Échirolles. Amandine Demore, une maire adoubée par le collectif citoyen
Par Manuel Pavard
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Le large sourire illuminant le visage d’Amandine Demore au terme de la réunion publique, mardi 14 octobre au soir, en disait long. « Voir autant de monde, ça fait un bien fou, ça donne la pêche », savourait la maire d’Échirolles, dans une salle d’Estienne d’Orves bondée. Plus de deux cents personnes ont en effet fait le déplacement pour échanger avec leur édile, à l’invitation du Collectif citoyen pour Échirolles.

Intitulée « Paroles citoyennes », cette réunion ou assemblée citoyenne avait en réalité tout d’un lancement de campagne officieux. Chose dont ne se cachait pas le collectif, qui n’a jamais fait mystère de son soutien à la maire communiste, louée pour avoir « insufflé un nouvel élan à Échirolles » depuis son élection, en octobre 2023.
Police de proximité contre police d’intervention
Prenant longuement la parole devant un public aussi respectueux qu’attentif, Amandine Demore a souhaité « partager les marqueurs qui [lui] sont chers, tout ce qui a été porté à Échirolles durant des décennies ». C’est notamment le thème de la santé, dans une ville où « un tiers des habitants sont sans médecin traitant ». Ou celui de la sécurité « au sens large », a‑t-elle précisé, revenant sur le très médiatique épisode du Carrare, cet immeuble qu’elle a dû fermer pour « mettre à l’abri les habitants vivant sous la coupe des trafiquants ».

L’élue PCF a réitéré sa « demande d’un commissariat de plein exercice » à Échirolles et insisté sur le « besoin d’une police de proximité ». Soit tout le contraire d’une « police d’intervention qui ne sert à rien dans la lutte contre le narcotrafic ». Elle a également rappelé ses « convictions » de femme de gauche et militante communiste. D’où une approche de la sécurité qui tranche, selon elle, avec les visées « sécuritaires » et réactionnaires de la droite et de l’extrême droite.
« Après la guerre, Échirolles aurait pu devenir une ville dortoir, mais c’est devenu une ville à part entière. »
Amandine Demore, maire d’Échirolles et tête de liste PCF
Amandine Demore a également évoqué le sujet du pouvoir d’achat. Une vraie préoccupation pour nombre d’habitants, ce qui la « pousse à être inventive », a‑t-elle expliqué, citant l’exemple de la mutuelle communale. Autres questions lui tenant à coeur, celles de « la quotidienneté » ou encore de « la vitalité associative », qui a grandement contribué à la réussite de l’exceptionnelle exposition Banksy.

Échirolles, c’est aussi un réel dynamisme économique.« Le deuxième bassin d’emploi du département, a souligné sa maire. Après la guerre, Échirolles aurait pu devenir une ville dortoir, mais c’est devenu une ville à part entière. » Et d’illustrer son propos, en prenant à témoin l’assistance : « Il y a vingt-trente ans, il n’y avait pas un seul restaurant ouvert le soir à Échirolles… Regardez maintenant ! »
« Être maire, c’est préparer la ville de demain »
Fière de ses réalisations après deux années à la mairie, Amandine Demore n’en est pas moins tournée vers l’avenir. Si elle brigue un nouveau mandat — qui serait donc le premier complet -, c’est en effet pour prolonger son action et impulser de nouvelles politiques. Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, contrainte majeure et inéluctable : « le dérèglement climatique », sur un territoire où le thermomètre atteindra à moyen terme les « 35°C quarante jours par an ».

Pour Amandine Demore, « être maire, c’est préparer la ville de demain et se projeter ». Ce qui ne pourra se faire que collectivement, grâce à la « super équipe » qui l’entoure. Grâce aussi aux jeunes qui prendront les manettes progressivement. « L’avenir, c’est vous », a d’ailleurs lancé l’édile aux jeunes debout au fond de la salle — membres notamment du collectif jeunes de la Viscose — dont la présence a été saluée et chaudement applaudie par de nombreux participants.
« On a besoin du rassemblement à gauche »
Le temps d’échange avec le public a sans surprise vu les témoignages et messages de félicitations alterner avec les promesses de vote et de soutien pour le scrutin de mars 2026. En terrain conquis, Amandine Demore n’a pas boudé son plaisir, recevant des éloges quasi unanimes.

Son prédécesseur Renzo Sulli a toutefois tenu à rappeler le contexte arithmétique de la scène politique échirolloise. Par pragmatisme et pour inciter à la prudence, afin d’éviter tout excès de confiance. De fait, la liste d’Amandine Demore devra sûrement composer au premier tour avec la concurrence « d’une deuxième liste à gauche, voire trois » si le PS décide de faire cavalier seul.

« On a besoin du rassemblement à gauche », a ainsi affirmé l’ancien maire, pour lequel « le rôle des associations sera déterminant »… Comme celui du Collectif citoyen pour Échirolles, qui appelle les habitants et représentants de la société civile à s’engager à leurs côtés. Le vent est porteur, reste à dompter la vague.
