Transports publics. Non, la gratuité n’est pas forcément synonyme de dégradation

Par Luc Renaud

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Le dernier prolongement d'une ligne de tram - 950 mètres supllémentaires pour la ligne A jusqu'au Pont-de-Claix - a été mis en service en décembre 2019. Pour une nouvelle ligne de tram, la ligne E, il faut remonter à 2015.
Sylvain Laval, président du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise, s’est lancé dans une attaque en règle contre les partisans de la gratuité. Non sans énoncer quelques contrevérités. Trois collectifs ont réagi à cette prise de position.

« Ceux qui pro­mettent la gra­tui­té ne sont pas hon­nêtes, ils ne disent jamais que la gra­tui­té amè­ne­rait for­cé­ment à la dégra­da­tion du ser­vice, et dans le contexte actuel, ce serait désas­treux. » Ain­si s’exprimait récem­ment Syl­vain Laval, pré­sident du Syn­di­cat mixte de l’aire gre­no­bloise (SMMAG), dans les colonnes du Dau­phine libé­ré.

L’argument est évi­dem­ment finan­cier. La billet­te­rie repré­sente un cin­quième des recettes des trans­ports publics de l’agglomération – chiffre peu ou prou iden­tiques à celui des réseaux com­pa­rables – et il fau­drait trou­ver des recettes sup­plé­men­taires.

Ce qui se passe à Montpellier

Ce qui n’est pas appa­ru impos­sible à la métro­pole de Mont­pel­lier ou la gra­tui­té est en vigueur depuis décembre 2023 – la fré­quen­ta­tion du réseau y a aug­men­té d’un tiers en un an. Les deux métro­poles sont de taille équi­va­lente : 450 000 à Gre­noble, 500 000 à Mont­pel­lier. Pour le SMMAG, il faut y ajou­ter les res­sources issues des ter­ri­toires du Gré­si­vau­dan et du Voi­ron­nais.

La métro­pole de Mont­pel­lier n’en construit pas moins une nou­velle ligne de tram – sa mise en ser­vice est pro­gram­mée pour le 20 décembre – ain­si que le pro­lon­ge­ment d’une autre ligne de tram jusqu’à la gare TGV. Julie Frêche, vice-pré­si­dente aux trans­ports de Mont­pel­lier Médi­ter­ra­née métro­pole, évoque encore la réa­li­sa­tion de 170 km de pistes cyclables, l’achat de 77 rames de tram et la créa­tion de cinq lignes de bus­tram élec­triques.

Dif­fi­cile de main­te­nir le slo­gan qui vou­drait que la gra­tui­té soit syno­nyme de dégra­da­tion. Ou de suivre Syl­vain Laval lorsqu’il affirme : « Dire qu’on va mettre la gra­tui­té, c’est dire que l’on va renon­cer au déve­lop­pe­ment de nos lignes, au rem­pla­ce­ment de nos bus, et à un meilleur caden­ce­ment. »

Cette prise de posi­tion de Syl­vain Laval a sus­ci­té la réac­tion de trois col­lec­tifs asso­ciés dans la reven­di­ca­tion de la gra­tui­té des trans­ports à Gre­noble : le col­lec­tif pour la gra­tui­té, Alter­na­ti­ba et Gre­noble citoyenne.

Agir contre le réchauffement climatique

Ils rap­pellent que la gra­tui­té est déjà en vigueur dans une cin­quan­taine de villes, dont plu­sieurs métro­poles, à l’image de Dun­kerque ou de Mont­pel­lier. Ils sou­lignent que « partout où elle est mise en place, la gra­tui­té aug­mente de façon impor­tante la fré­quen­ta­tion des trans­ports publics , ce qui amé­liore la qua­li­té de vie » de tous les habi­tants, usa­gers ou non des trans­ports, et rap­pellent qu’il s’agit là d’une « amé­lio­ra­tion concrète du pou­voir d’achat ». Ils insistent sur une évi­dence : « Les trans­ports en com­mun jouent un rôle cen­tral dans la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique, dont les consé­quences deviennent chaque jour plus visibles. »

Les trois col­lec­tifs for­mulent une demande : « La conven­tion citoyenne de la métro­pole a pro­po­sé un pre­mier pas simple, réa­liste et peu coû­teux : la gra­tui­té des trans­ports le week-end. »

Le versement mobilité

Ajou­tons encore que le ver­se­ment mobi­li­té – réglé par les entre­prises de plus de onze sala­riés pour finan­cer les trans­ports publics – est de 2 % de la masse sala­riale dans la métro­pole de Gre­noble, de 1,7 dans le Gré­si­vau­dan, et de 1,1 % dans le Voi­ron­nais. Que ST Micro à Crolles ou Thales à Moi­rans contri­buent au finan­ce­ment des trans­ports publics à hau­teur de 2 % comme Cater­pillar à Gre­noble per­met­trait sans doute de déga­ger des moyens sup­plé­men­taires pour le SMMAG.

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