Attaque à la grenade, bibliothèque incendiée… Le PCF veut « plus de moyens pour agir » à Grenoble
Par Manuel Pavard
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« Comment on peut avoir l’idée de brûler une bibliothèque ? » Les propos de cette trentenaire, encore « choquée par cette vision d’horreur », résument l’incompréhension unanime des habitants venus constater l’étendue des dégâts, ce 19 février. Devant eux, la façade, le rez-de-chaussée et la toiture calcinés témoignent de la violence du sinistre ayant ravagé la bibliothèque Chantal-Mauduit, la nuit précédente, au carrefour des quartiers grenoblois de Mistral et des Eaux-Claires. Une voiture-bélier incendiée a été projetée contre l’équipement, le feu se propageant ensuite très vite au bâtiment de 1 000 m2.

Dans le quartier, où la bibliothèque avait été inaugurée en décembre dernier, en lieu et place de l’emblématique Plateau, l’émotion est très vive. « Les dégâts sont colossaux », tandis que « les collections de la bibliothèque ont également été atteintes », déplore la ville de Grenoble dans un communiqué daté du mercredi 19 février. Présents sur place au lendemain de l’incendie, le procureur-adjoint François Touret de Coucy et la préfète Catherine Séguin ont évoqué la piste de représailles de la part des trafiquants locaux, en réaction à une opération de police menée la même nuit et ayant abouti à deux interpellations.
« Le service public ne reculera pas »
Une vingtaine de personnes se sont retrouvées au chômage technique dès le lendemain des faits. Mais « le service public ne reculera pas », assure néanmoins la municipalité. « Malgré les menaces et les intimidations, elle poursuivra son action pour préserver le lien social et garantir à chaque Grenobloise et Grenoblois l’accès aux services publics », ajoute-t-elle. Avant de « réitérer sa demande de renforcement des moyens de police nationale pour lutter efficacement contre ces réseaux criminels et garantir la sécurité des habitantes et habitants ».

De fait, ce nouvel acte de violence braque une fois encore les projecteurs sur Grenoble. Il survient en effet moins d’une semaine après l’attaque à la grenade ayant visé le bar associatif L’Aksehir, rue Claude-Kogan, au Village olympique. Avec un bilan de quinze blessés dont six graves — même s’il n’y a plus de pronostic vital engagé à ce jour. « Le niveau de violence a récemment franchi un nouveau palier », constate d’ailleurs la fédération de l’Isère du PCF dans un communiqué diffusé vendredi 21 février.
« Plus que jamais, les narcotrafiquants montrent ce qu’ils sont : l’excroissance débridée d’un capitalisme sauvage, qui entend faire régner la loi de la violence contre la cohésion de la société », affirme Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère, qui ironise sur la visite en grande pompe du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le 14 février, à Grenoble : « Malgré la multiplication des annonces médiatiques, l’engagement de l’État n’est pas au rendez-vous. »
Le PCF va « présenter un plan d’action global contre ce fléau »
Le responsable communiste rappelle ainsi « qu’il manque toujours une centaine de postes sur la zone police nationale de l’agglomération pour revenir aux effectifs en place avant les coupes budgétaires opérées sous la présidence de Nicolas
Sarkozy ». Et ce, alors que « les budgets des collectivités locales et des services publics ne cessent d’être diminués, limitant la capacité d’intervention en proximité ».

« La coalition des droites qui gouvernent ce pays s’acharne à poursuivre sa politique de recul de la République, tout en surfant avec démagogie sur les conséquences concrètes subies par les populations », accuse Jérémie Giono. « Ça suffit ! » Dans les prochaines semaines, annonce-t-il, « le PCF lancera une grande campagne auprès des populations victimes du trafic, en premier lieu les classes laborieuses, pour présenter un plan d’action global contre ce fléau. La mobilisation populaire sera déterminante pour faire enfin bouger les pouvoirs publics ! »
Attaque à la grenade : le suspect de 17 ans mis en examen et écroué
Un mineur de 17 ans, soupçonné d’être l’auteur de l’attaque à la grenade, le 12 février, au Village olympique, a été interpellé le 19 février à Renage, puis placé en garde à vue. Il a d’abord reconnu son implication, avant de se rétracter. Mais les enquêteurs ont finalement pu le confondre, disposant de preuves matérielles l’incriminant. Présenté à un juge d’instruction lyonnais, l’adolescent a donc été mis en examen, samedi 22 février, notamment pour « tentative de meurtre en bande organisée » et détention d’arme. Il a également été placé en détention provisoire.