Maria-Fernanda Goncalves et Magali Curty.

Le syndicat CGT d’ADF 38 (Aide à domicile aux familles et aux personnes de l’Isère) avait lancé un appel à la grève le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

La lettre adressée à la direction comportait onze points de revendications. Elle se conclut ainsi : « C’est nous les travailleurs de terrain qui sommes la force et la richesse d’Adf 38, alors prenez soin de nous ! »

Ce qui frappe à écouter les deux syndicalistes, c’est leur passion du travail, l’affirmation de la conscience professionnelle et une grande colère. Le travail est de plus en plus lourd et diversifié, la fatigue s’accroit de mois en mois et le salaire n’est pas au niveau des besoins et attentes. Besoins car l’inflation rend de plus en plus difficile le bouclage des budgets et attentes car la grille de salaires ne correspond pas au tâches réelles et aux charges de travail.
Maria-Fernanda Goncalves, responsable syndicale, conseillère prud’hommale insiste, parlant de ses collègues : « elles aiment leur travail mais préfèrent changer de travail et gagner plus. Beaucoup sont en burn out. Nous sommes en grève en premier lieu pour nos salaires qui n’évoluent pas ni en fonction de l’inflation, ni en fonction de nos tâches et responsabilités ».

Grenoble Veynes Lus-la-Croix-haute

La liste des métiers qu’assument ces travailleuses est impressionnante : « TISF (technicienne d’intervention sociale et familiale), aide à domicile, intervention auprès d’enfants, mamans en fin de vie, prévention dans les familles, intervention auprès d’enfants ayant des troubles de comportement, intervention dans des familles nombreuses où les parents sont dépassés, réponse à des alertes lancées par des groupes scolaires… A l’ADF on ne fait que des familles avec enfants. On fait de la prévention lourde ; on remplace des travailleurs sociaux qui manquent. Hélas notre convention collective ne correspond pas à nos métiers ».

Un exemple de salaire : pour 30 h par semaine, avec près de 20 ans d’ancienneté, 1700€ net y compris la prime de transport, assuré pour presque tout le personnel par un véhicule personnel.

Les deux salariées syndicalistes expliquent en chœur que la charge mentale est de plus en plus lourde du fait de nombreux départs, du manque d’effectifs, des formations de jeunes embauchés, de bilans écrits à produire…

« Nous ne pouvons pas, même si nous y sommes autorisés, louper une visite bimensuelle d’un enfant auprès d’un de ses parents, ce serait trop dur pour les personnes concernées. Nos collègues nous soutiennent mais ne se sentent pas de faire grève et d’être encore plus en difficultés financière. Nous en retrouverons quelques unes à la manif des femmes cet après-midi », le 8 mars.

Soutenues par l’union locale CGT qui avait dépêché des militants, les syndicalistes disent vouloir poursuivre leur mobilisation pour obtenir des avancées auprès de leur direction, laquelle dénonce les moyens insuffisants alloués par la CAF et le département.

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