Grenoble. La bibliothèque Chantal-Mauduit rouvrira sur le lieu, selon la Ville
Par Manuel Pavard
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C’était dans la nuit du 18 au 19 février. Une voiture bélier incendiée avait été projetée contre la bibliothèque Chantal-Mauduit, en partie détruite par les flammes qui s’étaient rapidement propagées au bâtiment. Un sinistre qui avait suscité un vif émoi chez les habitants, alors que l’équipement venait d’être inauguré depuis décembre 2024, en lieu et place du Plateau, structure emblématique des quartiers Mistral et Eaux-Claires.
Un mois après, jour pour jour, le lieu, cerné de barrières, est surveillé en permanence par des policiers et les dégâts sont toujours bien visibles. « Une partie de la bibliothèque Chantal-Mauduit a été rendue inutilisable par l’incendie », confirme l’adjointe aux cultures Lucille Lheureux, qui a fait le point sur les suites « à court, moyen et long terme », ce mercredi 19 mars, aux côtés de Céline Mennetrier, adjointe aux sports, et de Thierry Chastagner, maire adjoint du secteur 3.

Le hall d’accueil, au rez-de-chaussée, et la salle principale située au-dessus — une salle de lecture avec des collections adultes — ont ainsi été dévastés par le feu. Heureusement, la réactivité et l’efficacité des sapeurs-pompiers et de la police nationale, intervenus cette nuit-là, a « permis de sauver une grande partie du mobilier, des accessoires culturels et sportifs et des collections », se félicite l’élue.
« La Ville de Grenoble prend l’engagement de rouvrir la bibliothèque Chantal-Mauduit sur le lieu, quoiqu’il arrive. »
Lucille Lheureux, adjointe aux cultures
Thierry Chastagner loue quant à lui « l’implication des services municipaux » qui, depuis le 19 février, ont rencontré un grand nombre d’habitants, leur proposant notamment un accompagnement psychologique, via la Maison des habitants Anatole-France — y compris pour les enfants, « très demandeurs ». Au sein de la population du quartier, « tous ont ressenti un très fort effarement et beaucoup de colère », souligne-t-il.
Idem pour les agents qui ont dû passer par « un premier temps de deuil », explique Lucille Lheureux, afin de « digérer la sidération ». Redéployés, « en fonction des besoins », dans l’ensemble du réseau des bibliothèques municipales, ceux-ci affichent l’envie de « retrouver au plus vite leur équipement sportif et culturel ». Il est cependant trop tôt pour donner un délai de réouverture, même indicatif. La Ville de Grenoble a reçu les premiers avis d’experts architectes mais attend désormais les études complémentaires, qui portent notamment sur la structure du bâtiment, ainsi que la décontamination. Ce qui prendra encore plusieurs semaines.

Pour la suite, plusieurs options restent envisagées, d’une « simple » réfection des parties ravagées à l’hypothèse d’un bâtiment entièrement détruit puis reconstruit. Mais quel que soit le scénario retenu in fine, la municipalité prend d’ores et déjà « l’engagement de rouvrir la bibliothèque Chantal-Mauduit sur le lieu, quoiqu’il arrive », annonce Lucille Lheureux.
Achat d’un bibliobus et maintien des partenariats
En attendant, la Ville travaille sur « des pistes de court terme » pour maintenir le service public, notamment les trois caractéristiques principales de la bibliothèque, à savoir « le lien avec les sports, l’attention particulière aux adolescents et aux enfants, et l’outil du jeu vidéo », précise l’adjointe aux cultures. Pour cela, différents dispositifs sont mis en place dès aujourd’hui ou dans les semaines à venir.
Premier outil, « l’achat d’un bibliobus en cours, pour garantir le maintien du prêt dans le quartier », indique Lucille Lheureux. « Au-delà des livres que les pompiers ont pu isoler des flammes et préserver, 30 % des collections étaient empruntées au moment de l’incendie et sont en train d’être restituées petit à petit. » D’où l’enjeu de pérenniser cette possibilité du prêt, grâce au bibliobus. Lequel stationnera très prochainement sur le parking des mosaïques — en face de la bibliothèque — et à deux autres emplacements, près du gymnase de la Houille blanche et rue Henri-Dunant.

Autre levier, le maintien des partenariats. « Entre le 19 février et la fin juin, une quarantaine d’évènements étaient prévus : une vingtaine pour l’accueil grand public et une vingtaine pour l’accueil de groupes », détaille l’élue à la culture. « Plus de la moitié est déjà assurée de se tenir, soit chez des partenaires soit dans des lieux nouveaux, et l’autre moitié est en voie de trouver un atterrissage », ajoute-t-elle. Parmi ces évènements programmés, elle cite les « trois sessions de jeux vidéo » ou les « fonds et activités hors les murs », comme par exemple au Prunier sauvage.
« Une fréquentation très importante » dès l’ouverture de la bibliothèque
Il a fallu trouver par ailleurs une solution pour faire face à une situation inédite. En effet, avec l’incendie de la bibliothèque Chantal-Mauduit et la bibliothèque Gisèle-Halimi (Saint-Bruno) qui ne rouvrira qu’en juin, « les deux plus importantes bibliothèques de l’ouest de Grenoble sont fermées », observe Lucille Lheureux. La municipalité a donc décidé « d’élargir les horaires d’ouverture de la bibliothèque les Munitionnettes (Alliance) ».
De fait, souligne l’élue, la bibliothèque Chantal-Mauduit a connu, dès son ouverture, « une fréquentation très importante », comme l’illustrent les chiffres. Elle accueillait ainsi 400 lecteurs et lectrices par jour en moyenne lors des deux plus grosses journées de la semaine, le mercredi et le samedi. Il y a en outre « mille personnes qui ont fait le choix de s’inscrire en trois mois », note l’adjointe.
Maintenir « le lien avec les sports »
Quant au lien avec les sports, celui-ci a constitué d’emblée l’une des principales spécificités du nouvel équipement. À l’intérieur, un dojo, utilisé par deux associations sportives (judo et taekwondo) et en journée par les collégiens, et un mur d’escalade destiné notamment aux écoles élémentaires. Les services municipaux ont réussi à dispatcher la plupart des activités vers d’autres lieux, à l’exception des créneaux proposés aux collèges.

« On travaille main dans la main avec les deux associations sportives et on a plusieurs pistes pour leur permettre de finir la saison sportive », annonce Céline Mennetrier, qui a « bon espoir que l’une d’elles se finalise d’ici la fin du mois ». Côté matériel, « le mur d’escalade va être diagnostiqué », poursuit l’adjointe aux sports. En revanche, « les protections murales et les tatamis, dans le dojo, devraient pouvoir être réutilisés ».
Un soutien financier du ministère de la Culture
Quelques certitudes donc, mais surtout beaucoup d’inconnues pour les prochains mois. « L’objectif principal est bien la réouverture », rappelle toutefois Lucille Lheureux. « Nous avons déjà adressé un courrier au ministère de la Culture, qui accompagne tous les investissements réalisés pour les bibliothèques de Grenoble à hauteur de 40 %. » Un soutien que l’État a réaffirmé à l’issue des récents échanges avec la Ville et qui s’avère plus que jamais indispensable… Car la tendance globale est inquiétante, constate l’élue : « Depuis 1987, il y a plus de 300 bibliothèques qui ont brûlé en France ! »