Sans-papiers. La circulaire Retailleau veut supprimer toute possibilité de régularisation
Par Luc Renaud
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L’accord avait été obtenu après les mobilisations des travailleurs sans papiers, en 2014. Il avait été passé entre la préfecture de l’Isère et le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers.
Il permettait, lors de dépôts collectifs de dossiers, un dialogue via un contact régulier entre les deux parties et donc un moyen de résoudre les difficultés qui surviennent fréquemment lors de la régularisation des sans-papiers. Le droit qui régit ce domaine est complexe ; il est souvent appliqué sans considération des aspects humains et de la réalité des situations.
Cet accord a été unilatéralement dénoncé par la préfecture en avril dernier. Lors d’une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture, les syndicalistes ont appris qu’il n’y aura plus ni rencontres entre le service d’immigration et le syndicat, ni d’interlocuteur au sein des services de l’Etat. Qu’il n’y aura plus de dépôts collectifs : les demandes se feront individuellement au guichet, en application de la circulaire Retailleau avec toutes ses restrictions. Que les demandeurs devront se rendre en préfecture à Grenoble, quelle que soit leur lieu d’habitation en Isère.
Plus d’interlocuteur pour discuter des situations concrètes
Le rôle de la CGT des travailleurs sans-papiers en tant qu’interlocuteur n’est plus reconnu.
« Après la loi Darmanin, la circulaire Retailleau veut supprimer toute possibilité de régularisation », constate la CGT sans-papiers. Le gouvernement s’attaque ainsi directement aux travailleurs sans-papiers, pourtant indispensables dans tant de secteurs : nettoyage, bâtiment, restauration, aide à la personne… Le règne de l’hypocrisie.
« C’est une attaque contre notre droit de vivre, de travailler, d’étudier en paix », dénonce la CGT qui souligne que « c’est aussi un danger pour tous les travailleurs qui se trouvent à la merci des patrons qui abusent impitoyablement de leur conditions vulnérables, ce qui entraîne plus de précarité, moins de droits, plus d’exploitation ! »
Les sans-papiers dans la précarité pour peser sur tous les travailleurs
Et c’est la possibilité d’une mise en cause des droits de tous les travailleurs : il y aura toujours un travailleur sans-papiers contraint pour vivre d’accepter l’exploitation qui pourra être mis en concurrence avec d’autres travailleurs.
La CGT des travailleurs sans-papiers appelle à un rassemblement le 10 mai à 14h30, rue Félix Poulat à Grenoble, pour protester contre ces injustices, « exiger la régularisation de toutes et tous et défendre nos droits, notre dignité, notre avenir ! Sortons de l’ombre, faisons entendre nos voix ».