Saint-Martin-d’Hères. La disparition d’Henri Rive
Par Max Blanchard
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Henri Rive, figure connue et reconnue à Saint-Martin-d’Hères, nous a quittés dans la nuit du 5 au 6 janvier.
Henri Rive, ancien premier adjoint de la ville de Saint-Martin-d’Hères, s’est éteint dans la nuit du 5 au 6 janvier, à l’âge de 94 ans. Syndicaliste, militant communiste, il a été l’un de ceux qui ont préparé les jeux d’hiver de Grenoble. Il fut très impliqué dans le mouvement de Mai 68 et l’un des dirigeants de la coopérative ouvrière Manufrance.
Il était né le 13 avril 1927 à Vienne où ses parents tenaient une épicerie avant de venir s’établir à Oullins, puis à Caluire-et-Cuire, et enfin à Lyon. Il fit sa scolarité primaire à Caluire-et-Cuire, et obtint son certificat d’études en 1939.
Après un cursus au lycée Ampère de Lyon, il s’inscrivit en faculté de droit et au centre d’études et de préparation aux concours administratifs. Il obtint en la licence de droit et le diplôme de l’IEP. Après avoir réussi les épreuves du concours de rédacteur de la ville de Lyon en 1950, il fut affecté au secrétariat général en janvier 1951, sous la municipalité d’Édouard Herriot.
En 1952 il épouse Madeleine Margot, employée à la comptabilité de la ville de Lyon. Ils auront trois enfants.
Un syndicaliste
Henri Rive, intéressé par les questions syndicales depuis l’IEP, adhéra à la CGT-Force Ouvrière pendant six mois au début de 1952. Il fut élu à la commission paritaire 1ère catégorie en 1952 et réélu en 1954. Il adhéra à la CGT en 1955 et fut candidat du syndicat national des cadres des services publics et de santé aux élections paritaires de 1956.
N’ayant pas de perspective de carrière à Lyon, Henri Rive, candidat à Saint-Étienne pour un poste de direction à l’action sociale municipale, fut recruté en 1959 par le député-maire Alexandre de Fraissinette (RPF puis CNI). Alors que le syndicat majoritaire était FO, il fut élu à la commission paritaire de 1ère catégorie.
Elu à la commission exécutive et au bureau du Syndicat national CGT-UGIC des cadres des services publics et de santé lors du congrès de Vierzon en 1961, il fut également élu à la commission exécutive de la fédération CGT des services publics et de santé la même année. Il devint vice-président du syndicat national en 1967.
N’ayant pas été choisi pour être secrétaire général par le nouveau maire de Saint-Etienne Michel Durafour, Henri Rive, postula pour la mairie de Grenoble en 1965 où le nouveau maire Hubert Dubedout (Groupement d’Action Municipale, allié à la SFIO et au PSU) se heurtait au secrétaire général en place. Arrivé à Grenoble en septembre 1965 en tant que directeur de service, il fut chargé de la préparation des Jeux Olympiques et du développement de la ville. Il devint secrétaire général adjoint en janvier 1968 et secrétaire général, après le départ en retraite du titulaire du poste, en 1976.
En 1967, il adhéra au Parti communiste français. Sa nomination au poste de secrétaire général fut l’objet d’une campagne de dénigrement orchestrée par la droite, à laquelle H. Dubedout et la municipalité répondirent fermement.
En 1977, des élus du PCF entrèrent au conseil municipal. Un recrutement important de cadres amena deux secrétaires généraux adjoints (chargés des finances et du personnel) contrebalançant l’influence du secrétaire général.
Henri Rive, toujours vice-président du syndicat national des cadres communaux CGT, contrairement à beaucoup de ses camarades, refusa d’adhérer à l’influent syndicat des secrétaires généraux et secrétaires généraux adjoints dans le cadre d’une « bi-appartenance ». Dirigeant du syndicat départemental des cadres CGT de l’Isère, il fut élu membre de la commission exécutive de l’Union syndicale nationale des ingénieurs, cadres et techniciens communaux CGT.
En 1971, Henri Rive fut élu conseiller municipal communiste de Saint-Martin-d’Hères. Dans la municipalité dirigée alors par Joseph Blanchon, maire PCF, il occupa différents postes d’adjoint, puis fut 1er adjoint de 1995 à 1999, réélu jusqu’en 2001. Il présida, après l’avoir créé, le syndicat intercommunal d’informatique et fut également président de la commission des finances de la communauté d’agglomération de Grenoble.
Un élu communal
Il démontra sa capacité à gérer, sans confusion des rôles de secrétaire général d’une grande ville, de militant syndical et d’élu d’une ville moyenne. En mai 1968, il fut un des responsables du comité de grève de la mairie de Grenoble occupée. Pendant une période, il fut membre de la commission exécutive de l’union départementale CGT. Il resta membre de la commission nationale paritaire jusqu’à la création du conseil supérieur de la fonction publique territoriale en 1984. Il siégea plusieurs années, en tant qu’élu communiste, dans le collège des maires-employeurs du conseil d’administration du Centre national de la fonction publique territoriale.
Henri Rive mit fin à ses fonctions de secrétaire général de Grenoble en avril 1983, après l’élection à la mairie d’Alain Carignon (RPR). Il fut alors détaché à plein temps auprès de la fédération CGT des services publics, sur les droits syndicaux nationaux. Il devint président non rémunéré de la société coopérative ouvrière de production et de distribution (SCOPD) Manufrance. Il amorça une modernisation de l’outil de travail, avec la construction d’une nouvelle usine. Mais la situation financière étant très dégradée, l’aide gouvernementale intervenant trop tard et de façon inefficace, la SCOPD fut mise en liquidation en 1985. Il fut condamné à 18 mois de prison ferme, puis relaxé, ainsi que d’autres dirigeants de la SCOPD et des syndicalistes CGT, lors du procès en appel à Lyon le 30 mars 1993. Les accusés furent accompagnés au Palais de Justice par 60 à 70 000 manifestants venus de toute la France après une forte mobilisation de la CGT à laquelle Henri Rive avait pris une part active.
De 1985 à sa prise de retraite de fonctionnaire territorial en octobre 1987, Henri Rive fut le secrétaire régional Rhône-Alpes de la fédération CGT des services publics.
Jusqu’au bout, il fut un militant communiste inlassable, ainsi qu’un citoyen fortement impliqué dans la vie de sa commune.
Il ne faudrait pas oublier non plus qu’il fut membre du Mouvement de la Paix depuis toujours, dont il partagea toutes les luttes depuis la Guerre d’Algérie. Sa clairvoyance et sa combativité nous manqueront.
Le Comité de l’Isère du Mouvement de la Paix