Laurence Ruffin promet un « nouvel élan » pour Grenoble grâce à la « coopération »

Par Manuel Pavard

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Laurence Ruffin s'est exprimée jeudi 25 septembre, entourée ici d'Isabelle Peters (PCF), Margot Belair (les Écologistes), Sandra Krief (Parti animaliste) et d'une partie de son équipe.
Quatre jours après avoir été désignée tête de liste du rassemblement de la gauche écologiste et citoyenne à Grenoble, Laurence Ruffin s'est exprimée devant la presse ce jeudi 25 septembre. À six mois des municipales de mars 2026, la candidate a esquissé ses méthodes et sa vision de la ville. Avec une promesse de changement et un maître mot, la "coopération".

Cette fois, la cam­pagne peut enfin démar­rer. Après des mois d’in­cer­ti­tude et d’a­ter­moie­ments, Lau­rence Ruf­fin a été plé­bis­ci­tée, dimanche 21 sep­tembre, par les mili­tants des par­tis et mou­ve­ments de la gauche éco­lo­giste et citoyenne, en vue des muni­ci­pales de mars 2026. « J’ai été choi­sie à 93 %, ce qui était impor­tant pour ma légi­ti­mi­té dans le por­tage de ce pro­jet col­lec­tif », a‑t-elle sou­li­gné, ce jeu­di 25 sep­tembre, lors de sa pre­mière prise de parole média­tique en tant que tête de liste. L’oc­ca­sion de se pré­sen­ter, tout en dévoi­lant sa feuille de route.

Lau­rence Ruf­fin a pré­sen­té sa méthode et sa vision aux médias.

De fait, Lau­rence Ruf­fin n’a pas encore la noto­rié­té de son frère auprès du grand public. Et pour cause. N’é­tant pas issue du sérail poli­tique, celle-ci a sur­tout fait ses armes dans le monde de l’en­tre­prise, plus par­ti­cu­liè­re­ment de la coopé­ra­tive, en diri­geant pen­dant quinze ans la Socié­té coopé­ra­tive à inté­rêt col­lec­tif (Scop) Alma, édi­teur de logi­ciels basé à Saint-Mar­tin-d’Hères. Un par­cours pro­fes­sion­nel qui a mené la Picarde d’o­ri­gine à Gre­noble, sa « ville de cœur ». Une ville dont elle vante la « taille humaine », le « four­mille­ment asso­cia­tif et uni­ver­si­taire », mais aus­si « la place de l’en­vi­ron­ne­ment, de la nature, de la mon­tagne ».

« Un changement de méthode »

C’est éga­le­ment dans et pour cette ville que Lau­rence Ruf­fin a déci­dé de s’en­ga­ger en poli­tique — même si elle estime avoir tou­jours fait de la poli­tique, à sa manière, au sein du mou­ve­ment coopé­ra­tif. Et comme l’ont indi­qué les repré­sen­tants des par­tis au len­de­main du vote interne, la can­di­date se veut très claire : il ne s’a­git aucu­ne­ment d’un bis repe­ti­ta ou d’un troi­sième man­dat. Certes, plu­sieurs élu-e‑s de l’ac­tuelle majo­ri­té font par­tie de son équipe. Et elle se dit « fière » que Gre­noble ait été « la pre­mière ville éco­lo­giste, avec des poli­tiques assez ambi­tieuses » concer­nant les mobi­li­tés (Chro­no­vé­lo), la végé­ta­li­sa­tion ou encore les écoles.

Une par­tie de l’é­quipe ras­sem­blée autour de la tête de liste, jeu­di 25 sep­tembre.

Tou­te­fois, Lau­rence Ruf­fin l’as­sure, elle entend por­ter, avec le col­lec­tif qui l’en­toure, « un nou­vel élan, une nou­velle page pour Gre­noble, une nou­velle manière de faire ». Une ambi­tion qui passe notam­ment par « un chan­ge­ment de méthode ». Avec un maître mot, qui a ani­mé qua­si­ment toute sa vie, mili­tante comme pro­fes­sion­nelle : la « coopé­ra­tion ». La tête de liste en est convain­cue, la phi­lo­so­phie des Scop peut s’ap­pli­quer à l’é­chelle muni­ci­pale, en remet­tant de la « trans­pa­rence », de « l’é­ga­li­té », de la « démo­cra­tie », au centre des pro­jets.

« Renouer avec les habi­tants, les agents, la métro­pole, (…) c’est une manière d’a­pai­ser la ville, de se récon­ci­lier et de faire autre­ment », affirme-t-elle. Une méthode dou­blée d’une vision aus­si pré­cise qu’am­bi­tieuse. Lau­rence Ruf­fin veut ain­si faire de Gre­noble une ville « pro­tec­trice ». Et ce, dans le cadre notam­ment des « ser­vices publics » et du « loge­ment, un droit fon­da­men­tal ». S’il est encore pré­ma­tu­ré d’é­vo­quer un pro­gramme, elle n’hé­site d’ailleurs pas à avan­cer son « objec­tif » de future maire : « atteindre les 30 % de loge­ment social à la fin du man­dat ».

Lau­rence Ruf­fin entre Isa­belle Peters, cheffe de file des com­mu­nistes à Gre­noble, et Mar­got Belair, ancienne can­di­date à l’in­ves­ti­ture.

Sa vision com­prend éga­le­ment une réelle atten­tion à la « sécu­ri­té » et à la « pré­ven­tion », deux don­nées com­plé­men­taires à ses yeux. Et une volon­té d’é­di­fier une « ville anti­ra­ciste et accueillante » ain­si qu’une « ville auda­cieuse pour l’a­ve­nir, capable de s’a­dap­ter au choc cli­ma­tique ». Sans oublier un thème consti­tuant pour elle une « bous­sole » et un « fil conduc­teur » : la san­té.

La main tendue aux autres listes de gauche

L’am­bi­tion de ce ras­sem­ble­ment de la gauche, c’est de « pro­po­ser une ville dans laquelle on vit mieux », résume l’é­co­lo­giste Mar­got Belair, ex-can­di­date à l’in­ves­ti­ture. Pour cela, Lau­rence Ruf­fin s’ins­pire donc de sa propre expé­rience, mais aus­si de celles pra­ti­quées ailleurs, y com­pris à l’é­tran­ger. Et de citer le modèle de gou­ver­nance de Bologne ou l’exemple du PTB en Bel­gique, dont un mili­tant avait débat­tu avec elle lors de la der­nière Fête du Tra­vailleur alpin. C’est ain­si de là qu’elle tire sa pro­po­si­tion de « pari­té sociale » pour la consti­tu­tion de la liste. Laquelle inclu­rait, par exemple, davan­tage d’ou­vriers et habi­tants des quar­tiers popu­laires. Une idée res­tant à affi­ner mais sédui­sante.

Mais pour appli­quer tout cela, il faut bien sûr l’emporter. Quid alors des divi­sions à gauche, avec notam­ment des listes concur­rentes éma­nant des socia­listes et des insou­mis ? « L’i­dée, c’est de por­ter l’u­nion à gauche, dans l’es­prit du Nou­veau Front popu­laire, et de tendre la main aux par­tis de gauche », explique Lau­rence Ruf­fin. Une tête de liste qui compte bien « gar­der le cap » — à savoir « faire l’u­nion » -, d’au­tant qu’il n’y a, pour elle, « pas de pro­blème de fond majeur » avec ces autres listes poten­tielles.

Lau­rence Ruf­fin espère deve­nir la pre­mière femme maire de Gre­noble.

La suite, main­te­nant, c’est le lan­ce­ment de cam­pagne offi­ciel pré­vu le 11 octobre. Et puis, la pour­suite des ate­liers thé­ma­tiques et dif­fé­rentes ren­contres, en novembre, avec notam­ment Benoît Hamon et Cyrielle Cha­te­lain. Un pro­ces­sus par étapes qui doit per­mettre d’a­bou­tir in fine à une conclu­sion à laquelle Lau­rence Ruf­fin croit fer­me­ment : deve­nir « la pre­mière femme maire de Gre­noble ».

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