Festival Bien l’Bourgeon : défendre la culture contre la post-vérité
Par Travailleur Alpin
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La méthode fallacieuse de la droite iséroise pour retirer la subvention à Mix’Arts
Il y a quelques semaines, au prétexte de la présence du rappeur Médine à l’affiche du festival, la droite a utilisé un subterfuge pour retirer la subvention départementale au festival Bien l’Bourgeon organisé par l’association Mix’Arts, les 29, 30 et 31 mai, à Gresse-en-Vercors.
Pour ce faire, elle a imposé le vote d’un amendement surprise lors d’une réunion de la commission permanente du Département. Un tempo qui aura contraint les élu∙e∙s à se positionner dans l’urgence, sans pouvoir s’informer et disposer d’un minimum de temps de réflexion. La droite a ainsi pu dérouler des éléments parcellaires, et imposer son cadrage, profitant de la méconnaissance générale du sujet.
Hygiénisme idéologique et culture populaire sous contrôle
Nous ne sommes pas de ceux qui défendent la « liberté d’expression » sans filtre. Notre belle liberté d’expression à la française mérite d’être accompagnée d’un haut sens des responsabilités, et impose donc des limites à ceux qui véhiculent des idées de haine. Mais s’agit-il de cela aujourd’hui ?
Médine a eu des propos ou des gestes déplacés à un moment de sa carrière. Nous n’allons évidemment pas dans ce sens. Mais faut-il l’assigner à cela à perpétuité, alors même qu’il est clairement revenu dessus, et s’est depuis engagé en faveur de valeurs clairement progressistes ?

Serait-il venu à l’esprit d’interdire les dernières tournées d’Orelsan au motif de son titre misogyne de 2006, sur lequel il a depuis fait son mea-culpa ? Combien d’albums, d’interviews, et sur combien d’années doit-on disséquer un artiste avant de le programmer sur un festival ? Qui dicte la « fréquentabilité » ou l’exclusion de tel ou tel artiste et sur quelles bases ?
Plus gravement, ces retraits de financements par les droites de certaines collectivités servent une dérive hygiéniste, un désir d’uniformisation et de pensée unique dans la culture venue de temps que nous souhaiterions disparus.
De plus, nous notons que des propos bien plus choquants exprimés par nombre d’artistes mainstream ne provoquent pas les mêmes réactions indignées. La misogynie, l’idéologie de l’argent-roi, n’effrayent évidemment pas les oreilles chastes de ceux qui cherchent à se présenter comme des financeurs pointilleux. Du moment que l’artiste ne prend pas part à gauche dans le débat public, tout semble permis.

Ne nous y trompons pas, l’offensive réactionnaire contre Médine est un exemple flagrant de construction d’une « post-vérité » venue des rangs de l’extrême droite, qui s’impose au mépris des actes réels de l’artiste, pour ostraciser une figure populaire qui s’inscrit désormais dans le vaste camp du progrès social. Et nous sommes fiers du succès rencontré par Médine à la Fête du Travailleur alpin lors de son édition de 2019.
Comment qualifier d’« islamiste » quelqu’un qui pose dans l’Humanité Magazine aux côtés de Bilal Hassani, figure artistique LGBTQ+ de la musique française ? Soyons sérieux…
Soutenir Mix’Arts et les acteurs culturels locaux
Retirer une subvention à Mix’Arts, c’est pénaliser cette association sur l’ensemble de ses activités. Sur tout ce qu’elle crée, tout ce qu’elle anime localement et tout ce qu’elle fait naître.
Mix’Arts est un acteur incontournable de notre scène grenobloise et au-delà. Le dynamisme, la richesse et la vie qu’elle apporte à notre culture locale doivent être encouragées. Les valeurs d’horizontalité, de lien social, d’éducation populaire, de respect de l’environnement et de diversité culturelle sont des valeurs que nous partageons et pour lesquelles nous avançons ensemble.
La Fête du Travailleur alpin s’engage aujourd’hui et s’engagera encore demain aux côtés de Mix’Arts et des associations culturelles locales, avec qui nous créons, ensemble, notre richesse commune.
Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère
Bernard Ferrari, directeur technique de la Fête du TA de 2002 à 2023
Adrien Guerre, directeur technique de la Fête du TA depuis 2024