Grève du 2 octobre : l’intersyndicale veut faire « reculer » gouvernement et patronat

Par Manuel Pavard

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Le 18 septembre, plus de 15 000 personnes avaient défilé dans les rues de Grenoble, à l'appel de l'intersyndicale iséroise.
Après la forte mobilisation des 10 et 18 septembre, l'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grève et de manifestations, ce jeudi 2 octobre, en Isère comme partout en France. Objectif : accentuer la pression sur le gouvernement et le patronat afin d'enterrer le budget d'austérité. Et conquérir de nouvelles avancées, en vue d'une plus grande justice sociale, fiscale et environnementale.

Ce sera le troi­sième round de cette ren­trée sociale explo­sive. Après la jour­née « Blo­quons tout » du 10 sep­tembre et la mobi­li­sa­tion inter­pro­fes­sion­nelle du 18 sep­tembre, les orga­ni­sa­tions syn­di­cales ont déci­dé de recon­duire une jour­née natio­nale d’ac­tion et de grève le 2 octobre. Une réponse à « l’é­chec de la consul­ta­tion avec le Pre­mier ministre Lecor­nu », indique l’in­ter­syn­di­cale de l’I­sère (CGT, FSU, Soli­daires, FO, CFDT, Unsa, CFE-CGC, CFTC, CNT) qui orga­ni­sait une confé­rence de presse, ce mar­di 30 sep­tembre, à la bourse du tra­vail de Gre­noble.

La ban­de­role de l’in­ter­syn­di­cale lors de la mani­fes­ta­tion du 18 sep­tembre.

« En Isère, on a déjà des boîtes qui sont en grève depuis un moment : Hex­cel, Tré­di, Legrand, Air Liquide… Mais aus­si le Centre hos­pi­ta­lier Alpes Isère (NDLR : à Saint-Égrève) pour la fonc­tion publique », détaille Léa Mar­ti­nez-Comel­li, secré­taire à la vie syn­di­cale à la CGT Isère. Laquelle appelle à « main­te­nir la mobi­li­sa­tion, à se réunir dans les entre­prises et admi­nis­tra­tions le 2 octobre et en amont du 2 ». Tout en se féli­ci­tant, comme l’en­semble des orga­ni­sa­tions, de « l’u­ni­té syn­di­cale » qui per­siste aus­si bien en Isère qu’au niveau natio­nal.

« L’héritage de la Sécu »

La CGT sou­haite éga­le­ment mettre « l’ac­cent sur les 80 ans de la Sécu­ri­té sociale », pré­cisent Léa Mar­ti­nez-Comel­li et le secré­taire dépar­te­men­tal Nico­las Benoit, qui évoquent la Quin­zaine de la sécu­ri­té sociale orga­ni­sée en octobre par l’u­nion locale Roussillon/Beaurepaire. L’une des nom­breuses ini­tia­tives pro­gram­mées au cours des pro­chaines semaines pour célé­brer ce 80e anni­ver­saire.

Le rap­pel de cet évé­ne­ment ne doit rien au hasard. Car « l’hé­ri­tage de la Sécu, c’est notre héri­tage com­mun », sou­ligne la repré­sen­tante CGT. Et sa remise en cause par la droite et le patro­nat se situe dans un contexte glo­bal « d’ac­cé­lé­ra­tion de la casse des conquis sociaux », ajoute-t-elle.

Les syn­di­cats comme l’en­semble des mani­fes­tants n’ont aucune confiance en Sébas­tien Lecor­nu.

De manière géné­rale, per­sonne n’est dupe au sein des syn­di­cats. Confron­té à l’ul­ti­ma­tum inter­syn­di­cal et à la pres­sion popu­laire, « le gou­ver­ne­ment a recu­lé sur les deux jours fériés mais il ne rétro­pé­dale pas sur le reste », déplore Léa Mar­ti­nez-Comel­li. Gel des pen­sions de retraite, baisse des pres­ta­tions sociales, sup­pres­sion de postes dans la fonc­tion publique… La plu­part des mesures défen­dues par Sébas­tien Lecor­nu demeurent « inac­cep­tables », dans la droite ligne de celles pro­po­sées par son pré­dé­ces­seur à Mati­gnon.

Convergence des luttes

« Même s’il y a une dimi­nu­tion de moi­tié du pro­jet tel qu’il était por­té par Bay­rou, ça res­te­ra un bud­get d’aus­té­ri­té », affirme ain­si Phi­lippe Beau­fort, secré­taire géné­ral de FO Isère, redou­tant « les coupes sombres qui se pro­filent dans le ser­vice public ». Et de rap­pe­ler éga­le­ment l’in­dis­pen­sable « abro­ga­tion de la réforme des retraites », reven­di­ca­tion par­ta­gée par l’en­semble des orga­ni­sa­tions syn­di­cales.

Les ser­vices publics risquent d’être vic­times de « coupes sombres ».

Del­phine Ser­ra, repré­sen­tante de Soli­daires Isère, tire quant à elle à bou­lets rouges sur « l’é­nième réforme de l’as­su­rance chô­mage » qui semble s’an­non­cer. Encore une fois, « ce sont les per­sonnes qui ont déjà per­du des droits qui doivent payer ces bud­gets d’aus­té­ri­té », s’in­surge-t-elle. La mili­tante constate par ailleurs la « conver­gence » poten­tielle entre la mobi­li­sa­tion syn­di­cale et les « autres formes de mobi­li­sa­tion ». Une réfé­rence notam­ment au mou­ve­ment « Blo­quons tout » et à l’oc­cu­pa­tion de la Bobine que Del­phine Ser­ra « sou­tient » plei­ne­ment.

De son côté, David Sujo­bert, co-secré­taire de la FSU 38, insiste sur la dimen­sion « sexiste » des mesures d’aus­té­ri­té. « Aujourd’­hui, les agents en arrêt mala­die ne per­çoivent plus que 90 % de leur salaire, ce qui est un recul majeur… Notam­ment pour les femmes enceintes qui ne sont en rien res­pon­sables mais qui ont mal­gré tout un abat­te­ment de 10 %. »

Autre point pro­blé­ma­tique à ses yeux, par­ti­cu­liè­re­ment dans l’É­du­ca­tion natio­nale, « la san­té men­tale. Cela fait plu­sieurs années que nos col­lègues se sont poi­gnar­der ou assas­si­ner », s’é­meut le syn­di­ca­liste ensei­gnant, poin­tant « des enfants qui ne vont pas bien. Mais il faut des cré­dits pour pal­lier à ça. »

« On sait qu’on ne va pas les convaincre, on veut qu’ils reculent. »

Léa Mar­ti­nez-Comel­li, CGT Isère

Tous s’ac­cordent éga­le­ment sur la néces­saire « taxa­tion des grandes for­tunes et des pro­fits », comme le rap­pelle la CGT. Nico­las Benoit pointe ain­si, indi­gné, « les 211 mil­liards d’aides publiques dis­tri­buées sans contrôle et sans contre­par­tie aux entre­prises pri­vées ». Et le secré­taire dépar­te­men­tal de la CGT de citer par ailleurs les cas de Fer­ro­globe ou de Pho­to­watt : « La ques­tion, c’est com­ment on redis­tri­bue l’argent ? »

Le cor­tège étu­diant mas­sif du 10 sep­tembre.

Face à la pro­pa­gande d’un « patro­nat revan­chard » et au « mépris » affi­ché par Emma­nuel Macron et Sébas­tien Lecor­nu, « la colère monte », observent les syn­di­cats. Tout comme la demande de « jus­tice sociale, fis­cale et envi­ron­ne­men­tale ». « On veut rap­pe­ler que sans nous, sans les sala­riés, ça ne fonc­tionne pas », explique Léa Mar­ti­nez-Comel­li. Que ce soit le patro­nat ou le gou­ver­ne­ment, « on sait qu’on ne va pas les convaincre », pour­suit-elle. « On veut qu’ils reculent ! »

L’in­ter­syn­di­cale s’ap­puie en outre sur un constat : celui d’un pou­voir et d’un Pre­mier ministre qui n’ont « jamais été aus­si fra­gi­li­sés ». D’où cette convic­tion qu’en accen­tuant la pres­sion et en accé­lé­rant, les choses peuvent bas­cu­ler. Nico­las Benoit le pro­met, « on ne s’ar­rê­te­ra pas le 2 octobre ».

Les manifestations en Isère

Gre­noble : départ à 14h, angle Alsace-Lor­raine et Jean-Jau­rès, arri­vée à l’an­neau de vitesse.

Vienne : départ à 9h, gare rou­tière Champs de Mars.

Rous­sillon : départ à 9h30, place du Châ­teau. À 18h, à la salle poly­va­lente de Beau­re­paire, réunion publique « Quelles solu­tions face au désert médi­cal ? », dans le cadre de la Quin­zaine de la Sécu­ri­té sociale, orga­ni­sée par l’UL CGT Rous­sillon / Beau­re­paire.

Bour­goin-Jal­lieu : départ à 10h, place de la Répu­blique.

Voi­ron : départ à 16h30, bourse du tra­vail, place Jacques-Antoine-Gau.

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