Allevard. Mobilisation contre la brutale annonce de fermeture du lycée Le Bréda

Par Edouard Schoene

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Les lycéens, réunis dans la cour de l'établissement, se sont mobilisés, notamment pour réaliser des affiches et banderoles.
Les lycéens, parents d’élèves et personnels du lycée Le Bréda, à Allevard, ont appris brutalement, le 26 novembre, l’annonce de la fermeture de l'établissement en fin d’année scolaire. Une journée de mobilisation était prévue ce mardi 9 décembre pour défendre le lycée. Et réfléchir à des pistes pour tenter de le sauver.

Le groupe CREEFI est pro­prié­taire de quatre lycées pri­vés, non confes­sion­nels, ayant conven­tion avec l’Éducation natio­nale, dont Le Bré­da (situés à Gre­noble, Alle­vard et Cou­ble­vie). Ce groupe annonce être en dif­fi­cul­té et devoir fer­mer le lycée pro­fes­sion­nel d’Al­le­vard. Le Bré­da, ce sont, en 2025, cent soixante-deux élèves, vingt-trois ensei­gnants et neuf for­ma­teurs, huit sala­riés.

Mobi­li­sa­tion dans la cour du lycée mar­di 9 décembre.

Après l’an­nonce, fin novembre, de la fer­me­ture pro­chaine, élèves, ensei­gnants, parents d’élèves, per­son­nels du lycée ont défi­lé le 4 décembre dans les rues d’Allevard avec en tête du cor­tège, la maire Chris­tel Mégret et deux élues. Une péti­tion inti­tu­lée « Sau­vons le lycée des métiers Le Bré­da à Alle­vard : Non à la fer­me­ture ! » avait par ailleurs déjà recueilli, en date du 9 décembre, plus de 4 000 signa­tures.

Les lycéen-nes ont mis la main à la pâte.

Ce mar­di 9 décembre tou­jours, le lycée était ouvert à celles et ceux qui sou­hai­taient venir sou­te­nir l’action de défense de l’établissement. Dès 9 heures, c’était ain­si l’effervescence dans la cour avec accueil de jeunes lycéens·es, tables pour signer la péti­tion, café, crois­sants… Mais aus­si des espaces de dis­cus­sion, de des­sin ou d’écriture.

Une fermeture « motivée par la rentabilité »

Par­mi les pré­sents, Jus­tin Jay Alle­mand, chef de file d’une liste (issue du col­lec­tif « les Alle­var­dins ») aux muni­ci­pales, à Alle­vard :  « Je suis évi­dem­ment inquiet et en colère de voir cette fer­me­ture s’an­non­cer, moti­vée par la ren­ta­bi­li­té propre au fonc­tion­ne­ment pri­vé. C’est pour­tant un lycée qui fonc­tionne bien, qui est un rouage impor­tant en matière de jus­tice ter­ri­to­riale, étant le seul lycée pro­fes­sion­nel entre Gre­noble et Cham­bé­ry, notam­ment pour la filière des ‘3e pré­pa métier’, c’est un outil d’égalité des chances. » 

Jus­tin Jay-Alle­mand, tête de liste pour le col­lec­tif citoyen Les Alle­var­dins aux muni­ci­pales 2026.

Selon le can­di­dat, « si ce lycée dis­pa­rais­sait, ce ne serait pas seule­ment un éta­blis­se­ment qui fer­me­rait, mais une porte que l’on cla­que­rait au visage de dizaines de jeunes aux­quels on avait enfin per­mis de croire que tout était à nou­veau pos­sible dans leur par­cours sco­laire ».

Selon la CGT, « aucune étude pour envisager d’autres scénarios »

Une ren­contre s’est ensuite tenue, vers 10 heures, autour de Ludo­vic Lerus­si, ensei­gnant et délé­gué syn­di­cal CGT des éta­blis­se­ments du groupe CREEFI. Ne nous y trom­pons pas, dit la CGT, « c’est bien aujourd’hui l’ensemble de l’association CREEFI qui est en situa­tion d’alerte éco­no­mique ! Les trois éta­blis­se­ments sont concer­nés et sont soli­daires les uns des autres dans la comp­ta­bi­li­té. À ce jour, aucune étude éco­no­mique n’a été réa­li­sée pour éva­luer le coût et les gains poten­tiels d’un tel pro­jet. Per­sonne ne peut affir­mer si les éco­no­mies réa­li­sées suf­fi­ront à sau­ver le CREEFI et les autres éta­blis­se­ments. »  

Ludo­vic Lerus­si, ensei­gnant et délé­gué syn­di­cal CGT des éta­blis­se­ments du groupe CREEFI.

De même, à ce stade, « aucune étude n’a été réa­li­sée pour envi­sa­ger d’autres scé­na­rios. Reprise par l’É­tat du Lycée, par un repre­neur ? Main­tien des acti­vi­tés et vente du bâti­ment pour loca­tion ? Autres reprises ? », égrène le syn­di­cat. La CGT a en tout cas réaf­fir­mé son enga­ge­ment total pour la défense des emplois, la pro­tec­tion des élèves et la sau­ve­garde de l’offre édu­ca­tive sur le ter­ri­toire. Ludo­vic Lérus­si a en outre lu une lettre adres­sée par l’avocat conseil de la CGT à la direc­tion du CREEFI pour entrave à la loi. Laquelle exige en effet la consul­ta­tion des sala­riés avant l’annonce de fer­me­ture d’un éta­blis­se­ment.

La maire promet de « tout faire » pour garder le lycée ouvert

De son côté, Chris­tel Mégret, maire d’Al­le­vard, a elle aus­si répon­du au Tra­vailleur alpin. « Je suis extrê­me­ment déçue de cette situa­tion. Très inquiète car je connais un cer­tain nombre d’élèves et de pro­fes­seurs. Je suis cho­quée », avoue l’é­dile. Et de pro­mettre : « On fera tout jusqu’au der­nier moment pour que ce beau lycée reste ouvert. C’est un maillage ter­ri­to­rial pré­cieux. Rien d’autre n’a été ima­gi­né que la fer­me­ture ! Je connais beau­coup de jeunes, de condi­tions modestes, pour qui c’était une deuxième chance, qui n’iront pas à Gre­noble. »

La maire d’Al­le­vard Chris­tel Mégret assure de sa déter­mi­na­tion à sau­ver le lycée Le Bré­da.

À 11 heures, ensei­gnants, parents d’élèves et lycéens tenaient confé­rence de presse. Vincent, ensei­gnant, explique que le per­son­nel a été infor­mé le 26 novembre d’un pro­jet de fer­me­ture du lycée Le Bré­da. Avec, en guise d’ex­pli­ca­tions, quelques chiffres peu fiables (bilans annuels au rouge, tré­so­re­rie au rouge) et l’an­nonce d’un audit d’experts comp­tables en cours.

Ensei­gnants, parents d’é­lèves et lycéens se sont expri­més devant la presse.

Pour infor­ma­tion, l’é­ta­blis­se­ment est le seul lycée pro­fes­sion­nel entre Gre­noble et Cham­bé­ry. À ce jour, lycée pri­vé non confes­sion­nel, Le Bré­da n’a ni le sou­tien des éta­blis­se­ments d’enseignement catho­lique ni celui du rec­to­rat. Le tour de table fait appa­raître une forte inquié­tudes des parents d’élèves et lycéens qui n’imaginent pas vivre une future sco­la­ri­té ailleurs du fait notam­ment des dif­fi­cul­tés de trans­port.

« L’établissement de la seconde chance »

Un autre élé­ment mar­quant des témoi­gnages est celui du sta­tut de l’établissement qui se carac­té­rise « pour un tiers des lycéens comme l’établissement de la seconde chance ». « Ma fille a été en échec sco­laire, cet éta­blis­se­ment a été une chance, affirme ain­si un parent. Ma fille est contente d’aller en cours. »

Aloïs, lycéen, évoque quant à lui  « un virage de vie com­plexe : dépres­sion, décro­chage, désco­la­ri­sa­tion. J’ai trou­vé ici une étin­celle à la suite d’une opé­ra­tion porte ouverte. Je réus­sis ici », se féli­cite-t-il. Même témoi­gnage d’Anaïs : « J’ai retrou­vé confiance ici. J’ai été bien accueillie par pro­fes­seurs et élèves, assure-t-elle. Dès que j’ai une note en des­sous de 15, je suis dégou­tée. » La lycéenne cite éga­le­ment son voyage de classe en Pologne : « On a visi­té Ausch­witz. Ce voyage a été magique ! »

Aloïs et Anaïs, lycéen-nes au Bré­da, expliquent en quoi l’é­ta­blis­se­ment leur a redon­né confiance.

Les parents d’élèves pré­cisent que les condi­tions sont par­ti­cu­liè­re­ment bonnes dans cet éta­blis­se­ment avec 18 élèves par classe, des équipes très atten­tives au par­cours de chaque lycéen. En fin de ren­contre, il est fait état de la construc­tion en cours de deux hôtels à Alle­vard, les­quels sont un atout sup­plé­men­taires pour les lycéens qui y trou­ve­ront des stages. Les sou­tiens du lycée Le Bré­da, nom­breux, ont d’ores et déjà fixé leur pro­chain ren­dez-vous : ce sera le mar­di 16 décembre, date de réunion du conseil d’administration du CREEFI.

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