Le 5 mars, rassemblement devant les locaux des finances publiques, rue de Belgrade à Grenoble.

Depuis le 23 février, les salariées de la société Elior-Derichebourg se mobilisent contre la décision du groupe de supprimer douze postes. Le groupe est sous-traitant des services de l’État pour le nettoyage des locaux publics.

L’ambiance est chaude ce mardi 5 mars devant les locaux de la direction des finances publiques, rue de Belgrade à Grenoble. Les femmes de ménages du groupe Elior-Derichebourg en sont à leur huitième journée de grève, et entendent bien le faire savoir. La cause : une décision du groupe de sabrer dans les effectifs affectés au nettoyage des bureaux de la préfecture et du centre des impôts (av. Rhin-et-Danube), passant sur chacun de ces sites les équipes de six à trois agents.

Des mutations imposées… dans d’autres secteurs d’activité !

Les douze salariées, toutes avec entre vingt et trente ans d’ancienneté, se voient ainsi imposer des mutations sur d’autres sites, comme le CHU ou des EHPAD. L’une d’entre elle témoigne au micro : « Ce ne sont pas les mêmes métiers, nous on nettoie des bureaux, et on va nous envoyer nettoyer la morgue à l’hôpital, ou des maisons de retraites. Moi, je ne tiendrai pas à être confrontée tous les jours à la souffrance de personnes âgées, à la fin de vie, je n’ai pas signé pour ça… ».

Une détresse accrue par la brutalité de la méthode : à peine quelques jours entre l’information et le demande de nouvelle prise de poste, et aucune concertation.

Des décisions guidées par le profit financier, et l’État qui fait la sourde oreille

Si le groupe agit ainsi, c’est bien pour augmenter l’exploitation des salariées, et sa rentabilité financière. Faisant fi des conséquences humaines. Pour une autre salariée, « ils ne savent pas ce que c’est de commencer à 4h du matin, de trimer toute la journée, pour un salaire de moins de 1400 € ! Qu’ils viennent faire ce travail, ils verront ! On ne demande rien, juste le respect ! ».

Les services de l’État, donneurs d’ordres – le groupe travaille pour la préfecture, la DDT, les finances publiques, le ministère du Travail, le tribunal administratif… – se réfugient jusqu’à présent derrière une posture d’impuissance, arguant que le conflit concerne l’entreprise et non eux. Pourtant, ce sont bien eux qui payent l’entreprise pour ces prestations, qui risquent fort de se dégrader si ces décisions sont appliquées…

Des soutiens politiques, et un 8 mars aux teintes sociales

Plusieurs forces politiques de gauche ont exprimées leur soutien aux salariées mobilisées. La députée Elisa Martin (France insoumise), ainsi que le NPA, l’UCL, Lutte Ouvrière ou encore le PCOF.
Le parti communiste, présent à la manifestation parmi les soutiens, a également écrit au préfet pour l’interpeller sur la situation de ces femmes.

Dans son courrier, Jérémie Giono, secrétaire départemental, rappelle qu’ « elles sont l’illustration de toutes celles et ceux que le président de la République qualifiait lors de la pandémie de COVID de « héros du quotidien ». Les services de l’État, en tant que donneurs d’ordres, ont la responsabilité d’intervenir avec fermeté auprès de son prestataire, afin qu’il renonce à ces mutations forcées et réductions d’effectifs. »

Cette lutte vient ainsi mettre en lumière la situation de ces métiers essentiels, souvent majoritairement occupés par des femmes, qui sont aujourd’hui dévalorisés.

Les femmes de ménages seront ainsi en tête de cortège lors de la manifestation du vendredi 8 mars, qui partira à 14h du CHU de Grenoble (arrêt de tram Michallon), à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. La députée Rachel Kéké, ancienne femme de chambre, sera présente pour l’occasion afin de leur apporter son soutien.

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