conçue comme un point de départ. « Nous avons vou­lu la mettre à la dis­po­si­tion de tous ceux qui veulent agir, qu’elle donne des idées à beau­coup de monde pour impo­ser le débat citoyen là où le gou­ver­ne­ment pré­tend pas­ser en force en limi­tant tou­jours davan­tage les espaces de débats démo­cra­tiques, que ce soit au par­le­ment ou dans le pays ».

Fabrice Cou­dour, secré­taire géné­ral CGT éner­gie Savoie et res­pon­sable du col­lec­tif hydro FNME CGT.

Appel repris à sa manière par Sté­phane Cou­lon, des che­mi­nots CGT de Gre­noble. « Nous allons faire bou­ger les lignes et pas nous faire piquer nos lignes de train et nos bar­rages », lan­çait-il devant la foule ras­sem­blée sur le pont du Sau­tet.

Luc Renaud

Contre la pri­va­ti­sa­tion de la ges­tion des bar­rages, une réunion publique aura lieu sur le 25 avril à 19h salle des fêtes de Sus­ville, sur le pla­teau mathey­sin.

Pierre Laurent.
Guillaume Gon­tard.
Marie-Noëlle Bat­tis­tel, dépu­tée ; Guillaume Gon­tard, séna­teur ; Annie David, secré­taire dépar­te­men­tale et Pierre Laurent, secré­taire natio­nal du PCF.
Débat dans l’a­près-midi à la Salle-en-Beau­mont.

 

 

 

Partager cet article

EDF

Avant de partir

Votre soutien compte pour nous

Le Travailleur alpin vit depuis 1928 grâce à l’engagement de ses lecteurs. Aujourd’hui encore, ce média propose un autre regard sur vos espoirs, vos luttes, vos aspirations. Une voix unique dans la presse d’information départementale.

Pour protéger l’indépendance du Travailleur alpin, assurer son développement, vos dons nous sont précieux – nous assurons leur traitement en partenariat avec la fondation l’Humanité en partage.

Merci d’avance.

Faire un don défiscalisé maintenant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 Commentaires

  • Bon article sur un sujet impor­tant

    Une remarque Guillaume gon­tard est sou­vent pre­sente comme sena­teur de l’I­sère sans men­tion­ner son l’ap­par­te­nance poli­tique. Est ‑il afherent ou pas à un par­ti ou non .