Grève du 2 octobre : l’intersyndicale veut faire « reculer » gouvernement et patronat
Par Manuel Pavard
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Ce sera le troisième round de cette rentrée sociale explosive. Après la journée « Bloquons tout » du 10 septembre et la mobilisation interprofessionnelle du 18 septembre, les organisations syndicales ont décidé de reconduire une journée nationale d’action et de grève le 2 octobre. Une réponse à « l’échec de la consultation avec le Premier ministre Lecornu », indique l’intersyndicale de l’Isère (CGT, FSU, Solidaires, FO, CFDT, Unsa, CFE-CGC, CFTC, CNT) qui organisait une conférence de presse, ce mardi 30 septembre, à la bourse du travail de Grenoble.

« En Isère, on a déjà des boîtes qui sont en grève depuis un moment : Hexcel, Trédi, Legrand, Air Liquide… Mais aussi le Centre hospitalier Alpes Isère (NDLR : à Saint-Égrève) pour la fonction publique », détaille Léa Martinez-Comelli, secrétaire à la vie syndicale à la CGT Isère. Laquelle appelle à « maintenir la mobilisation, à se réunir dans les entreprises et administrations le 2 octobre et en amont du 2 ». Tout en se félicitant, comme l’ensemble des organisations, de « l’unité syndicale » qui persiste aussi bien en Isère qu’au niveau national.
« L’héritage de la Sécu »
La CGT souhaite également mettre « l’accent sur les 80 ans de la Sécurité sociale », précisent Léa Martinez-Comelli et le secrétaire départemental Nicolas Benoit, qui évoquent la Quinzaine de la sécurité sociale organisée en octobre par l’union locale Roussillon/Beaurepaire. L’une des nombreuses initiatives programmées au cours des prochaines semaines pour célébrer ce 80e anniversaire.
Le rappel de cet événement ne doit rien au hasard. Car « l’héritage de la Sécu, c’est notre héritage commun », souligne la représentante CGT. Et sa remise en cause par la droite et le patronat se situe dans un contexte global « d’accélération de la casse des conquis sociaux », ajoute-t-elle.

De manière générale, personne n’est dupe au sein des syndicats. Confronté à l’ultimatum intersyndical et à la pression populaire, « le gouvernement a reculé sur les deux jours fériés mais il ne rétropédale pas sur le reste », déplore Léa Martinez-Comelli. Gel des pensions de retraite, baisse des prestations sociales, suppression de postes dans la fonction publique… La plupart des mesures défendues par Sébastien Lecornu demeurent « inacceptables », dans la droite ligne de celles proposées par son prédécesseur à Matignon.
Convergence des luttes
« Même s’il y a une diminution de moitié du projet tel qu’il était porté par Bayrou, ça restera un budget d’austérité », affirme ainsi Philippe Beaufort, secrétaire général de FO Isère, redoutant « les coupes sombres qui se profilent dans le service public ». Et de rappeler également l’indispensable « abrogation de la réforme des retraites », revendication partagée par l’ensemble des organisations syndicales.

Delphine Serra, représentante de Solidaires Isère, tire quant à elle à boulets rouges sur « l’énième réforme de l’assurance chômage » qui semble s’annoncer. Encore une fois, « ce sont les personnes qui ont déjà perdu des droits qui doivent payer ces budgets d’austérité », s’insurge-t-elle. La militante constate par ailleurs la « convergence » potentielle entre la mobilisation syndicale et les « autres formes de mobilisation ». Une référence notamment au mouvement « Bloquons tout » et à l’occupation de la Bobine que Delphine Serra « soutient » pleinement.
De son côté, David Sujobert, co-secrétaire de la FSU 38, insiste sur la dimension « sexiste » des mesures d’austérité. « Aujourd’hui, les agents en arrêt maladie ne perçoivent plus que 90 % de leur salaire, ce qui est un recul majeur… Notamment pour les femmes enceintes qui ne sont en rien responsables mais qui ont malgré tout un abattement de 10 %. »
Autre point problématique à ses yeux, particulièrement dans l’Éducation nationale, « la santé mentale. Cela fait plusieurs années que nos collègues se sont poignarder ou assassiner », s’émeut le syndicaliste enseignant, pointant « des enfants qui ne vont pas bien. Mais il faut des crédits pour pallier à ça. »
« On sait qu’on ne va pas les convaincre, on veut qu’ils reculent. »
Léa Martinez-Comelli, CGT Isère
Tous s’accordent également sur la nécessaire « taxation des grandes fortunes et des profits », comme le rappelle la CGT. Nicolas Benoit pointe ainsi, indigné, « les 211 milliards d’aides publiques distribuées sans contrôle et sans contrepartie aux entreprises privées ». Et le secrétaire départemental de la CGT de citer par ailleurs les cas de Ferroglobe ou de Photowatt : « La question, c’est comment on redistribue l’argent ? »

Face à la propagande d’un « patronat revanchard » et au « mépris » affiché par Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu, « la colère monte », observent les syndicats. Tout comme la demande de « justice sociale, fiscale et environnementale ». « On veut rappeler que sans nous, sans les salariés, ça ne fonctionne pas », explique Léa Martinez-Comelli. Que ce soit le patronat ou le gouvernement, « on sait qu’on ne va pas les convaincre », poursuit-elle. « On veut qu’ils reculent ! »
L’intersyndicale s’appuie en outre sur un constat : celui d’un pouvoir et d’un Premier ministre qui n’ont « jamais été aussi fragilisés ». D’où cette conviction qu’en accentuant la pression et en accélérant, les choses peuvent basculer. Nicolas Benoit le promet, « on ne s’arrêtera pas le 2 octobre ».
Les manifestations en Isère
Grenoble : départ à 14h, angle Alsace-Lorraine et Jean-Jaurès, arrivée à l’anneau de vitesse.
Vienne : départ à 9h, gare routière Champs de Mars.
Roussillon : départ à 9h30, place du Château. À 18h, à la salle polyvalente de Beaurepaire, réunion publique « Quelles solutions face au désert médical ? », dans le cadre de la Quinzaine de la Sécurité sociale, organisée par l’UL CGT Roussillon / Beaurepaire.
Bourgoin-Jallieu : départ à 10h, place de la République.
Voiron : départ à 16h30, bourse du travail, place Jacques-Antoine-Gau.