Minus 16 ©Ros Ribas

Jeudi 28 mars 2024 – Trois chorégraphes de renommée internationale au menu de deux soirées qui ont affiché « complet ». Dix-huit danseurs et danseuses de la jeune compagnie de danse espagnole IT Dansa. Sept cents spectatrices et spectateurs d’abord charmés puis enthousiasmés par la troisième pièce, Minus 16 de Ohad Naharin.

Kaash de Akram Khan

La pièce – créée en 2002 – est considérée comme une des œuvres majeures d’Akram Khan. Sur la feuille de salle, on lit qu’elle évoque l’origine du monde – ah ! – et crée des ponts entre danse contemporaine et danse kathak indienne. C’est propre, construit, d’une beauté un peu froide.

Lo Que No Se Ve de Gustavo Ramírez Sansano

Trois duos se succèdent dans la pénombre explorant les relations de couple. On veut être ensemble, puis on ne se supporte plus, on se quitte. La Jeune fille et la mort de Schubert souligne la désillusion, la souffrance, renforce l’émotion.

Minus 16 de Ohad Naharin

Ce troisième opus ne pouvait se situer plus tôt dans la soirée tant il surprend et enthousiasme le public par sa décontraction et son audace.

Alors que le public rentre dans la salle à la fin de l’entracte, un danseur en costume de ville noir, chemise blanche et chapeau noir les regarde passer, mime leur démarche, on le croirait. Quel impertinent ! On s’amuse.

Puis les dix-huit danseurs et danseuses apparaissent, assis sur des chaises noires disposées en arc de cercle. Très bel effet de groupe ! Au son de musiques traditionnelles cubaines et israéliennes, ils lancent leurs chapeaux derrière eux, dansant assis, sautant par-dessus leurs chaises. Ils et elles se défont de leurs vestes, de leurs chemises et de leurs pantalons. Bientôt les chaussures rejoignent le tas de vêtements épars sur la scène. Garçons et filles sont en maillots et caleçons gris clair, dansant, spontanément dirait-on, en improvisant. Ce que le chorégraphe nomme sa technique « gaga ».
Puis les danseurs et les danseuses reparaissent, habillé·es comme au début, en costume de ville et chapeau et montent dans les gradins en quête de partenaires. Quelques instants plus tard, des couples évoluent sur scène au rythme du slow puis du cha-cha-cha. Dix-sept femmes aux pulls et chemisiers de couleurs éclatantes -verts, rouges, orange – et un seul homme en veste de jogging orange. On est surpris de l’aisance corporelle des invité·es et de leur sens du rythme. Ces dix-huit couples formés d’un·e danseur·se professionnel·le et d’un·e néophyte dansent bien. C’est beau, surprenant. La salle applaudit à tout rompre !

Un doute se fait jour : les partenaires trouvé·es dans la salle ont-ils été sélectionné·es à l’avance ? A la fin du spectacle, je vais poser la question à l’une des spectatrices assise quelques rangs plus bas. Pas du tout ! Et elle paraissait encore sous le coup de l’émotion. Bravo !

Vive la technique « gaga » qui invente à l’infini de nouvelles gestuelles ! Bravo à Ohad Naharin, le chorégraphe israélien, qui prouve que la danse est un langage universel.

Ohad Naharin vient de décider de renoncer aux spectacles que sa troupe devait donner en France en juin prochain « malgré ses engagements en faveur de la paix et du rapprochement entre les peuples, pour des raisons de sécurité de ses danseurs, de son équipe et même du public ».

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