Grenoble. Après l’extension de la guerre en Iran, « ni Khamenei ni Netanyahou ! »

Par Edouard Schoene

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Les manifestants affichaient clairement leur refus de choisir entre l'extrême droite au pouvoir en Israël et le régime des mollahs de la République islamique. © Michel Szempruch
Mardi 24 juin se tenait un rassemblement à Grenoble, rue Félix-Poulat, à l’appel d’Amnesty International, pour crier « halte à la guerre, cessez-le-feu au Moyen-Orient ». Plusieurs organisations s’étaient jointes pour appeler à la solidarité avec les populations civiles : LDH Iran, Cisem, Mouvement de la paix, Cercle laïque, Iran Solidarité, AIAK. Et ce, au moment où entrait en vigueur le cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, instaurant une trêve très fragile sur le terrain.

Pre­mière à inter­ve­nir, Zoh­reh Bahar­mast (LDH Iran) a condam­né vive­ment les bom­bar­de­ments contre l’Iran. Les­quels ont pour prin­ci­pales vic­times les Ira­niens : « L’I­ran brûle sous les bombes ! Le gou­ver­ne­ment ira­no­phobe d’Is­raël qui, depuis trente ans, inculque à sa popu­la­tion et ses sou­tiens occi­den­taux l’im­mi­nence d’une frappe nucléaire ira­nienne, a frap­pé ! »

Zoh­reh Bahar­mast (LDH Iran) a pro­non­cé un dis­cours cin­glant. © Michel Szem­pruch

Et la mili­tante de pour­suivre : « Com­ment faire pour détour­ner les yeux du monde rivés sur l’é­li­mi­na­tion volon­taire de la popu­la­tion civile à Gaza depuis l’acte bar­bare de 7 octobre 2023 ? Com­ment faire oublier les enfants morts sous les bombes de soi-disant le seul pays démo­cra­tique de la région ? Le pays qui n’hé­site pas à empê­cher l’ar­ri­vée de l’aide huma­ni­taire et qui laisse mou­rir de faim les plus faibles et les plus fra­giles. Le bou­cher de Gaza doit trou­ver une solu­tion, détour­ner les regards du Gaza détruit et meur­tri par plus de 55 000 morts,  par manque de la nour­ri­ture, de médi­ca­ments, par la des­truc­tion totale des infra­struc­tures et même par le dan­ger de mort qu’il fait encou­rir aux otages. Il fal­lait aus­si empê­cher la recon­nais­sance éven­tuelle de l’é­tat pales­ti­nien par la France et d’autres pays. Quoi de mieux qu’une autre agres­sion ? »

Zoh­reh Bahar­mast. © Michel Szem­pruch

Zoh­reh Bahar­mast rap­pelle une évi­dence : l’en­ne­mi de mon enne­mi n’est pas for­cé­ment mon ami. « Que le régime  de la Répu­blique isla­mique soit dic­ta­to­rial, théo­cra­tique, répres­sif, cri­mi­nel et hon­ni par au moins 80 % de sa popu­la­tion, peu de per­sonnes en doutent », rap­pelle-t-elle. Et pour­tant… « Que l’as­sas­si­nat de quelques chefs mili­taires du régime n’at­triste pas par­ti­cu­liè­re­ment les ira­niens, ce n’est pas une rai­son d’at­ta­quer un pays sou­ve­rain. Qui lui a deman­dé de se sub­sti­tuer au peuple ira­nien pour se débar­ras­ser du régime cri­mi­nel des Aya­tol­lahs. Depuis quand une guerre d’a­gres­sion est dans l’in­té­rêt du pays agres­sé. Depuis quand la vio­la­tion fla­grante du droit inter­na­tio­nal peut garan­tir l’ordre et la démo­cra­tie ? »

Les mani­fes­tants se sont ras­sem­blés sur la place Félix-Pou­lat. © Michel Szem­pruch

Joël Nico­las, d’Amnes­ty Inter­na­tio­nal, a récla­mé quant à lui dans son inter­ven­tion le ces­sez-le-feu immé­diat et per­ma­nent (NDLR : un ces­sez-le-feu est entré en vigueur le jour même, mar­di 24 juin). Citant Agnès Cal­la­mard, secré­taire géné­rale d’Amnesty Inter­na­tio­nal, il a exi­gé la  pro­tec­tion des civil·e·s face à l’escalade sans pré­cé­dent des hos­ti­li­tés entre Israël et l’Iran.

« Alors que de plus en plus de civil·e·s subissent les consé­quences cruelles de la ter­ri­fiante esca­lade mili­taire entre l’Iran et Israël depuis le 13 juin 2025, et face à la menace d’une nou­velle inten­si­fi­ca­tion du conflit, Amnes­ty Inter­na­tio­nal exhorte les auto­ri­tés israé­liennes et ira­niennes à res­pec­ter l’obligation de pro­té­ger les civil·e·s, qui leur incombe en ver­tu du droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire. Le 16 juin, un porte-parole du gou­ver­ne­ment ira­nien a indi­qué que les attaques israé­liennes avaient tué au moins 224 per­sonnes, dont 74 femmes et enfants, sans pré­ci­ser com­bien d’entre elles étaient des civil·e·s. Le minis­tère de la San­té a éga­le­ment indi­qué que 1 800 per­sonnes avaient été bles­sées. »

Joël Nico­las, mili­tant d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal. © Michel Szem­pruch

S’ex­pri­mant au nom d’Iran Soli­da­ri­té, Zoya Danesh­rad a, elle, condam­né avec vigueur Neta­nya­hou qui ose se pré­sen­ter comme sau­veur des Ira­niens ! Elle a fus­ti­gé les diri­geants israé­liens et éta­su­niens, qui se per­mettent de deman­der aux popu­la­tions fuyant les bombes de ren­ver­ser le pou­voir ira­nien. Ces bombes, a‑t-elle pré­ci­sé, ont eu pour consé­quences de très nom­breuses vic­times civiles. Mais éga­le­ment l’arrêt de mou­ve­ments reven­di­ca­tifs quo­ti­diens qui met­taient en dif­fi­cul­té le pou­voir auto­cra­tique.

Zoya Danesh­rad (Iran Soli­da­ri­té) a elle aus­si condam­né la poli­tique des alliés Neta­nya­hou et Trump. © Michel Szem­pruch

« On ne libère pas un peuple par les bombes », a scan­dé Zoya Danesh­rad sous les applau­dis­se­ments. Ont pris ensuite la parole Rose­line Vachet­ta, pour la CISEM, un repré­sen­tant du NPA — L’Anticapitaliste, puis Jean-Paul Vienne (Mou­ve­ment de la paix) qui a insis­té sur l’urgence de la démi­li­ta­ri­sa­tion nucléaire.

Dénon­cer les bom­bar­de­ments israé­liens tout en étant soli­daires des vic­times de la répres­sion en Iran. © Michel Szem­pruch

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