Pinar Selek, médaillée de la ville de Grenoble

Par Edouard Schoene

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Pour des raisons de sécurité, la remise de la médaille de la ville a eu lieu en comité restreint.
Vendredi 31 janvier, dans le salon de réception de l’Hôtel de Ville de Grenoble, en présence du maire Eric Piolle, de l’adjoint Emmanuel Carroz et du comité de soutien à Pinar Selek, la militante turque Pinar Selek assistait en visioconférence à la rencontre au cours de laquelle la médaille de la ville de Grenoble lui a été remise.

Pinar Selek, écri­vaine, socio­logue et mili­tante fran­co-turque, natu­ra­li­sée fran­çaise depuis 2017 après avoir obte­nu le sta­tut de réfu­giée à son arri­vée en France en 2011,  est pour­sui­vie par l’État turc depuis 26 ans. En 1998, elle est accu­sée à tort d’avoir com­mis un atten­tat en Tur­quie et est empri­son­née par la jus­tice de ce pays. Après deux ans et demi de pri­son pen­dant les­quels elle a été vic­time de tor­tures, elle se réfu­gie en France.

À quatre reprises, en 2006, 2008, 2011 et 2014, la Cour pénale de Tur­quie l’acquitte des charges qui pèsent contre elle, mais ces acquit­te­ments sont sys­té­ma­ti­que­ment annu­lés par la Cour suprême. Elle est désor­mais aus­si inquié­tée pour ses acti­vi­tés uni­ver­si­taires ici, en France. A pré­sent pour­sui­vie pour la cin­quième fois, Pinar Selek se voit accu­sée d’allégeance avec le PKK, l’organisation kurde injus­te­ment clas­sée comme ter­ro­riste, pour avoir par­ti­ci­pé à une table ronde coor­ga­ni­sée à Nice par l’université Côte d’Azur et l’université Paris.

Pinar Selek.

Alors que le cin­quième pro­cès de la socio­logue doit reprendre le 7 février à Istan­bul, un col­lec­tif de 517 uni­ver­si­taires de 27 pays exige, dans une tri­bune publiée par le Monde, l’acquittement défi­ni­tif de Pinar Selek et prend la défense de la liber­té aca­dé­mique.

La remise de la médaille, en comi­té res­treint, fut très émou­vante. Pinar Selek, pour des rai­sons de sécu­ri­té ne s’est pas dépla­cée à Gre­noble. Les menaces fas­cistes de grou­pe­ments turques à la solde du pou­voir d’Erdogan se mul­ti­plient. Pinar Selek s’était ren­due à Gre­noble en octobre der­nier à l’invitation de l’As­so­cia­tion isé­roise des amis des Kurdes, avec des condi­tions de pro­tec­tion par­ti­cu­liè­re­ment dras­tiques prises par les invi­tants.

Corinne Liech­ti et Eric Piolle.

Dans une prise de parole dense, émou­vante, très poli­tique,  le maire Eric Piolle a énon­cé les mul­tiples rai­sons de sou­te­nir et hono­rer Pinar Selek au nom, notam­ment,  des valeurs répu­bli­caines de la France, des enga­ge­ments de la ville, com­mune com­pa­gnon de la libé­ra­tion.

 Corinne Liech­ti, repré­sen­tante locale du comi­té isé­rois de sou­tien à Pinar Selek, est inter­ve­nue et a pas­sé la parole à diverses asso­cia­tions et per­son­na­li­tés sou­tiens à Pinar Selek : Mary­vonne Mathéoud (AIAK), Cathe­rine Pou­nard­jian (asso­cia­tion Armé­nie échanges pro­mo­tion, AEP), Anti­gone, scop l’ORAGE, Pierre Bataille, membre du bureau de l’Association fran­çaise des socio­logues. Puis Pinar Selek, pré­sente sur plu­sieurs écrans, a cha­leu­reu­se­ment remer­cié le maire et la muni­ci­pa­li­té de Gre­noble pour ce pré­cieux sou­tien.

La médaille de la ville de Gre­noble.

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