Jean-Paul Foulcroy et Marie-Luce Jaouhari, responsables locaux de l’Association France Palestine solidarité.

L’Association France Palestine solidarité est au cœur de la mobilisation pour un cessez-le-feu à Gaza. Elle milite pour le respect du droit international, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et dénonce l’attitude de ce qui furent les gouvernements Macron. Non sans souhaiter que l’on sorte du « deux poids deux mesures », localement aussi.

« Comme tout le monde, nous ne nous y attendions pas. » Marie-Luce Jaouhari co-présidente de l’Association France Palestine solidarité Isère Grenoble, se souvient du 7 octobre, de l’attaque et des prises d’otages par le Hamas en Israël. « Des crimes, incontestablement, et tout de suite nous avons été sommés de nous expliquer, comme si notre position de défenseurs du droit international impliquait que nous ayons à nous justifier », ajoute Jean-Paul Foulcroy, secrétaire de l’association.

Dans les heures qui ont suivi, un déluge de feu s’est abattu sur les Gazaouis. Début juillet, cela durait depuis neuf mois. Morts, blessés, attaques contre l’organisation de secours, des journalistes ciblés, la famine organisée… la liste est longue – « elle n’a jamais été aussi bien documentée, nous avons le son et l’image » – des crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza par l’armée israélienne.

Tout de suite, la question s’est posée ; comment organiser la solidarité, que faire pour que ça s’arrête ? « Avec un but unique, obtenir un cessez-le-feu, tout doit converger vers cet objectif », insiste Marie-Luce Jaouhari. Ce qui n’empêche évidemment pas les militants de l’AFPS de répondre aux sollicitations pour exposer l’histoire du conflit et celle de toutes les résolutions prises par les Nations unies sans jamais avoir été mises en œuvre par l’État d’Israël, avec le soutien des États-Unis. Car les horreurs actuelles sont la suite de décennies d’atteintes aux droits de l’homme, d’une politique du gouvernement d’extrême droite israélien que de nombreuses ONG qualifient d’apartheid, terme que la Cour de justice internationale a elle-même utilisé.

L’AFPS ne prétend en aucune façon établir un plan pour une solution de sortie durable du conflit. « Décider de leur avenir, ça appartient aux Palestiniens », souligne Marie-Luce Jaouhari qui défend le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Solution à deux Etats qui fait plutôt consensus au niveau international, Etat démocratique où serait assurée l’égalité des droits entre citoyens par delà leurs origines… « de toute façon, je ne vois pas comment la paix pourrait revenir sans une implication de la communauté internationale sur la base du respect du droit, du droit au retour des Palestiniens spoliés avec ce qui peut être négocié en terme de compensations, et de la libération des prisonniers politiques », commente Jean-Paul Foulcroy.

La Cour internationale de justice a employé le terme d’apartheid

D’où l’importance des actions entreprises en France et partout dans le monde. « Chaque jour, il se passe quelque chose dans le pays – l’AFPS n’a pas le monopole de la Palestine – , malgré le silence des médias, si ce n’est pour rendre compte d’incidents marginaux. » L’Isère est d’ailleurs largement au rendez-vous de la solidarité avec de nombreuses manifestations notamment, « même si neuf mois c’est long et qu’il n’est pas possible de tout faire au même niveau. » Dans ce contexte, l’AFPS se conçoit comme l’organisatrice d’actions de solidarité – comme le meeting qui a eu lieu le 31 janvier à Échirolles avec Salah Hamouri – mais aussi comme un catalyseur d’énergies et d’envies pour favoriser la démultiplication de la solidarité.

Comment mieux faire encore, comment mieux être au niveau de l’agression perpétrée par le gouvernement d’extrême droite israélien ? « Il manque bien sûr l’engagement de la France et de son gouvernement pour faire cesser les livraisons d’armes, obtenir l’arrêt des massacres, faire pression sur le gouvernement israélien, mobiliser la communauté international ; évidemment la question du deux poids deux mesures est posée. » Car il n’y aura pas d’issue sans l’engagement de la communauté internationale.

Et, pour l’AFPS, la convocation de la nécessaire lutte contre l’antisémitisme ne justifie en rien cette absence d’engagement. « Il y a eu instrumentalisation de l’antisémitisme dans le débat de politique intérieur, mais cela ne correspond pas à la réalité de ce que nous rencontrons avec les citoyens ; ce que nous critiquons, c’est l’État d’Israël, c’est clair pour tout le monde et nous y sommes très attentifs .»

Ce « deux poids deux mesures », les militants de l’AFPS le retrouvent dans les institutions locales. « Nous avons vu des drapeaux ukrainiens sur les frontons de mairies, pas de drapeaux palestiniens », cite par exemple Jean-Paul Foulcroy qui estime disons « limité » le contenu du vœu présenté au conseil municipal de Grenoble le 24 mai dernier.

Reste plus que jamais l’impératif de la solidarité à laquelle s’emploie l’AFPS pour que cesse l’horreur que vivent les Gazaouis, que cessent les meurtres, agressions et les humiliations en Cisjordanie occupée.

Villeneuve solidaire

« Ce que nous voulions aussi, c’est mettre en valeur le quartier, montrer une image différente de celle que l’on nous renvoie de quartier violent, où il ne ferait pas bon vivre. » Car ce sont une trentaine de jeunes bénévoles, tous issus de la Villeneuve qui se sont mobilisés à l’appel de Djanette et de ses amis. Mobilisés pour une cause humanitaire : « il a toujours été très clair pour nous comme pour tous les bénévoles qui nous ont rejoints que nous mettions en place une action de solidarité pour les Palestiniens en faisant bien la différence entre culture juive et mouvements sionistes ».
Avec une conviction : « je suis sûre que cette expérience, ces discussions auront apporté quelque chose à ces jeunes du quartier qui se sont investis dans ce projet », nous dit Djanette.

Courir pour la Palestine

Cela s’est passé le 29 juin dernier, au parc Bachelard, à Grenoble. Une série de courses à pied (de promenades pour certains participants), sous l’appellation « Run 4 Palestine » (courir pour la Palestine), avec le concours de l’association Souly qui a permis le portage administratif du projet.

Moyennant une participation de 3 euros, les coureurs se sont élancés pour une boucle de 3,8 km, tandis qu’un tour de piste (400 ou 800 mètres) était ensuite proposé aux moins experts..

Différents stands proposaient sur place des produits palestiniens, des ateliers artistiques, des sessions d’écriture de messages pour les enfants de Gaza, une initiation sur patins à roulettes, des jeux pour les enfants, du maquillage…

Les bénéfices ont été reversés à l’association Unissons, dont la raison d’être est la lutte contre toutes les formes de discrimination et de racisme ; une association partenaire d’ONG développant des projets solidaires en Palestine.

Charlotte et Djanette, deux des initiatrices de « Run 4 Palestine ».

La solidarité avec ceux qui n’y sont pour rien

Des parents, des habitants de la Villeneuve, des rencontres… Et une action de solidarité pour Gaza, pour le peuple palestinien.

« Je n’arrive pas à me dire qu’on tue des enfants. » Peut-être touchée plus encore que d’autres : Djanette est auxiliaire puéricultrice dans une crèche de la Villeneuve. Charlotte, l’envie de « passer à l’acte », c’est lors de la conférence du 31 janvier donnée par Salah Hamouri à Echirolles, organisée par l’AFPS. Elle y a rencontré des militants de l’AFPS et de l’Union juive française pour la paix. Charlotte en parle autour d’elle, notamment devant la crèche à laquelle elle confie sa fille. Un groupe se forme : Sarah, Brahim, Asma, Ana… Et une idée : une course à pied solidaire. Projet concrétisé le 29 juin, assorti d’une collecte reversée à des projets solidaires en Palestine.

Une question humanitaire devenue clivante

« Nous ne nous sommes pas retrouvés par hasard, ce sont de belles rencontres, pour des valeurs humaines », souligne Djanette. Tout en notant que ce n’est pas toujours compris de la même manière. « La question palestinienne est devenue clivante, quand tu parles de la Palestine, du coup, tu es antisémite », commente Charlotte. « Je défends une cause, les enfants, et il y en a qui voudraient faire passer ça pour de l’antisémitisme ; je ne comprends pas », regrette Djanette.

Ce qui motive cet engagement, « c’est d’agir contre l’injustice, la solidarité avec ceux qui n’y sont pour rien et qui souffrent ».

Des valeurs qui vont bien au delà du seul conflit au Proche-Orient. Et qui sont à l’origine de la multiplication des « micro-initiatives », prises par des groupes d’amis, des citoyens de convictions diverses, pour un cessez-le feu à Gaza.

Des militants CGT de ST Microelectronics.

ST Micro et Israël, faire la transparence

Les syndicats CGT de ST Microelectonics se sont adressés le 3 juin au président de la société, Jean-Marc Chéry. Pour formuler une exigence : garantir que leur entreprise ne participe pas aux massacres à Gaza.

En quoi cette entreprise située à Crolles est-elle susceptible de participer à la guerre en Palestine ?

Les salariés de ST Microelectronics fabriquent des puces sans savoir ce que seront leur destinées. En tant que multinationale du secteur de la conception et fabrication de semi-conducteurs de très haute technologie, nous fournissons des composants qui sont massivement utilisés dans des dispositifs militaires (armement, surveillance, télécommunication).

Nous avons eu une première alerte avec la guerre en Ukraine. L’Observatoire des armements a publié un article sur son site concernant la présence de puces dans l’armement russe et fabriquées par notre entreprise. Aujourd’hui ST Microelectronics a été contrainte, sous la pression de l’opinion publique, de s’engager à ne plus fournir de composants à la Russie.

Des puces retrouvées dans de l’armement russe

Que dénoncez-vous aujourd’hui ?

La possible collaboration de ST Micro avec l’État israélien, les entreprises israéliennes du secteur de la défense ou participant à la violation du droit international en Israël et en Palestine. Elle est incompatible avec les valeurs de la CGT.

De plus, ces collaborations contreviendraient aux critères de Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) et ternissent son image publique.

Nous demandons la suspension immédiate de toute collaboration avec les entreprises du secteur de la défense israélienne, y compris hors armement, tant que les droits du peuple palestinien ne seront pas complètement respectés.

Martine Briot

ST Micro en Israël

« Après avoir ouvert un centre de ventes en 2002 et un centre de recherche et développement en 2012, il nous est apparu logique d’ouvrir un centre d’innovation en 2018 », déclarait Stéphane Chouchan, directeur pays pour Israël de ST Microelectronics, en juin 2018 au Sénat. Il évoquait à l’époque un chiffre d’affaires de 120 millions de dollars domestiques en Israël, et précisait que cela en fait « l’un des plus grands acteurs du semi-conducteur en Israël ».

D’où la demande de la CGT au patron de l’entreprise : « Afin d’assurer la transparence des usages des puces produites par notre entreprise, nous vous demandons de rendre public, et notamment de communiquer au CSEC et aux CSE locaux, l’ensemble des partenariats en cours avec des entités israéliennes et de vous engager formellement à ne plus travailler avec des intermédiaires commerciaux qui permettent à des États criminels de se procurer des composants ST Microelectronics et de contourner les embargos ».

Syndicats palestiniens

Trente syndicats et associations professionnelles palestiniennes ont lancé un appel aux organisations syndicales dans le monde pour leur demander de refuser de fabriquer des armes destinées à Israël, refuser de les transporter vers Israël, faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël et, dans le cas des États-Unis, qu’ils cessent de le financer. L’initiative de la CGT ST Micro s’inscrit dans le cadre de la réponse à cet appel.

RSE

Les critères de responsabilité sociétale de l’entreprise ont été mis en place à la suite de l’accident mortel au Bengladesh en 2013. Ce dispositif concerne les entreprises européennes. Ils sont définis par la Commission européenne comme établissant la responsabilité des entreprises quant aux conséquences de leur activité sur la société, dans leur pays d’origine comme dans le reste du monde. Contribuer à une guerre, c’est lourd de conséquences, pour le moins.

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