Rassemblement de solidarité avec les salariés de Fontaine Insertion

Par Edouard Schoene

/

Image principale
Ibrahima Keita, secrétaire du comité social et écnomique de l’entreprise Fontaine insertion.

L’Union des syndicats CGT de la métallurgie Isère, en lien avec les unions locales CGT de Fontaine et du Grand Grenoble, organisait un rassemblement de solidarité jeudi 28 mars, devant l’entreprise « Fontaine Insertion » à la veille de la réunion du CSE convoqué pour le 2 avril.

Une centaine de personnes avait répondu à l’appel, pour rejoindre les salariés de l’entreprise, très en colère. Le thème du rassemblement : « les ESAT doivent être des lieux sécurisants, bienveillants et non des lieux d’exploitation des personnes en situation de handicap avec des bas salaires. Sous-traitance ne doit plus rimer avec mal-traitance. » Les salariés du lieu nous ont décrit leur vécu avec colère.

P. : « Nous sommes des salariés en situation de handicap. On se retrouve actuellement sans boulot. Le 2 avril nous avons un CSE pour parler de chômage partiel. » « Moi, ce qui m’inquiète, c’est que les raisons d’être de Fontaine Insertion ne sont plus respectées : donner du travail à des personnes handicapées, les réinsérer dans la société. » « Nous sommes hyper surveillés, voire harcelés. Moi j’ai de grosses angoisses et les méthodes de management me font souffrir. La médecine du travail ne nous soutient pas.  L. faisait un travail exceptionnel ; elle est partie en burnout, car maltraitée. »

salariés

Les salariés de Fontaine insertion lors du rassemblement du 28 mars.

Ibrahima Keita, secrétaire du CSE : « nous avons trente-quatre procès en cours. La direction a perdu déjà sept procès. Sur cent salariés, soixante ont un suivi psychologique. En 2023, nous avons eu 29 accidents du travail. En 2024, en trois mois, nous comptons déjà 14 accidents du travail. J’ai été victime de deux accidents du travail et suis pensionné pour ces accidents. Le dialogue social n’existe pas. L’Etat, pour montrer sa défiance, vient de signer un accord limité à deux ans au lieu de cinq. Jamais nous ne parvenons à faire reconnaître nos qualifications de techniciens, dans la nouvelle convention collective de la métallurgie. »

Z : « je suis allé à la médecine du travail, qui ne veut rien entendre de mes souffrances. » Ibrahima Keita : « notre entreprise travaille en sous-traitant pour Schneider, par exemple, sur des postes dangereux, pour des travaux que les salariés de Schneider refusent. Les qualifications et salaires des salariés qui faisaient notre travail sont supérieurs aux nôtres ! »

Rassemblement-fontaine-insertion/

Une centaine de syndicalistes est venue soutenir les salariés de Fontaine insertion

W : « nous travaillons pour reconditionner des équipements KIS (imprimantes). Le chef de service de KIS reconnaît que nous sommes très qualifiés pour ce travail et moins bien payés que les salariés KIS. Nous avons des cadences excessives pour satisfaire le client sans tenir compte des salariés handicapés que nous sommes. C’est triste. »

Ibrahima Keita, secrétaire CSE, prend ensuite la parole, juché sur un camion. Il est très applaudi.

Ibrahima

L’intervention d’Ibrahima Keita.

La discussion se poursuit parmi les personnes présentes qui rappellent que les salariés de la société sœur de Fontaine Insertion passaient dans Cash Investigation, l’émission d’Elise Lucet, le 25 janvier dernier. Le reportage dénonce les pratiques de ces entreprises qui sous couvert d’insertion sociale, exploitent les salariés et mènent une répression syndicale envers les militants.

Charles Thibieroz, défenseur syndical CGT, qui apporte son soutien aux salariés de Fontaine insertion précise, pour le Travailleur alpin, le contexte économique.

Le groupe employeur est composé d’une fondation et de deux sociétés : un ESAT et l’entreprise Fontaine insertion. L’agence régionale de santé finance l’ESAT dont les employés ne sont ni salariés, ni protégés par des instance sociales (80% du budget vient d’aides).

Fontaine insertion, en revanche, est une entreprise (convention métallurgie), qui du fait qu’elle emploie des handicapés (environ 70% des salariés) est très largement financée par l’Etat (40% d’aide aux postes, 60% de ressources propres).

Les groupes industriels qui fournissent des commandes en soustraitance à ces entreprises y trouvent un gros intérêt économique. Depuis 10 ans, l’essentiel des aides de Fontaine insertion contribuent à réduire les prix pour les entreprises clientes et ne permettent ni l’aménagement des postes, ni la formation du personnel ; ni l’augmentation des salaires indécents.

Mainf-fontaine

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *