Missak et Mélinée Manouchian, un couple en résistance

Par Travailleur Alpin

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Conférence débat avec Gérard Streiff, vendredi 5 avril à 18h30, maison de quartier Fernand Texier, 163 avenue Ambroise Croizat à Saint-Martin- d’Hères.

Gérard Streiff, journaliste et romancier, est l’invité de la société des lecteurs de l’Humanité, ce vendredi 5 avril à Saint-Martin‑d’Hères. Il évoquera son dernier livre, Missak et Mélinée, un couple en résistance.

La vie de Mis­sak et Méli­née Manou­chian s’est confon­due avec les grands espoirs et les pires tra­gé­dies de la pre­mière moi­tié du XXe siècle. Res­ca­pés du géno­cide armé­nien, réfu­giés en France, soli­daires de leurs sem­blables acca­blés de souf­frances, com­mu­nistes, résis­tants, ils étaient fol­le­ment épris l’un de l’autre.

Leur enga­ge­ment anti­fas­ciste n’a jamais failli, même durant les heures les plus noires de l’occupation alle­mande et de la col­la­bo­ra­tion. Et puis, il y a eu la tra­hi­son fatale, celle qui a conduit à ce ter­rible jour de février 1944 où Mis­sak et ses cama­rades francs-tireurs et par­ti­sans-Main d’œuvre immi­grée (FTP-MOI) ont été exé­cu­tés au Mont-Valé­rien, après des mois de tor­tures indi­cibles. Ces étran­gers sont morts pour la France, en héros, mal­gré la pro­pa­gande nazie de l’Affiche rouge qui les a pré­sen­tés comme « l’armée du crime ». Ils sont entrés dans l’Histoire.

Mis­sak, l’ouvrier, le sans-papiers, le poète féru de lettres, devient un com­bat­tant de l’ombre, rejoint la lutte armée et prend la tête de la direc­tion mili­taire des FTP-MOI de Paris et de la région pari­sienne. Avec ses cama­rades, ils signe­ront des attaques spec­ta­cu­laires. Méli­née dac­ty­lo­gra­phie des tracts, les trans­porte, etc. Mis­sak se sait « filo­ché ». La nuit du 15 novembre 1943, « il savait que, pour lui, que c’était la fin ». « Il y avait dans ses yeux à la fois de la pitié, de la crainte, et l’expression d’un immense amour inache­vé », écri­ra bien des années plus tard Méli­née. Le len­de­main, Mis­sak est cueilli par la police avec son chef et figure des FTP, Joseph Epstein. Les deux hommes seront atro­ce­ment tor­tu­rés. Aucun ne par­le­ra.

La plume effi­cace de Gérard Streiff retrace l’incroyable bio­gra­phie des Manou­chian, un couple deve­nu mythique, mais dont la vie n’a rien d’une romance. À tra­vers leur his­toire, le jour­na­liste brosse avec minu­tie l’impressionnante toile orga­ni­sa­tion­nelle de la Résis­tance rouge, le rôle sin­gu­lier et déter­mi­nant qu’ont joué les inter­na­tio­na­listes au nom de leur idéal. L’auteur ne contourne aucun sujet sen­sible. Il bat en brèche les réin­ter­pré­ta­tions his­to­riques et idéo­lo­giques mal­hon­nêtes qui ont par­fois écla­bous­sé l’action de ces femmes et de ces hommes en géné­ral, et du PCF en par­ti­cu­lier.

L’ouvrage de Gérard Streiff est un hom­mage sin­cère à l’action des apa­trides et de tous les com­bat­tants « étran­gers et nos frères pour­tant », selon les vers de Louis Ara­gon, aux anti­podes des théo­ries racistes de l’extrême droite désor­mais éri­gées en loi.

Confé­rence débat avec Gérard Streiff, ven­dre­di 5 avril à 18h30, mai­son de quar­tier Fer­nand Texier, 163 ave­nue Ambroise Croi­zat à Saint-Mar­tin- d’Hères.
Mis­sak et Méli­née Manou­chian, un couple en Résis­tance, Gérard Streiff, édi­tion l’Archipel, 234 pages, 21 euros.

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