Sans-papiers. La circulaire Retailleau veut supprimer toute possibilité de régularisation

Par Luc Renaud

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En décembre dernier, lors d'une manifestation devant la préfecture.
La préfecture a rompu le dialogue qui se poursuivait depuis seize ans entre les services de l’État et le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers. Ces discussions permettaient le règlement de situations de nombreux salariés. La CGT appelle à un rassemblement le 10 mai rue Félix Poulat à 14h30.

L’accord avait été obte­nu après les mobi­li­sa­tions des tra­vailleurs sans papiers, en 2014. Il avait été pas­sé entre la pré­fec­ture de l’Isère et le syn­di­cat CGT des tra­vailleurs sans-papiers.

Il per­met­tait, lors de dépôts col­lec­tifs de dos­siers, un dia­logue via un contact régu­lier entre les deux par­ties et donc un moyen de résoudre les dif­fi­cul­tés qui sur­viennent fré­quem­ment lors de la régu­la­ri­sa­tion des sans-papiers. Le droit qui régit ce domaine est com­plexe ; il est sou­vent appli­qué sans consi­dé­ra­tion des aspects humains et de la réa­li­té des situa­tions.

Cet accord a été uni­la­té­ra­le­ment dénon­cé par la pré­fec­ture en avril der­nier. Lors d’une ren­contre avec le secré­taire géné­ral de la pré­fec­ture, les syn­di­ca­listes ont appris qu’il n’y aura plus ni ren­contres entre le ser­vice d’immigration et le syn­di­cat, ni d’interlocuteur au sein des ser­vices de l’Etat. Qu’il n’y aura plus de dépôts col­lec­tifs : les demandes se feront indi­vi­duel­le­ment au gui­chet, en appli­ca­tion de la cir­cu­laire Retailleau avec toutes ses res­tric­tions. Que les deman­deurs devront se rendre en pré­fec­ture à Gre­noble, quelle que soit leur lieu d’habitation en Isère.

Plus d’interlocuteur pour discuter des situations concrètes

Le rôle de la CGT des tra­vailleurs sans-papiers en tant qu’interlocuteur n’est plus recon­nu.

« Après la loi Dar­ma­nin, la cir­cu­laire Retailleau veut sup­pri­mer toute pos­si­bi­li­té de régu­la­ri­sa­tion », constate la CGT sans-papiers. Le gou­ver­ne­ment s’attaque ain­si direc­te­ment aux tra­vailleurs sans-papiers, pour­tant indis­pen­sables dans tant de sec­teurs : net­toyage, bâti­ment, res­tau­ra­tion, aide à la per­sonne… Le règne de l’hypocrisie.

« C’est une attaque contre notre droit de vivre, de tra­vailler, d’étudier en paix », dénonce la CGT qui sou­ligne que « c’est aus­si un dan­ger pour tous les tra­vailleurs qui se trouvent à la mer­ci des patrons qui abusent impi­toya­ble­ment de leur condi­tions vul­né­rables, ce qui entraîne plus de pré­ca­ri­té, moins de droits, plus d’exploitation !  »

Les sans-papiers dans la précarité pour peser sur tous les travailleurs

Et c’est la pos­si­bi­li­té d’une mise en cause des droits de tous les tra­vailleurs : il y aura tou­jours un tra­vailleur sans-papiers contraint pour vivre d’accepter l’exploitation qui pour­ra être mis en concur­rence avec d’autres tra­vailleurs.

La CGT des tra­vailleurs sans-papiers appelle à un ras­sem­ble­ment le 10 mai à 14h30, rue Félix Pou­lat à Gre­noble, pour pro­tes­ter contre ces injus­tices, « exi­ger la régu­la­ri­sa­tion de toutes et tous et défendre nos droits, notre digni­té, notre ave­nir ! Sor­tons de l’ombre, fai­sons entendre nos voix ».

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