Grenoble. Alan Confesson (LFI) se rallie à la liste de Laurence Ruffin

Par Manuel Pavard

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Alan Confesson dans le centre-ville de Grenoble, lundi 13 octobre, après l'annonce de son ralliement à Laurence Ruffin pour les municipales 2026.
Alan Confesson, adjoint au maire de Grenoble depuis 2014 et militant historique de la France insoumise, a annoncé ce lundi 13 octobre son ralliement à la liste du rassemblement de la gauche écologiste et citoyenne conduite par Laurence Ruffin, pour les municipales 2026. Avec des mots très durs envers LFI et sa décision de présenter une liste autonome menée par Allan Brunon.

« J’annonce aujourd’hui mon ral­lie­ment à la liste d’union de la gauche éco­lo­giste conduite par Lau­rence Ruf­fin. J’y figu­re­rai en tant que can­di­dat insou­mis his­to­rique et uni­taire, fidèle à son his­toire, à son par­cours. Ma loyau­té va à Gre­noble avant tout. » Cette annonce, Alan Confes­son le sait, fera par­ler. Car l’homme est à la fois un his­to­rique de la majo­ri­té muni­ci­pale, adjoint au maire depuis la pre­mière élec­tion d’É­ric Piolle en 2014, et de la France insou­mise, mili­tant du mou­ve­ment depuis sa créa­tion. Deux cas­quettes qu’il a cumu­lées tout au long de ces années.

Mais le choix du comi­té élec­to­ral natio­nal de LFI de pré­sen­ter une liste auto­nome emme­née par Allan Bru­non a consti­tué la goutte d’eau. Alors, après les vives cri­tiques de la conseillère régio­nale Émi­lie Marche — sus­pen­due le soir même -, après les doutes affi­chés par plu­sieurs mili­tants insou­mis gre­no­blois, Alan Confes­son s’est réso­lu à son tour à s’ex­pri­mer publi­que­ment, ce lun­di 13 octobre. Sans langue de bois.

Une décision « extrêmement grave » et « irresponsable »

Impos­sible en effet pour lui de s’as­so­cier « à une démarche aus­si nui­sible et mor­ti­fère. Si LFI, à Gre­noble, a déci­dé de renon­cer à la loyau­té à ses enga­ge­ments, ce ne sera pas mon cas », assène-t-il. Pour l’é­lu muni­ci­pal, pour­suivre l’ex­pé­rience gre­no­bloise d’u­nion de la gauche en 2026 sem­blait « natu­rel ». « Pour­tant le mou­ve­ment poli­tique auquel j’appartiens, LFI, vient de prendre la déci­sion extrê­me­ment grave de rompre cette alliance, de manière bru­tale et irres­pon­sable, pour aucun motif sérieux », déplore-t-il.

Lau­rence Ruf­fin lors de sa pre­mière confé­rence de presse comme tête de liste, aux côtés de mili­tantes de divers par­tis de gauche mais sans LFI.

Alan Confes­son a des mots très durs pour la France insou­mise comme pour sa tête de liste. Allan Bru­non « qui n’est pas de Gre­noble, qui ne connaît pas notre ville, dont per­sonne ne peut pen­ser sérieu­se­ment qu’il peut être maire et qui se dés­in­té­resse tota­le­ment des dos­siers locaux », dénonce-t-il. Un can­di­dat qui aura pour stra­té­gie « d’insulter à peu près tous ses concur­rents en per­ma­nence, d’instruire des pro­cès en tra­hi­son aux uns et aux autres ». Le tout, sans « aucun lien avec les pro­blé­ma­tiques muni­ci­pales ou métro­po­li­taines ».

« LFI s’apprête à mener une cam­pagne dans une logique pure­ment iden­ti­taire et sec­taire. (…) Tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au ser­vice de l’ambition pré­si­den­tielle de Jean-Luc Mélen­chon. »

Alan Confes­son

Allan Bru­non, d’ailleurs, ne s’en cache pas, sou­ligne Alan Confes­son. Et « pour cause, il a d’autres ambi­tions en tête. LFI s’apprête à mener une cam­pagne dans une logique pure­ment iden­ti­taire et sec­taire. Avec à la clé un seul but, tota­le­ment décor­ré­lé de Gre­noble : ren­for­cer les groupes d’actions insou­mis pour être prêts en vue de la pro­chaine élec­tion pré­si­den­tielle. » De fait, aujourd’­hui, à la France insou­mise, s’in­surge l’ad­joint, « tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au ser­vice de l’ambition pré­si­den­tielle de Jean-Luc Mélen­chon ».

Cette ligne, assu­mée de plus en plus ouver­te­ment par LFI, a fini par pro­vo­quer des remous en interne. Ain­si, « les insou­mis les plus uni­taires ou plus sim­ple­ment les plus construc­tifs ont fini par déser­ter des réunions atter­rantes de médio­cri­té dans les argu­ments employés. De cin­quante à la pre­mière assem­blée muni­ci­pale, les insou­mis n’étaient plus qu’une ving­taine à celle qui a intro­ni­sé Allan Bru­non tête de liste », constate Alan Confes­son, dépi­té.

Alan Confes­son se dit fidèle à son par­cours en choi­sis­sant l’u­nion de la gauche et non une démarche « sec­taire ».

De même, aucun élu LFI de la majo­ri­té muni­ci­pale n’é­tait pré­sent à la confé­rence de presse orga­ni­sée le 19 sep­tembre, à la Vil­le­neuve, pour annon­cer la can­di­da­ture d’Al­lan Bru­non. Tout sim­ple­ment car Lau­ra Pfis­ter et Alan Confes­son n’ont « pas été invi­tés », affirme ce der­nier. « M. Bru­non a décla­ré ensuite qu’un pro­ces­sus était en cours pour nous inté­grer dans la liste, je n’en ai jamais vu la cou­leur, ajoute-t-il. Je ne pense pas qu’ils sou­haitent avoir les élus sor­tants sur leur liste de toute façon. »

« Violence systémique »

Consé­quence, « cette future liste insou­mise sera consti­tuée des élé­ments les sec­taires et les plus vin­di­ca­tifs de LFI », regrette le maire adjoint du sec­teur 2. Lequel fus­tige « un mou­ve­ment de masse réduit loca­le­ment à une échelle grou­pus­cu­laire tant la vio­lence sys­té­mique qui guide l’action de ses actuels diri­geants a pu dégou­ter celles et ceux qui venaient en quête d’un enga­ge­ment sin­cère pour des radi­ca­li­tés concrètes ».

Alan Confes­son craint-il main­te­nant le retour de bâton de la part des ins­tances insou­mises ? Le pré­cé­dent avec Émi­lie Marche n’in­cite guère à l’op­ti­misme de ce côté. « Je n’ai aucun doute, recon­naît-il. Je pense même que je serai direc­te­ment exclu. Mais c’est la manière de fonc­tion­ner de la France insou­mise. »

L’é­lue régio­nale Émi­lie Marche avait déjà tiré à bou­lets rouges sur la déci­sion de LFI le 1er octobre, avant de se faire sus­pendre dans la fou­lée.

L’é­lu gre­no­blois pointe ain­si l’at­mo­sphère régnant au sein du mou­ve­ment, citant « des insultes sys­té­ma­tiques, des cas de har­cè­le­ment à carac­tère sexiste et sexuel qui sont en cours de trai­te­ment. Il y a aus­si un cas d’un mili­tant qui a été double adhé­rent à Europe Éco­lo­gie les Verts [et LFI] pen­dant plu­sieurs mois. Aucun retour du comi­té de res­pect des prin­cipes sur ces ques­tions. »

En revanche, pour­suit Alan Confes­son, « quand vous pre­nez posi­tion dans une élec­tion sur un sujet qui n’est pas conforme à la ligne de la France insou­mise, vous êtes exclu séance tenante, par le biais d’un mail. Vous n’êtes même pas audi­tion­né, vous n’a­vez pas la pos­si­bi­li­té de vous défendre », s’in­digne-t-il.

La main tendue aux insoumis « de bonne foi »

Que pense-t-il du choix d’É­li­sa Mar­tin de sou­te­nir cette liste auto­nome ? Une « vieille amie » dont il a par­ta­gé de nom­breux com­bats, au conseil muni­ci­pal mais aus­si en étant son direc­teur de cam­pagne lors des légis­la­tives 2022. Il juge donc la démarche de la dépu­tée de l’I­sère « en contra­dic­tion avec l’en­ga­ge­ment qu’elle a eu en 2014 et en 2020. Le bilan des muni­ci­pa­li­tés Piolle est aus­si le bilan d’É­li­sa Mar­tin. (…) Toute son his­toire, c’est d’être dans des unions à gauche », rap­pelle l’ad­joint au com­merce, qui « ne com­prend pas » ce posi­tion­ne­ment.

Pour Alan Confes­son, Éli­sa Mar­tin devrait être à ses côtés, tout comme une grande par­tie des mili­tants LFI aux­quels il tend la main : « J’appelle toutes les insou­mises et insou­mis qui veulent y contri­buer de bonne foi à nous rejoindre. » Et de conclure : « Notre sen­si­bi­li­té à toute sa place dans une majo­ri­té muni­ci­pale que nous avons contri­bué à façon­ner au fil des ans. Nous sommes fiers de notre his­toire, il est temps de l’assumer. »

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