Fontaine. « Prenez soin de nous ! »

Par Edouard Schoene

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Maria-Fernanda Goncalves et Magali Curty.

Le syndicat CGT d’ADF 38 (Aide à domicile aux familles et aux personnes de l’Isère) avait lancé un appel à la grève le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

La lettre adres­sée à la direc­tion com­por­tait onze points de reven­di­ca­tions. Elle se conclut ain­si : « C’est nous les tra­vailleurs de ter­rain qui sommes la force et la richesse d’Adf 38, alors pre­nez soin de nous ! »

Ce qui frappe à écou­ter les deux syn­di­ca­listes, c’est leur pas­sion du tra­vail, l’affirmation de la conscience pro­fes­sion­nelle et une grande colère. Le tra­vail est de plus en plus lourd et diver­si­fié, la fatigue s’accroit de mois en mois et le salaire n’est pas au niveau des besoins et attentes. Besoins car l’inflation rend de plus en plus dif­fi­cile le bou­clage des bud­gets et attentes car la grille de salaires ne cor­res­pond pas au tâches réelles et aux charges de tra­vail.
Maria-Fer­nan­da Gon­calves, res­pon­sable syn­di­cale, conseillère prud’hommale insiste, par­lant de ses col­lègues : « elles aiment leur tra­vail mais pré­fèrent chan­ger de tra­vail et gagner plus. Beau­coup sont en burn out. Nous sommes en grève en pre­mier lieu pour nos salaires qui n’évoluent pas ni en fonc­tion de l’inflation, ni en fonc­tion de nos tâches et res­pon­sa­bi­li­tés ».

ADF38

La liste des métiers qu’assument ces tra­vailleuses est impres­sion­nante : « TISF (tech­ni­cienne d’intervention sociale et fami­liale), aide à domi­cile, inter­ven­tion auprès d’enfants, mamans en fin de vie, pré­ven­tion dans les familles, inter­ven­tion auprès d’enfants ayant des troubles de com­por­te­ment, inter­ven­tion dans des familles nom­breuses où les parents sont dépas­sés, réponse à des alertes lan­cées par des groupes sco­laires… A l’ADF on ne fait que des familles avec enfants. On fait de la pré­ven­tion lourde ; on rem­place des tra­vailleurs sociaux qui manquent. Hélas notre conven­tion col­lec­tive ne cor­res­pond pas à nos métiers ».

Un exemple de salaire : pour 30 h par semaine, avec près de 20 ans d’ancienneté, 1700€ net y com­pris la prime de trans­port, assu­ré pour presque tout le per­son­nel par un véhi­cule per­son­nel.

Les deux sala­riées syn­di­ca­listes expliquent en chœur que la charge men­tale est de plus en plus lourde du fait de nom­breux départs, du manque d’effectifs, des for­ma­tions de jeunes embau­chés, de bilans écrits à pro­duire…

« Nous ne pou­vons pas, même si nous y sommes auto­ri­sés, lou­per une visite bimen­suelle d’un enfant auprès d’un de ses parents, ce serait trop dur pour les per­sonnes concer­nées. Nos col­lègues nous sou­tiennent mais ne se sentent pas de faire grève et d’être encore plus en dif­fi­cul­tés finan­cière. Nous en retrou­ve­rons quelques unes à la manif des femmes cet après-midi », le 8 mars.

Sou­te­nues par l’union locale CGT qui avait dépê­ché des mili­tants, les syn­di­ca­listes disent vou­loir pour­suivre leur mobi­li­sa­tion pour obte­nir des avan­cées auprès de leur direc­tion, laquelle dénonce les moyens insuf­fi­sants alloués par la CAF et le dépar­te­ment.

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