Soitec. Après des débrayages très suivis à Bernin, la CGT met fin au mouvement, qui « a porté ses fruits »
Par Manuel Pavard
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La menace d’un arrêt total de la production – comme en 2022 – n’aura finalement pas été mise à exécution par les salariés de Soitec Bernin. Après une série de débrayages quotidiens du samedi 28 septembre au mercredi 2 octobre, les syndicats (la CGT, à l’origine du mouvement, et la CFE-CGC, qui a « pris le train en route ») ont été reçus par la direction, qui « a répondu à une partie de nos demandes », indique Fabrice Lallement, délégué syndical et représentant CGT au comité stratégique de filière. « On a donc mis fin à la mobilisation », ajoute-t-il.
Selon lui, il n’y avait « pas de volonté de durcir le mouvement maintenant ». Il aurait fallu, pour cela, « tenir dix jours de grève dure », chose compliquée au vu du contexte, estime-t-il. Néanmoins, « la question d’initier des débrayages répondait à une colère importante », souligne Fabrice Lallement, évoquant une « opération coup de poing » lancée par la CGT Soitec, afin de dénoncer la dégradation des conditions de travail.
Durant la période couverte par le préavis de grève, une partie des 1 700 salariés du site de Bernin ont ainsi débrayé tous les jours, commençant une heure plus tard pour finir une heure plus tôt. Une mobilisation particulièrement « bien suivie le week-end » – par plus de 75 % des salariés en CDI, selon la CGT. Les samedi 28 et dimanche 29 septembre, « on a tout arrêté, puis on a enchaîné pendant la semaine à un niveau un peu inférieur », raconte le délégué syndical.
« Préparer le terrain à une mobilisation plus dure »
Quid des avancées ? « On a obtenu la titularisation de 30 CDD dans les deux-trois semaines qui viennent », ainsi que l’engagement de « titulariser immédiatement certaines personnes », à savoir les « cas atypiques », explique Fabrice Lallement. Autre gain, « le recrutement sur 60 postes : 25 opérateurs, 14 techniciens, et le reste pour les ingénieurs managers », détaille-t-il.
Le syndicaliste cite également « les objectifs qui vont intégrer les effectifs réels en salle blanche, de manière hebdomadaire » ou encore « la formation d’opérateurs avec dix ans d’expérience ». Une nécessité, d’après lui, Soitec souffrant aujourd’hui de « grosses lacunes en matière de formation ». Enfin, sur le plan financier, les salariés se voient attribuer « un peu plus de 200 euros sur la prime de production… Ce qui compensera largement la perte du débrayage », apprécie-t-il.
Certes, la CGT n’a pas été entendue sur tous les points mais Fabrice Lallement ne fait pas la fine bouche. « C’est un mouvement qui a porté ses fruits », assure-t-il. « On a pu mieux évaluer nos forces et faiblesses. Et on a eu de grands moments d’échange, avec des assemblées générales à plus de 100 personnes, voire 200 à 300 le week-end », se félicite le délégué syndical, qui voit déjà plus loin : « Ça nous a permis de préparer le terrain à une mobilisation plus dure. On a insufflé un vent de révolte dans la tête des gens ! »