Teisseire Crolles. Mobilisation sur tous les fronts, de l’usine au Stade des Alpes

Par Travailleur Alpin

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Banderole déployée par les Red Kaos au Stade des Alpes, pendant le match du GF38 contre Guingamp, mardi 28 octobre, en soutien aux salariés de Teisseire.
La grève se poursuit à Teisseire après l'annonce, le 16 octobre, de la fermeture de l'usine de Crolles. Sur le piquet de grève, les salariés tentent ainsi depuis lundi 27 octobre de peser sur les négociations entamées entre les représentants syndicaux et la direction concernant les conditions du PSE prévu au printemps 2026. Des salariés qui étaient par ailleurs invités par le GF38, ce mardi 28 octobre, au Stade des Alpes où le groupe de supporters des Red Kaos a déployé une banderole de soutien à leur lutte.

Cela fait désor­mais trois semaines qu’ils sont en grève. Avec une déter­mi­na­tion intacte et une colère de plus en plus forte. Leur mou­ve­ment a en effet pris un nou­veau tour­nant depuis le coup de poi­gnard reçu le 16 octobre : l’an­nonce par la direc­tion de Teis­seire de la fer­me­ture de l’u­sine de Crolles, en avril 2026. Un choix du groupe danois Carls­berg — pro­prié­taire de la marque isé­roise de sirops depuis 2024 — qui lais­se­ra 205 d’entre eux sur le car­reau, s’in­dignent les sala­riés.

Fathi Ghi­lou­fi, délé­gué syn­di­cal, et Florent Duc, secré­taire du CSE, repré­sentent la CGT lors des négo­cia­tions sur le PSE avec la direc­tion de Teis­seire.

Ces der­niers dénoncent une déci­sion « injus­ti­fiée » et « incom­pré­hen­sible », triste consé­quence d’une suc­ces­sion d’er­reurs stra­té­giques ayant conduit à sacri­fier le site crol­lois, en délo­ca­li­sant la pro­duc­tion de sirops au Havre. Tou­te­fois, pas ques­tion pour les sala­riés de Teis­seire de jeter l’é­ponge et d’ac­cep­ter de payer les pots cas­sés sans une indem­ni­sa­tion cor­recte.

Les gré­vistes ont donc déci­dé de dur­cir le mou­ve­ment depuis lun­di 27 octobre, jour où s’ou­vraient les négo­cia­tions sur le plan de sau­ve­garde de l’emploi (PSE) entre direc­tion et syn­di­cats. Ils étaient ain­si plus d’une soixan­taine, ce jour-là, à se ras­sem­bler sur le piquet de grève, avec un double objec­tif : sou­te­nir les repré­sen­tants du per­son­nel et faire pres­sion sur les diri­geants pour ten­ter d’ob­te­nir des condi­tions de départ décentes — ce qui est loin d’être le cas à ce stade.

« On lutte pour négo­cier des indem­ni­tés à la hau­teur de l’in­ves­tis­se­ment des sala­riés et du pré­ju­dice moral que ça engendre. »

Fathi Ghi­lou­fi, délé­gué syn­di­cal CGT à Teis­seire

Membre de la délé­ga­tion syn­di­cale, Fathi Ghi­lou­fi ne déco­lère pas. Employé chez Teis­seire depuis 2006 et délé­gué syn­di­cal CGT depuis 2017, celui-ci a appris la fer­me­ture pro­chaine pen­dant qu’il était en congés à l’étranger. « C’est une ter­rible nou­velle, d’une bru­ta­li­té, d’une froi­deur qui glace le sang, s’in­surge-t-il. Je me sen­tais dému­ni parce que je n’ai pas pu par­ti­ci­per au mou­ve­ment jusqu’à mon retour. »

Délé­gué syn­di­cal CGT, Fathi Ghi­lou­fi dénonce la bru­ta­li­té de l’an­nonce faite par la direc­tion.

Conscient qu’il n’y aura main­te­nant pas de retour en arrière, le res­pon­sable CGT évoque un choc pour toute la val­lée du Gré­si­vau­dan. « Aujourd’hui, on a com­pris que l’arrêt de l’activité sur le site de Crolles est une déci­sion irré­ver­sible pour la direc­tion », déplore-t-il.

Seule conso­la­tion, la com­ba­ti­vi­té exem­plaire de ses cama­rades. « Bien heu­reu­se­ment, il y a une forte mobi­li­sa­tion des sala­riés qui nous aident dans notre bras de fer avec la direc­tion », salue Fathi Ghi­lou­fi. Lequel est désor­mais plei­ne­ment enga­gé dans la bataille pour « négo­cier des indem­ni­tés à la hau­teur de l’investissement des sala­riés et du pré­ju­dice moral que ça engendre ».

Le GF38 et les Red Kaos aux côtés des salariés de Teisseire

Illus­tra­tion de la mon­tée en puis­sance du mou­ve­ment, les tra­vailleurs en lutte ont com­men­cé à inves­tir de nou­veaux fronts. À com­men­cer par le Stade des Alpes où cin­quante sala­riés de Teis­seire ont pris place ce mar­di 28 octobre au soir, invi­tés par le GF38 pour la récep­tion de Guin­gamp.

Ban­de­role déployée par les sala­riés de Teis­seire au Stade des Alpes, lors du match du GF38 contre Guin­gamp, mar­di 28 octobre.

Après avoir dis­tri­bué des tracts aux abords du stade pour pré­sen­ter leur com­bat et leur cagnotte de grève (voir enca­dré), ceux-ci ont déployé en tri­bune Nord une ban­de­role fus­ti­geant la « mise en bière par Carls­berg ». Une ini­tia­tive à laquelle se sont joints sans sur­prise les ultras du Red Kaos 1994. Fidèles à leur tra­di­tion de soli­da­ri­té, les sup­por­ters gre­no­blois ont ain­si dérou­lé deux ban­de­roles en tri­bune Ouest, à la 25e minute du match : « Non à la fer­me­ture de l’u­sine Teis­seire » et « Sou­tien aux 205 employés mena­cés ».

Une cagnotte solidaire pour soutenir les salariés

Les sala­riés en lutte de Teis­seire ont ouvert une cagnotte soli­daire en ligne sur Leet­chi. Celle-ci fait office de caisse de grève, les dons ser­vant à sou­te­nir la logis­tique du mou­ve­ment : repas, bois­sons chaudes, maté­riel… « Chaque euro compte, chaque par­tage compte, sou­lignent les gré­vistes. Ensemble, nous tien­drons bon — mal­gré la pluie, le froid et l’in­jus­tice. »

Plus de 4 000 euros avaient déjà été récol­tés ce mer­cre­di 29 octobre, en fin d’a­près-midi.

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