Soitec. Après des débrayages très suivis à Bernin, la CGT met fin au mouvement, qui « a porté ses fruits »

Par Manuel Pavard

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Des salariés de Soitec rassemblés pour un débrayage, au cours du week-end des 28 et 29 septembre 2024.
La CGT Soitec a organisé des débrayages quotidiens très suivis, du 28 septembre au 2 octobre 2024, sur le site de Bernin. Plusieurs de ses revendications ayant été satisfaites (titularisation de CDD, recrutements, prime de production...), le syndicat a mis fin à la mobilisation, du moins provisoirement. Car il n'exclut pas de durcir le mouvement dans quelques mois.

La menace d’un arrêt total de la pro­duc­tion — comme en 2022 — n’aura fina­le­ment pas été mise à exé­cu­tion par les sala­riés de Soi­tec Ber­nin. Après une série de débrayages quo­ti­diens du same­di 28 sep­tembre au mer­cre­di 2 octobre, les syn­di­cats (la CGT, à l’origine du mou­ve­ment, et la CFE-CGC, qui a « pris le train en route ») ont été reçus par la direc­tion, qui « a répon­du à une par­tie de nos demandes », indique Fabrice Lal­le­ment, délé­gué syn­di­cal et repré­sen­tant CGT au comi­té stra­té­gique de filière. « On a donc mis fin à la mobi­li­sa­tion », ajoute-t-il.

Selon lui, il n’y avait « pas de volon­té de dur­cir le mou­ve­ment main­te­nant ». Il aurait fal­lu, pour cela, « tenir dix jours de grève dure », chose com­pli­quée au vu du contexte, estime-t-il. Néan­moins, « la ques­tion d’initier des débrayages répon­dait à une colère impor­tante », sou­ligne Fabrice Lal­le­ment, évo­quant une « opé­ra­tion coup de poing » lan­cée par la CGT Soi­tec, afin de dénon­cer la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail.

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Fabrice Lal­le­ment et Kamel Mou­had, délé­gués syn­di­caux CGT chez Soi­tec.

Durant la période cou­verte par le pré­avis de grève, une par­tie des 1 700 sala­riés du site de Ber­nin ont ain­si débrayé tous les jours, com­men­çant une heure plus tard pour finir une heure plus tôt. Une mobi­li­sa­tion par­ti­cu­liè­re­ment « bien sui­vie le week-end » — par plus de 75 % des sala­riés en CDI, selon la CGT. Les same­di 28 et dimanche 29 sep­tembre, « on a tout arrê­té, puis on a enchaî­né pen­dant la semaine à un niveau un peu infé­rieur », raconte le délé­gué syn­di­cal.

« Préparer le terrain à une mobilisation plus dure »

Quid des avan­cées ? « On a obte­nu la titu­la­ri­sa­tion de 30 CDD dans les deux-trois semaines qui viennent », ain­si que l’engagement de « titu­la­ri­ser immé­dia­te­ment cer­taines per­sonnes », à savoir les « cas aty­piques », explique Fabrice Lal­le­ment. Autre gain, « le recru­te­ment sur 60 postes : 25 opé­ra­teurs, 14 tech­ni­ciens, et le reste pour les ingé­nieurs mana­gers », détaille-t-il.

Le syn­di­ca­liste cite éga­le­ment « les objec­tifs qui vont inté­grer les effec­tifs réels en salle blanche, de manière heb­do­ma­daire » ou encore « la for­ma­tion d’opérateurs avec dix ans d’expérience ». Une néces­si­té, d’après lui, Soi­tec souf­frant aujourd’hui de « grosses lacunes en matière de for­ma­tion ». Enfin, sur le plan finan­cier, les sala­riés se voient attri­buer « un peu plus de 200 euros sur la prime de pro­duc­tion… Ce qui com­pen­se­ra lar­ge­ment la perte du débrayage », appré­cie-t-il.

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L’en­trée de l’u­sine Soi­tec de Ber­nin.

Certes, la CGT n’a pas été enten­due sur tous les points mais Fabrice Lal­le­ment ne fait pas la fine bouche. « C’est un mou­ve­ment qui a por­té ses fruits », assure-t-il. « On a pu mieux éva­luer nos forces et fai­blesses. Et on a eu de grands moments d’échange, avec des assem­blées géné­rales à plus de 100 per­sonnes, voire 200 à 300 le week-end », se féli­cite le délé­gué syn­di­cal, qui voit déjà plus loin : « Ça nous a per­mis de pré­pa­rer le ter­rain à une mobi­li­sa­tion plus dure. On a insuf­flé un vent de révolte dans la tête des gens ! »

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Plus de 75 % des sala­riés ont sui­vi le mou­ve­ment lors du week-end.

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