La Rampe-Echirolles. Dafné Kritharas quintet. Un concert éclectique et poétique

Par Régine Hausermann

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© Chloé Kritharas Devienne
Jeudi 13 février 2025 – Salle comble pour un concert aux accents méditerranéens. Dafné Kritharas et ses quatre musiciens ont séduit le public par leurs créations originales dans des styles variés, tantôt musiques traditionnelles, tantôt jazz ou classique. Mais aussi par leurs textes poétiques sur des thèmes intimes ou politiques.

Les ins­tru­ments sont déployés sur scène. Côté cour à l’arrière-plan, une bat­te­rie impres­sion­nante ; à l’avant, une contre­basse et d’autres ins­tru­ments à cordes. Côté jar­din face à la bat­te­rie, un pia­no à queue et un syn­thé, des gui­tares à l’avant. Les quatre musi­ciens s’installent, sui­vis de la chan­teuse aux pieds nus — façon Cesa­ria Evo­ra — qui s’empare du micro pla­cé sur un pied au centre de la scène. Elle s’appuie sur un tabou­ret haut et s’excuse de ne pou­voir dan­ser comme à l’accoutumée, à cause d’une entorse. Sa jupe noire à volants et son haut à bre­telles font valoir sa sil­houette élan­cée et gra­cieuse. Ses che­veux longs et fri­sés qu’elle agite « dans l’air comme un mou­choir ! », qui recouvre son visage, qu’elle repousse en arrière avec son bras au rythme des mor­ceaux, évoque la « cri­nière lourde » du poème de Bau­de­laire « la che­ve­lure ».

Sa voix fuse, claire, cris­tal­line, dans une com­po­si­tion en grec. Suivent des chants en fran­çais. Un enfant essaie de dis­cer­ner les étoiles mal­gré les cica­trices qui lacèrent le ciel. Une femme se venge de la vio­lence conju­gale en se réfu­giant en haut d’une mon­tagne où elle égorge les hommes qui s’y aven­turent. Contre la vio­lence et la guerre qui défi­gurent nos contrées, célé­brons la joie. Les musiques nous trans­portent en Grèce, en Tur­quie, dans les Bal­kans, au Moyen-Orient. A deux reprises, le pia­no seul accom­pagne un chant inti­miste. Sou­vent les ins­tru­men­tistes se muent en chœur autour de la chan­teuse. Un duo sen­ti­men­tal réunit Daf­né et Paul Bar­reyre, « un enfant du Gré­si­vau­dan », son com­pa­gnon, le gui­ta­riste auteur-com­po­si­teur qui a com­po­sé les chan­sons en fran­çais.

Daf­né Kitha­ras remer­cie Jose­fa Gal­lar­do, la direc­trice de la Rampe, qui lui a pro­po­sé de reve­nir après sa pres­ta­tion l’an pas­sé lors du concert d’André Manou­kian. Elle s’émerveille que la salle soit rem­plie. Au moment de quit­ter la scène après un bis et la lec­ture de l’appel « Debout pour la culture », l’artiste fran­co-grecque est rete­nue par une par­tie du public qui entonne un air grec. Ravie, elle reprend le micro pour chan­ter à l’unisson. Un cha­leu­reux moment de beau­té, de par­tage et d’engagement.

# DeboutPourLaCulture

Impressionnant de voir toute une salle debout ! Le public, associé aux artistes et aux professionnels, toutes et tous debout contre la casse budgétaire du service public de la culture. Après plusieurs mois d’attaques délibérées à l’encontre du secteur, le ministère de la Culture a annoncé, mi-janvier, une baisse de 130 millions d’euros des crédits de la mission Culture, qui affectera le budget de l’Etat. Inacceptable ! « Un plan de licenciement massif » : voilà ce que dénoncent les professionnels du secteur culturel dans une pétition impulsée par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), que nous vous invitons à signer.

DEBOUT POUR LA CULTURE ! DEBOUT POUR LE SERVICE PUBLIC !

Les coupes bud­gé­taires de l’Etat et des col­lec­ti­vi­tés plongent le ser­vice public de l’art et de la culture dans une situa­tion alar­mante.

Chaque fois qu’une coupe bud­gé­taire de 20.000 euros est annon­cée, c’est l’équivalent d’un emploi per­ma­nent dans une struc­ture cultu­relle ou d’un emploi artis­tique, tech­nique ou admi­nis­tra­tif inter­mit­tent, qui est mena­cé de dis­pa­ri­tion.

A chaque perte d’emploi, c’est l’accès à l’art et à la culture qui recule pour toute la popu­la­tion fran­çaise, dans les villes, dans les vil­lages ruraux, dans les ban­lieues. C’est moins de créa­tions, moins de repré­sen­ta­tions, moins d’éducation artis­tique dans les éta­blis­se­ments sco­laires, moins d’interventions cultu­relles dans les hôpi­taux ou ailleurs.

A chaque perte d’emploi, les risques aug­mentent de ces­sa­tion d’activité des équipes artis­tiques et des lieux qui nous per­mettent de nous réunir et de faire débat.

Le contexte d’austérité bud­gé­taire ne peut pas occul­ter les menaces qui planent sur notre démo­cra­tie. C’est pour­quoi nous disons que sacri­fier les ser­vices publics, dont celui de l’art et de la culture, est un cal­cul dan­ge­reux au regard des grands béné­fices socié­taux qui en découlent. Que l’État consacre 0,8 % de son bud­get à cette poli­tique publique est déjà lar­ge­ment insuf­fi­sant pour répondre aux besoins expri­més par la popu­la­tion et par les pro­fes­sion­nels.

Aus­si, nous toutes et tous, béné­fi­ciaires du ser­vice public de l’art et de la culture, publics, artistes, technicien.ne.s, salarié.e.s, directeur.ices de lieux, nous nous tenons debout, ensemble, pour affir­mer notre besoin d’une culture vivante qui sti­mule les ima­gi­naires, par­tage les savoirs, reflète notre diver­si­té et favo­rise le bien vivre ensemble.

Ensemble, nous nous tenons debout pour défendre notre ser­vice public, ses emplois et les reven­di­ca­tions por­tées uni­tai­re­ment par les syn­di­cats d’employeurs et de sala­riés.

Texte de la péti­tion pro­po­sée par le Syn­di­cat natio­nal des entre­prises artis­tiques et cultu­relles

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