Grenoble. Alan Confesson (LFI) se rallie à la liste de Laurence Ruffin
Par Manuel Pavard
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« J’annonce aujourd’hui mon ralliement à la liste d’union de la gauche écologiste conduite par Laurence Ruffin. J’y figurerai en tant que candidat insoumis historique et unitaire, fidèle à son histoire, à son parcours. Ma loyauté va à Grenoble avant tout. » Cette annonce, Alan Confesson le sait, fera parler. Car l’homme est à la fois un historique de la majorité municipale, adjoint au maire depuis la première élection d’Éric Piolle en 2014, et de la France insoumise, militant du mouvement depuis sa création. Deux casquettes qu’il a cumulées tout au long de ces années.
Mais le choix du comité électoral national de LFI de présenter une liste autonome emmenée par Allan Brunon a constitué la goutte d’eau. Alors, après les vives critiques de la conseillère régionale Émilie Marche — suspendue le soir même -, après les doutes affichés par plusieurs militants insoumis grenoblois, Alan Confesson s’est résolu à son tour à s’exprimer publiquement, ce lundi 13 octobre. Sans langue de bois.
Une décision « extrêmement grave » et « irresponsable »
Impossible en effet pour lui de s’associer « à une démarche aussi nuisible et mortifère. Si LFI, à Grenoble, a décidé de renoncer à la loyauté à ses engagements, ce ne sera pas mon cas », assène-t-il. Pour l’élu municipal, poursuivre l’expérience grenobloise d’union de la gauche en 2026 semblait « naturel ». « Pourtant le mouvement politique auquel j’appartiens, LFI, vient de prendre la décision extrêmement grave de rompre cette alliance, de manière brutale et irresponsable, pour aucun motif sérieux », déplore-t-il.

Alan Confesson a des mots très durs pour la France insoumise comme pour sa tête de liste. Allan Brunon « qui n’est pas de Grenoble, qui ne connaît pas notre ville, dont personne ne peut penser sérieusement qu’il peut être maire et qui se désintéresse totalement des dossiers locaux », dénonce-t-il. Un candidat qui aura pour stratégie « d’insulter à peu près tous ses concurrents en permanence, d’instruire des procès en trahison aux uns et aux autres ». Le tout, sans « aucun lien avec les problématiques municipales ou métropolitaines ».
« LFI s’apprête à mener une campagne dans une logique purement identitaire et sectaire. (…) Tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au service de l’ambition présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. »
Alan Confesson
Allan Brunon, d’ailleurs, ne s’en cache pas, souligne Alan Confesson. Et « pour cause, il a d’autres ambitions en tête. LFI s’apprête à mener une campagne dans une logique purement identitaire et sectaire. Avec à la clé un seul but, totalement décorrélé de Grenoble : renforcer les groupes d’actions insoumis pour être prêts en vue de la prochaine élection présidentielle. » De fait, aujourd’hui, à la France insoumise, s’insurge l’adjoint, « tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au service de l’ambition présidentielle de Jean-Luc Mélenchon ».
Cette ligne, assumée de plus en plus ouvertement par LFI, a fini par provoquer des remous en interne. Ainsi, « les insoumis les plus unitaires ou plus simplement les plus constructifs ont fini par déserter des réunions atterrantes de médiocrité dans les arguments employés. De cinquante à la première assemblée municipale, les insoumis n’étaient plus qu’une vingtaine à celle qui a intronisé Allan Brunon tête de liste », constate Alan Confesson, dépité.

De même, aucun élu LFI de la majorité municipale n’était présent à la conférence de presse organisée le 19 septembre, à la Villeneuve, pour annoncer la candidature d’Allan Brunon. Tout simplement car Laura Pfister et Alan Confesson n’ont « pas été invités », affirme ce dernier. « M. Brunon a déclaré ensuite qu’un processus était en cours pour nous intégrer dans la liste, je n’en ai jamais vu la couleur, ajoute-t-il. Je ne pense pas qu’ils souhaitent avoir les élus sortants sur leur liste de toute façon. »
« Violence systémique »
Conséquence, « cette future liste insoumise sera constituée des éléments les sectaires et les plus vindicatifs de LFI », regrette le maire adjoint du secteur 2. Lequel fustige « un mouvement de masse réduit localement à une échelle groupusculaire tant la violence systémique qui guide l’action de ses actuels dirigeants a pu dégouter celles et ceux qui venaient en quête d’un engagement sincère pour des radicalités concrètes ».
Alan Confesson craint-il maintenant le retour de bâton de la part des instances insoumises ? Le précédent avec Émilie Marche n’incite guère à l’optimisme de ce côté. « Je n’ai aucun doute, reconnaît-il. Je pense même que je serai directement exclu. Mais c’est la manière de fonctionner de la France insoumise. »

L’élu grenoblois pointe ainsi l’atmosphère régnant au sein du mouvement, citant « des insultes systématiques, des cas de harcèlement à caractère sexiste et sexuel qui sont en cours de traitement. Il y a aussi un cas d’un militant qui a été double adhérent à Europe Écologie les Verts [et LFI] pendant plusieurs mois. Aucun retour du comité de respect des principes sur ces questions. »
En revanche, poursuit Alan Confesson, « quand vous prenez position dans une élection sur un sujet qui n’est pas conforme à la ligne de la France insoumise, vous êtes exclu séance tenante, par le biais d’un mail. Vous n’êtes même pas auditionné, vous n’avez pas la possibilité de vous défendre », s’indigne-t-il.
La main tendue aux insoumis « de bonne foi »
Que pense-t-il du choix d’Élisa Martin de soutenir cette liste autonome ? Une « vieille amie » dont il a partagé de nombreux combats, au conseil municipal mais aussi en étant son directeur de campagne lors des législatives 2022. Il juge donc la démarche de la députée de l’Isère « en contradiction avec l’engagement qu’elle a eu en 2014 et en 2020. Le bilan des municipalités Piolle est aussi le bilan d’Élisa Martin. (…) Toute son histoire, c’est d’être dans des unions à gauche », rappelle l’adjoint au commerce, qui « ne comprend pas » ce positionnement.
Pour Alan Confesson, Élisa Martin devrait être à ses côtés, tout comme une grande partie des militants LFI auxquels il tend la main : « J’appelle toutes les insoumises et insoumis qui veulent y contribuer de bonne foi à nous rejoindre. » Et de conclure : « Notre sensibilité à toute sa place dans une majorité municipale que nous avons contribué à façonner au fil des ans. Nous sommes fiers de notre histoire, il est temps de l’assumer. »