Transports publics. Non, la gratuité n’est pas forcément synonyme de dégradation
Par Luc Renaud
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« Ceux qui promettent la gratuité ne sont pas honnêtes, ils ne disent jamais que la gratuité amènerait forcément à la dégradation du service, et dans le contexte actuel, ce serait désastreux. » Ainsi s’exprimait récemment Sylvain Laval, président du Syndicat mixte de l’aire grenobloise (SMMAG), dans les colonnes du Dauphine libéré.
L’argument est évidemment financier. La billetterie représente un cinquième des recettes des transports publics de l’agglomération – chiffre peu ou prou identiques à celui des réseaux comparables – et il faudrait trouver des recettes supplémentaires.
Ce qui se passe à Montpellier
Ce qui n’est pas apparu impossible à la métropole de Montpellier ou la gratuité est en vigueur depuis décembre 2023 – la fréquentation du réseau y a augmenté d’un tiers en un an. Les deux métropoles sont de taille équivalente : 450 000 à Grenoble, 500 000 à Montpellier. Pour le SMMAG, il faut y ajouter les ressources issues des territoires du Grésivaudan et du Voironnais.
La métropole de Montpellier n’en construit pas moins une nouvelle ligne de tram – sa mise en service est programmée pour le 20 décembre – ainsi que le prolongement d’une autre ligne de tram jusqu’à la gare TGV. Julie Frêche, vice-présidente aux transports de Montpellier Méditerranée métropole, évoque encore la réalisation de 170 km de pistes cyclables, l’achat de 77 rames de tram et la création de cinq lignes de bustram électriques.
Difficile de maintenir le slogan qui voudrait que la gratuité soit synonyme de dégradation. Ou de suivre Sylvain Laval lorsqu’il affirme : « Dire qu’on va mettre la gratuité, c’est dire que l’on va renoncer au développement de nos lignes, au remplacement de nos bus, et à un meilleur cadencement. »
Cette prise de position de Sylvain Laval a suscité la réaction de trois collectifs associés dans la revendication de la gratuité des transports à Grenoble : le collectif pour la gratuité, Alternatiba et Grenoble citoyenne.
Agir contre le réchauffement climatique
Ils rappellent que la gratuité est déjà en vigueur dans une cinquantaine de villes, dont plusieurs métropoles, à l’image de Dunkerque ou de Montpellier. Ils soulignent que « partout où elle est mise en place, la gratuité augmente de façon importante la fréquentation des transports publics , ce qui améliore la qualité de vie » de tous les habitants, usagers ou non des transports, et rappellent qu’il s’agit là d’une « amélioration concrète du pouvoir d’achat ». Ils insistent sur une évidence : « Les transports en commun jouent un rôle central dans la lutte contre le changement climatique, dont les conséquences deviennent chaque jour plus visibles. »
Les trois collectifs formulent une demande : « La convention citoyenne de la métropole a proposé un premier pas simple, réaliste et peu coûteux : la gratuité des transports le week-end. »
Le versement mobilité
Ajoutons encore que le versement mobilité – réglé par les entreprises de plus de onze salariés pour financer les transports publics – est de 2 % de la masse salariale dans la métropole de Grenoble, de 1,7 dans le Grésivaudan, et de 1,1 % dans le Voironnais. Que ST Micro à Crolles ou Thales à Moirans contribuent au financement des transports publics à hauteur de 2 % comme Caterpillar à Grenoble permettrait sans doute de dégager des moyens supplémentaires pour le SMMAG.