La onzième édition du Street Art Fest Grenoble Alpes résiste à la crise
Par Edouard Schoene
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Créée en 2003 à Grenoble, l’association Spacejunk y a ouvert une galerie d’art, avant d’inaugurer deux autres galeries, dans les années suivantes, à Lyon et Bayonne. C’est aussi dans la capitale des Alpes qu’elle a lancé sa plus belle œuvre, le Street Art Fest. Un festival devenu une vitrine et un événement de référence au niveau européen, permettant la réalisation de 455 fresques dans l’agglomération grenobloise en l’espace de onze ans.

Malheureusement, l’âge d’or des débuts s’est heurté de plein fouet aux difficultés économiques post-Covid, avec un contexte marqué par une baisse significative des financements alloués à la culture. Lors du vernissage, vendredi 30 mai, Jérôme Catz, directeur du festival, n’a ainsi pas mâché ses mots, regrettant vivement l’absence de l’adjointe à la culture de Grenoble (représentée par Luis Beltran Lopez, conseiller municipal).
« Vous avez supprimé la subvention historique de la ville pour le centre d’art Spacejunk. Cette subvention de 15 000 euros était attribuée pour toute l’activité du centre d’art à l’année, avec bien sûr les actions culturelles dans les écoles mais également le projet Venus, les cinq expositions de deux mois qui se succèdent durant l’année et, depuis 2015, le Street Art Fest », a‑t-il lancé dans son discours.

Jérôme Catz a poursuivi, interpellant toujours l’élue absente : « Vous avez justifié cette coupe de près de 50 % du budget global attribué à Spacejunk à une journaliste de France Bleu Isère. Je vous cite : ‘On est d’accord, ce festival est un moment fort de la vie culturelle à Grenoble. C’est pourquoi nous avons maintenu notre subvention de 25 000 euros. Mais cela faisait un bout de temps que l’on s’interrogeait sur le bien-fondé de la subvention publique de 15 000 euros que la Ville accorde à Spacejunk pour ses autres activités, notamment des activités commerciales’. »
Il a par ailleurs pointé les principales conséquences de cette suppression de subvention à Spacejunk, à savoir le licenciement de six salariés et un festival sensiblement réduit. Rappelons que la Métropole a supprimé sa subvention de 50 000 euros (ligne culture plus ligne « attractivité de la Métropole ») et que plusieurs villes se sont retirées (Pont-de-Claix, Fontaine…).

Les subventions publiques sont à comparer avec le budget global du festival : 500 000 euros. Cette année, on observe donc une réduction sensible de la voilure du festival :
- Exposition à l’ancien musée place de Verdun.
- Quinze créations de fresques (voir le détail sur le site du Street Art Fest).
- Quelques visites à Saint-Martin‑d’Hères.
- Un lieu éphémère au pôle Neyrpic.
- Une surprise importante en septembre (tenue secrète) avec une création conçue avec les universités de Grenoble et Strasbourg.

Le directeur du festival a remercié la ville de Grenoble (25 000 euros de subvention, mise à disposition de l’espace d’exposition), les villes de Saint-Martin‑d’Hères, Seyssinet-Pariset, Meylan, Saint-Égrève, Vizille, Claix, ou encore le CROUS. Il a également salué les donateurs (40 000 euros) par appel sur réseaux sociaux (HelloAsso). Sans oublier les 70 bénévoles — chaudement applaudis — du festival « qui ont répondu présent et qui donnent de leur temps, parfois même qui posent des vacances pour être ici ».

« Le festival de street art est totalement gratuit. Le street art est en prise avec l’actualité, prend ses racines dans les revendications, développe l’irrespect », a enfin souligné Jérôme Catz. Avant de conclure : « Nous allons essayer de redonner toute sa splendeur au Street Art Fest dès l’an prochain… D’où la casquette ‘Street Art Fest again’. »
