Municipales 2026. Vers un accord souterrain entre la droite et le RN ?
Par Travailleur Alpin
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Les écoliers ne sont pas les seuls à faire leur rentrée. Tous partis confondus, les politiques reprennent le chemin des campagnes électorales. Et pour cause. La dernière élection majeure (sauf dissolution surprise de l’Assemblée nationale) avant la fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron se profile.
Les 15 et 22 mars prochains, les citoyens seront en effet appelés à voter dans chacune des près de 35 000 communes – 512 en Isère – pour renouveler leurs conseils municipaux et intercommunaux.
Si les « échanges » à gauche sur Grenoble font la une de la presse locale, il est d’autres négociations qui ne sortent pas des discussions de couloirs feutrés. Et un bruit qui se fait de plus en plus persistant : inquiets de la fragilité du « bloc central », plombé par l’impopularité du président de la République, une partie des ténors de la droite « républicaine » tenterait de conclure un pacte de non-agression avec la formation de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.
Un deal « métropole contre ruralité » ?
L’entourage d’Alain Carignon tenterait en effet de convaincre le parti d’extrême droite de lui laisser le champ libre dans la majorité des communes de la métropole, en échange d’une intégration de candidats membres du RN – mais non affichés publiquement – par des élus « divers droite » du Nord-Isère.
À quelques exceptions près, l’évolution de la sociologie électorale cantonne l’extrême droite à un rôle de témoignage dans les communes du cœur métropolitain. Mais le risque qu’elle dépasse les 10 % dans une série de communes urbaines rend fébrile certains élus de la droite « classique ». À ce jour, des fusions de second tour risqueraient fort d’être désavouées par les responsables nationaux de LR, et plus encore du MoDem ou de Renaissance. Tandis qu’une absence pure et simple du scrutin favoriserait d’emblée des reports de voix plus… discrets.

Mais comme tout accord politique, le retrait et la discrétion du RN auraient un prix : pouvoir entrer par la petite porte dans les bourgs et villages gouvernés par la droite. Des discussions seraient en cours autour d’une liste de communes de moins de 9 000 habitants, catégorie la plupart du temps synonyme de municipalité « sans étiquette ».
S’il dispose désormais d’une solide assise nationale, le parti de Marine Le Pen souffre en effet d’un manque cruel d’implantation locale, et certains de ses responsables ont, semble-t-il, bien compris qu’ils auraient du mal à entrer dans les mairies sans qu’on leur « ouvre la petite porte »…
Feu vert à Grenoble et Fontaine, frictions en vue à Domène
Si Grenoble serait évidemment au cœur des discussions, ce « pacte de non-agression » ne devrait pas avoir de mal à se concrétiser également à Fontaine. Il faut se rappeler que le maire actuel, Franck Longo (LR passé Modem), a déjà dû sa pole position au premier tour de mars 2020 – puis sa victoire au second tour – à l’absence opportune de la liste du Rassemblement national.
De plus, il compte déjà plusieurs élus qui flirtent ouvertement avec les idées d’extrême droite, à l’image de Gérard Tardy qui déclarait sur les réseaux sociaux, en juin 2020, que la délinquance était « à 98 % d’origine maghrébine ». Ou encore d’Evelyne De Caro, qui écrivait en 2011 au maire d’alors : « Pour être considérés sur la commune, nous devons être des sans-papiers, d’origine étrangère, homosexuels. Pourriez-vous nous indiquer ce que vous proposez, lorsqu’on est français ou d’origine européenne, en situation complètement régulière, hétérosexuel, marié, divorcé ou veuf, en d’autres termes, nous aurions dit normaux ? » Tous deux sont adjoints au sein de l’équipe officiellement « centriste ».

Pour autant, on peut noter qu’une autre commune de la périphérie pourrait bien troubler le jeu : Domène, où la guerre fratricide entre Chrystel Bayon (maire depuis 2017) et Michel Savin (maire de 1995 à 2017, sénateur depuis 2017) attise les convoitises d’un troisième candidat, l’élu ex-LR et désormais RN Quentin Feres, qui a lancé son « collectif citoyen » en avril dernier.
Quoi qu’il en soit, une chose est certaine, dans un contexte d’instabilité politique croissante, les signaux de ces tractations inquiètent de plus en plus à gauche. Ce qui pourrait (aussi) rebattre certaines cartes en vue du scrutin de mars 2026. Affaire à suivre…
Robert W. Wellnes