Grenoble. Réquisitions imminentes ?
Par Max Blanchard
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« Le maire de Grenoble a annoncé son intention de réquisitionner, en vertu de ses pouvoirs de police, des logements vacants appartenant à une société privée, dans les prochains jours », a annoncé l’inter-collectif des écoles occupées. « Nous verrons bien ce qu’il en sera. » Certains affichent une moue dubitative, d’autres ont des lueurs d’espoir dans les yeux.

« À Grenoble, en cette fin d’année scolaire, 8 écoles sont toujours occupées pour mettre à l’abri 15 familles dont 35 enfants. Depuis 2022, ce sont près de 90 familles dont 220 enfants qui ont été mises à l’abri », rappelle Laure, représentante de l’association des parents d’élèves de l’école Malherbe. Et d’insister : « L’Etat doit proposer des logements, c’est la loi ! »
C’est pour répondre à cette situation qu’un inter-collectif des écoles occupées — regroupant le DAL 38, RESF 38, la FCPE 38 et l’intersyndicale « enfants migrants à l’école » (SUD éducation 38, FSU 38 et CNT éducation 38) — s’est mobilisé et revendique la réquisition des logements vacants.
Appliquer la loi
« L’annonce doit se concrétiser rapidement et ne pas rester une promesse en l’air », a exigé le DAL. Par la voix de Manon, l’association dénonce « la crise du logement qui se durcit d’année en année, tandis que le nombre de sans-abris, d’expulsions, de demandes HLM, de victimes de marchands de sommeil, ne cesse d’augmenter. Elle est le produit des politiques nationales et locales de soutien au logement cher, à la spéculation et à la rente », s’indigne la militante.

Louis (DAL), ajoute que la réquisition de biens vacants de riches propriétaires serait non seulement une mesure sociale, « mais aussi une mesure pour pousser les bailleurs à louer leur logement. Un logement c’est fait pour habiter pas pour spéculer », souligne-t-il.
La loi rappelle en effet que la réquisition de logements vacants n’est ni une spoliation, ni une expropriation. C’est une mesure temporaire d’un an, renouvelable jusqu’à six ou douze ans suivant la procédure, durant laquelle le propriétaire de bâtiment est indemnisé. La réquisition n’est pas une mesure miracle, c’est une mesure d’urgence. Il y a besoin d’une politique plus globale du logement.

Il y a urgence
Pour faire face aux conséquences de la crise du logement, le DAL appelle, comme premières mesures d’urgence :
• aux maires du département à utiliser leur pouvoir de police pour réquisitionner dans leur commune face à la carence de l’État ;
• à la Métropole de se saisir de la compétence de réquisition « avec attributaire » que peut lui déléguer l’État ;
• à l’application par l’État de l’ordonnance de 1945 pour réquisitionner les immeubles vacants de grands propriétaires publics et privés.
Une lutte qui prend toute sa place et toute son acuité dans une société de plus en plus rude pour tous ceux qui souffrent. Elle est porteuse de pugnacité, d’humanisme et d’espoir.
