Grenoble. La mobilisation pour la défense de la poste obtient de premiers reculs

Par Luc Renaud

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Isabelle Peters, première adjointe de la ville de Grenoble, François Auguste, du collectif « J’aime ma poste » et Arnaud Vossier, délégué syndical Sud solidaires.

Plus de cent cinquante personnes dont de nombreux élus grenoblois ont participé à un rassemblement devant le bureau de poste Alsace-Lorraine le 30 avril dernier. Un bureau dont la date de fermeture a été reportée tandis que ceux des Eaux-claires et de Malherbe-Teisseire devraient rester en activité. Reste pourtant l’avenir incertain des bureaux de Stalingrad et de la Bajatière.

Cinq bureaux de poste grenoblois dans le viseur, pas moins. Dans les échanges de ces derniers mois entre le groupe la Poste et la ville de Grenoble, ont ainsi été cités celui des Eaux-claires, d’Alsace-Lorraine, de Malherbe-Teisseire, de Stalingrad et de la Bajatière.

Dans un premier temps, la poste a fait machine arrière aux Eaux-claires. A Malherbe, la mobilisation est passée par là. 1700 signatures ont été recueillies sur la pétition proposée par les unions de quartier. La municipalité s’est également opposée à la fermeture de ce bureau et elle a son mot à dire dans ce quartier « politique de la ville ». La poste a donc annoncé que des travaux allaient être entrepris dans ce bureau fermé après les violences urbaines de juin 2023 pour une réouverture envisagée pour la fin de l’année – « il faudra rester vigilant pour que la promesse soit tenue », souligne un responsable de l’union de quartier.

Réouverture avec toujours la perspective – que la poste semble envisager comme une contrepartie – de la fermeture des bureaux de Bajatière et Stalingrad.

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La rassemblement a eu lieu devant le bureau de poste de l’avenue Alsace-Lorraine.

En position de marche arrière, c’est aussi ce qui semble être l’attitude la direction de la poste à Alsace-Lorraine : la fermeture était annoncée pour le 15 juin, elle est reportée… à une date non précisée.

« Reportée au 16 juin ? », s’interrogeait Arnaud Vossier, délégué syndical Sud. Le syndicaliste prenait la parole devant le rassemblement de près de deux cents personnes qui a eu lieu le 30 avril devant le bureau Alsace-Lorraine en soulignant que « la direction nous a longtemps menti en affirmant qu’il n’était pas question de fermeture ici ». D’autant que ce projet est difficilement compréhensible : le bureau Alsace-Lorraine est un bureau dont la fréquentation est en hausse.

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François Auguste, collectif « J’aime ma poste ».

L’heure est donc à la poursuite de la mobilisation. Ce que rappelait François Auguste, au nom du collectif « J’aime ma poste », collectif composé des syndicats CGT et Sud, d’usagers, d’élus et d’associations – dont l’union de quartier Malherbe qui l’a récemment rejoint. François Auguste ne manquait pas de souligner que l’action avait déjà empêché les fermetures de Stalingrad et de l’Île verte. Car ce n’est pas d’aujourd’hui que la poste ambitionne de réduire le service public que proximité, comme en témoigne, entre autres nombreux exemples, la quasi disparition des boîtes aux lettres jaunes.

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Isabelle Peters, première adjointe à Grenoble.

Le groupe la Poste justifie ces choix par le transfert de ses activités vers des points de contact chez des commerçants. Isabelle Peters, première adjointe à la ville de Grenoble, le soulignait. « Aller chercher son colis dans un Vival, ce n’est pas la même chose que se rendre dans un bureau de poste où l’on rencontre des agents assermentés qui peuvent effectuer toutes les opérations dont un usager peut avoir besoin. »

Près d’un milliard de bénéfices en 2023

« Nous sommes face à un choix politique d’abandon du service public », nous indiquait Isabelle Peters en marge du rassemblement. Un choix qui concerne la poste, mais aussi la santé ou les finances publiques, l’éducation…
« L’objectif est de dégager des ressources pour financer l’explosion des profits : ce que l’on économise sur les services publics, on l’utilise pour supprimer l’impôts sur les grandes fortunes, réduire les cotisations patronales, réduire l’impôt sur les sociétés, financer les aides sans contrôle aux entreprises, compenser le manque à gagner de la fraude fiscale… tout ce qui explique aujourd’hui la croissance exponentielle des profits et des dividendes dans les grands groupes », constate l’élue communiste.
Choix qui sont également ceux de la direction du groupe La Poste. Un groupe qui est aujourd’hui une société anonyme détenue par deux actionnaires, la Caisse des dépôts et l’État qui fonctionne selon les logiques d’une société privée. La poste a réalisé un bénéfice de près d’un milliard d’euros en 2023 et le groupe réalise aujourd’hui près de la moitié (44%) de ses activités à l’étranger.
« On ne peut pas tout à la fois privilégier les résultats financiers et répondre aux besoins de proximité des usagers », dénonce Isabelle Peters.

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