Seyssins. Les salariés de la clinique du Dauphiné de nouveau en grève

Par Manuel Pavard

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Des salariés de la clinique du Dauphiné sur le piquet de grève, mardi 12 novembre, sur les hauteurs de Seyssins.
Deux ans après leur premier mouvement, les salariés de la clinique psychiatrique du Dauphiné, à Seyssins, ont entamé une nouvelle grève illimitée ce lundi 11 novembre au soir. Soutenus par la CGT santé action sociale, les grévistes protestent notamment contre leur nouveau management ainsi que contre la dégradation de leurs conditions de travail.

Les négociations menées ce mardi 12 novembre, dans l’après-midi, n’ont conduit à aucune avancée. La direction a simplement « proposé de réfléchir à nous payer ce qu’on nous doit », ironise Laure Drillat, déléguée syndicale CGT. Les salariés de la clinique psychiatrique du Dauphiné, à Seyssins, poursuivent donc leur grève illimitée entamée lundi 11 novembre au soir.

Deux ans après un premier mouvement massif, le mécontentement est toujours généralisé, avec plus de 95 % de grévistes parmi les 86 salariés. « Il n’y a que trois soignants qui ne font pas grève », précise Laure Drillat. En cause cette fois-ci, le management de la nouvelle direction, qui « met en souffrance de nombreux salariés », ainsi que la dégradation des relations sociales et des conditions de travail.

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Depuis la grève de 2022, la situation a continué à se détériorer, selon le personnel.

Tant qu’ils n’auront pas de garanties sur ce dernier point, le mouvement perdurera, assurent les grévistes. Concrètement, cela implique notamment « qu’on ne touche pas à notre planning », mais aussi d’obtenir « des garanties sur les effectifs infirmiers », précise la soignante. Ses craintes ? Passer à « deux le week-end au lieu de trois, pour 35 patients », et la nuit, « de un pour 35 à un pour 70, comme dans d’autres cliniques du groupe ». Si la direction n’a pas confirmé de telles intentions, elle refuse toutefois de donner des gages à ce sujet.

« Des financiers qui détruisent des vocations »

« Ce sont des financiers », tacle Laure Drillat en évoquant le groupe Orpea (désormais Emeis), qui a racheté la clinique en 2020. « On a l’impression qu’on ne parle pas le même langage », ajoute-t-elle.

Après la grève d’octobre 2022, les soignants n’ont « pas eu d’augmentation de salaire » suivant l’inflation, déplore la déléguée CGT. Avant d’énumérer : « Ils nous devaient une prime de 150 euros net. La participation n’a pas été versée, alors qu’elle doit l’être en juin normalement. Et on a aussi des salariés qui travaillent sans contrat, une collègue qui n’est pas payée et a dû faire un crédit… »

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Le groupe Emeis (anciennement Orpea) est dans le viseur des soignants.

 Laure Drillat fustige ainsi « la manière dont sont traités les gens ». « On a des collègues qui sont complètement déprimés », constate-t-elle, accusant ces « financiers qui détruisent des vocations ». Et de rappeler le passif d’un « groupe alpagué pour maltraitance ». Laquelle touche à la fois les soignants et les patients.

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Plus de 95% des salariés de la clinique sont en grève.

En psychiatrie, les conséquences peuvent être en effet particulièrement lourdes pour ces derniers. « Que font les patients une fois dehors ? », s’interroge la représentante syndicale, pointant notamment les risques de décompensation ou de suicide. Pour elle, le groupe Orpea/Emeis ne réfléchit qu’en termes de profit et de bénéfices potentiels. « Mais il y a des limites quand on travaille avec des êtres humains », s’insurge-t-elle.

Les grévistes seront de nouveau reçus par la direction ce mercredi matin. Avec des revendications inchangées : l’organisation du travail en douze heures, la non-diminution du ratio patients/soignants, les acquis sociaux, les embauches sur les postes vacants et l’augmentation générale des salaires.

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Les soignants refusent de voir la santé gérée comme un produit financier.

« On essaye de limiter la casse, même pas de gagner de nouveaux droits », souligne Laure Drillat. Pour l’instant, la seule réponse de la direction est de « faire rentrer des huissiers tous les jours », observent les soignants, amers. Il y a pourtant urgence. Car le turn-over est déjà presque inexistant à la clinique du Dauphiné. Et si rien ne change, « on partira », préviennent-ils.

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