Laurence Ruffin promet un « nouvel élan » pour Grenoble grâce à la « coopération »
Par Manuel Pavard
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Cette fois, la campagne peut enfin démarrer. Après des mois d’incertitude et d’atermoiements, Laurence Ruffin a été plébiscitée, dimanche 21 septembre, par les militants des partis et mouvements de la gauche écologiste et citoyenne, en vue des municipales de mars 2026. « J’ai été choisie à 93 %, ce qui était important pour ma légitimité dans le portage de ce projet collectif », a‑t-elle souligné, ce jeudi 25 septembre, lors de sa première prise de parole médiatique en tant que tête de liste. L’occasion de se présenter, tout en dévoilant sa feuille de route.

De fait, Laurence Ruffin n’a pas encore la notoriété de son frère auprès du grand public. Et pour cause. N’étant pas issue du sérail politique, celle-ci a surtout fait ses armes dans le monde de l’entreprise, plus particulièrement de la coopérative, en dirigeant pendant quinze ans la Société coopérative à intérêt collectif (Scop) Alma, éditeur de logiciels basé à Saint-Martin-d’Hères. Un parcours professionnel qui a mené la Picarde d’origine à Grenoble, sa « ville de cœur ». Une ville dont elle vante la « taille humaine », le « fourmillement associatif et universitaire », mais aussi « la place de l’environnement, de la nature, de la montagne ».
« Un changement de méthode »
C’est également dans et pour cette ville que Laurence Ruffin a décidé de s’engager en politique — même si elle estime avoir toujours fait de la politique, à sa manière, au sein du mouvement coopératif. Et comme l’ont indiqué les représentants des partis au lendemain du vote interne, la candidate se veut très claire : il ne s’agit aucunement d’un bis repetita ou d’un troisième mandat. Certes, plusieurs élu-e‑s de l’actuelle majorité font partie de son équipe. Et elle se dit « fière » que Grenoble ait été « la première ville écologiste, avec des politiques assez ambitieuses » concernant les mobilités (Chronovélo), la végétalisation ou encore les écoles.

Toutefois, Laurence Ruffin l’assure, elle entend porter, avec le collectif qui l’entoure, « un nouvel élan, une nouvelle page pour Grenoble, une nouvelle manière de faire ». Une ambition qui passe notamment par « un changement de méthode ». Avec un maître mot, qui a animé quasiment toute sa vie, militante comme professionnelle : la « coopération ». La tête de liste en est convaincue, la philosophie des Scop peut s’appliquer à l’échelle municipale, en remettant de la « transparence », de « l’égalité », de la « démocratie », au centre des projets.
« Renouer avec les habitants, les agents, la métropole, (…) c’est une manière d’apaiser la ville, de se réconcilier et de faire autrement », affirme-t-elle. Une méthode doublée d’une vision aussi précise qu’ambitieuse. Laurence Ruffin veut ainsi faire de Grenoble une ville « protectrice ». Et ce, dans le cadre notamment des « services publics » et du « logement, un droit fondamental ». S’il est encore prématuré d’évoquer un programme, elle n’hésite d’ailleurs pas à avancer son « objectif » de future maire : « atteindre les 30 % de logement social à la fin du mandat ».

Sa vision comprend également une réelle attention à la « sécurité » et à la « prévention », deux données complémentaires à ses yeux. Et une volonté d’édifier une « ville antiraciste et accueillante » ainsi qu’une « ville audacieuse pour l’avenir, capable de s’adapter au choc climatique ». Sans oublier un thème constituant pour elle une « boussole » et un « fil conducteur » : la santé.
La main tendue aux autres listes de gauche
L’ambition de ce rassemblement de la gauche, c’est de « proposer une ville dans laquelle on vit mieux », résume l’écologiste Margot Belair, ex-candidate à l’investiture. Pour cela, Laurence Ruffin s’inspire donc de sa propre expérience, mais aussi de celles pratiquées ailleurs, y compris à l’étranger. Et de citer le modèle de gouvernance de Bologne ou l’exemple du PTB en Belgique, dont un militant avait débattu avec elle lors de la dernière Fête du Travailleur alpin. C’est ainsi de là qu’elle tire sa proposition de « parité sociale » pour la constitution de la liste. Laquelle inclurait, par exemple, davantage d’ouvriers et habitants des quartiers populaires. Une idée restant à affiner mais séduisante.
Mais pour appliquer tout cela, il faut bien sûr l’emporter. Quid alors des divisions à gauche, avec notamment des listes concurrentes émanant des socialistes et des insoumis ? « L’idée, c’est de porter l’union à gauche, dans l’esprit du Nouveau Front populaire, et de tendre la main aux partis de gauche », explique Laurence Ruffin. Une tête de liste qui compte bien « garder le cap » — à savoir « faire l’union » -, d’autant qu’il n’y a, pour elle, « pas de problème de fond majeur » avec ces autres listes potentielles.

La suite, maintenant, c’est le lancement de campagne officiel prévu le 11 octobre. Et puis, la poursuite des ateliers thématiques et différentes rencontres, en novembre, avec notamment Benoît Hamon et Cyrielle Chatelain. Un processus par étapes qui doit permettre d’aboutir in fine à une conclusion à laquelle Laurence Ruffin croit fermement : devenir « la première femme maire de Grenoble ».