Teisseire Crolles. Mobilisation sur tous les fronts, de l’usine au Stade des Alpes
Par Travailleur Alpin
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Cela fait désormais trois semaines qu’ils sont en grève. Avec une détermination intacte et une colère de plus en plus forte. Leur mouvement a en effet pris un nouveau tournant depuis le coup de poignard reçu le 16 octobre : l’annonce par la direction de Teisseire de la fermeture de l’usine de Crolles, en avril 2026. Un choix du groupe danois Carlsberg — propriétaire de la marque iséroise de sirops depuis 2024 — qui laissera 205 d’entre eux sur le carreau, s’indignent les salariés.

Ces derniers dénoncent une décision « injustifiée » et « incompréhensible », triste conséquence d’une succession d’erreurs stratégiques ayant conduit à sacrifier le site crollois, en délocalisant la production de sirops au Havre. Toutefois, pas question pour les salariés de Teisseire de jeter l’éponge et d’accepter de payer les pots cassés sans une indemnisation correcte.
Les grévistes ont donc décidé de durcir le mouvement depuis lundi 27 octobre, jour où s’ouvraient les négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) entre direction et syndicats. Ils étaient ainsi plus d’une soixantaine, ce jour-là, à se rassembler sur le piquet de grève, avec un double objectif : soutenir les représentants du personnel et faire pression sur les dirigeants pour tenter d’obtenir des conditions de départ décentes — ce qui est loin d’être le cas à ce stade.
« On lutte pour négocier des indemnités à la hauteur de l’investissement des salariés et du préjudice moral que ça engendre. »
Fathi Ghiloufi, délégué syndical CGT à Teisseire
Membre de la délégation syndicale, Fathi Ghiloufi ne décolère pas. Employé chez Teisseire depuis 2006 et délégué syndical CGT depuis 2017, celui-ci a appris la fermeture prochaine pendant qu’il était en congés à l’étranger. « C’est une terrible nouvelle, d’une brutalité, d’une froideur qui glace le sang, s’insurge-t-il. Je me sentais démuni parce que je n’ai pas pu participer au mouvement jusqu’à mon retour. »

Conscient qu’il n’y aura maintenant pas de retour en arrière, le responsable CGT évoque un choc pour toute la vallée du Grésivaudan. « Aujourd’hui, on a compris que l’arrêt de l’activité sur le site de Crolles est une décision irréversible pour la direction », déplore-t-il.
Seule consolation, la combativité exemplaire de ses camarades. « Bien heureusement, il y a une forte mobilisation des salariés qui nous aident dans notre bras de fer avec la direction », salue Fathi Ghiloufi. Lequel est désormais pleinement engagé dans la bataille pour « négocier des indemnités à la hauteur de l’investissement des salariés et du préjudice moral que ça engendre ».
Le GF38 et les Red Kaos aux côtés des salariés de Teisseire
Illustration de la montée en puissance du mouvement, les travailleurs en lutte ont commencé à investir de nouveaux fronts. À commencer par le Stade des Alpes où cinquante salariés de Teisseire ont pris place ce mardi 28 octobre au soir, invités par le GF38 pour la réception de Guingamp.

Après avoir distribué des tracts aux abords du stade pour présenter leur combat et leur cagnotte de grève (voir encadré), ceux-ci ont déployé en tribune Nord une banderole fustigeant la « mise en bière par Carlsberg ». Une initiative à laquelle se sont joints sans surprise les ultras du Red Kaos 1994. Fidèles à leur tradition de solidarité, les supporters grenoblois ont ainsi déroulé deux banderoles en tribune Ouest, à la 25e minute du match : « Non à la fermeture de l’usine Teisseire » et « Soutien aux 205 employés menacés ».
Pierre-Jean Crespeau et Manuel Pavard
Une cagnotte solidaire pour soutenir les salariés
Les salariés en lutte de Teisseire ont ouvert une cagnotte solidaire en ligne sur Leetchi. Celle-ci fait office de caisse de grève, les dons servant à soutenir la logistique du mouvement : repas, boissons chaudes, matériel… « Chaque euro compte, chaque partage compte, soulignent les grévistes. Ensemble, nous tiendrons bon — malgré la pluie, le froid et l’injustice. »
Plus de 4 000 euros avaient déjà été récoltés ce mercredi 29 octobre, en fin d’après-midi.


