Voiron. Le PCF, la CGT et Ras l’Front n’étaient pas les bienvenus à la foire de la Saint-Martin 2023

Par Luc Renaud

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Le barnum de l’union locale CGT le vendredi 10 novembre, à la foire de la Saint-Martin, à Voiron.

De l’interdiction pure et simple aux difficultés administratives en passant par la destruction du stand de la CGT, la foire de la Saint-Martin n’a pas été un long fleuve tranquille, cette année. On se souviendra que le maire de Voiron avait parrainé la candidature d’Eric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle.

Le stand de Ras‑l’front inter­dit, celui de la CGT van­da­li­sé, le stand du PCF empê­ché… que s’est-il pas­sé à Voi­ron, lors de la foire de la Saint-Mar­tin de novembre der­nier ? Ces trois orga­ni­sa­tions ont pour­tant pignon sur rue à la foire, et depuis des années. Mais, en 2023, la muni­ci­pa­li­té a déci­dé de voir les choses autre­ment.

Pour l’As­so­cia­tion anti­ra­ciste, anti­fas­ciste RLF Voi­ron Isère – Réseau de lutte contre le fas­cisme — (ex Ras l’front), c’est simple. La ville a pure­ment et sim­ple­ment refu­sé d’autoriser sa pré­sence à la foire. Le pré­texte étant que cette asso­cia­tion pour­suit un but poli­tique et n’est pas orga­ni­sée natio­na­le­ment. Bien que pré­sente sur la foire depuis une tren­taine d’années. L’association com­mente : « Nous ne pou­vons igno­rer le contexte poli­tique actuel, dans lequel le maire de Voi­ron a publi­que­ment sou­te­nu et par­rai­né M. Éric Zem­mour lors des der­nières élec­tions pré­si­den­tielles. RLF Voi­ron est d’au­tant plus déter­mi­née à conti­nuer son action loca­le­ment en faveur de l’é­ga­li­té, de la lutte contre le racisme et les dis­cri­mi­na­tions et à faire entendre sa voix mal­gré les obs­tacles qui nous sont impo­sés ».

Le coup de la res­pon­sable injoi­gnable

Plus sub­til en ce qui concerne le PCF. De fait, il est assez connu que ce par­ti est orga­ni­sé natio­na­le­ment. Là, c’est un cour­rier qui n’est jamais arri­vé. Cour­rier de la ville qui infor­mait la sec­tion com­mu­niste que, cette année, il fal­lait payer l’emplacement. Les com­mu­nistes sont pré­sents à la foire depuis des décen­nies, leur stand est gra­tuit comme celui de toutes les asso­cia­tions orga­ni­sées à Voi­ron, y com­pris celles qui ont une acti­vi­té lucra­tive pen­dant la foire pour finan­cer leurs acti­vi­tés. Le cour­rier n’étant pas arri­vé, la muni­ci­pa­li­té n’ayant ten­té aucune démarche pour joindre Nadine Coquillat, la secré­taire de la sec­tion com­mu­niste – bien connue en ville et dont les coor­don­nées figu­raient comme chaque année dans la fiche de réser­va­tion de l’emplacement trans­mise à la ville – les com­mu­nistes se sont vus, eux aus­si, inter­dits de foire. Au der­nier moment, la tenue d’un stand d’information a été rem­pla­cée par une dis­tri­bu­tion de tracts sur les pro­po­si­tions com­mu­nistes pour une maî­trise du coût de l’énergie.

CGT-Voiron-barnum

Le bar­num de la CGT au matin du same­di 11 novembre.

Pour l’union locale CGT, la mise en cause de l’activité syn­di­cale dans la foire de la Saint-Mar­tin s’est réa­li­sée en plu­sieurs étapes. A l’ouverture de la foire, l’emplacement habi­tuel­le­ment dévo­lu à la CGT, à proxi­mi­té de la bourse du tra­vail – la CGT avait dû cette année s’acquitter d’un paie­ment –, avait été attri­bué à un com­mer­çant. Il a fal­lu trans­por­ter le maté­riel pour rejoindre l’emplacement impo­sé en 2023. Le pre­mier jour de la foire, les syn­di­ca­listes ont été som­més de réduire le volume de leur sono­ri­sa­tion. Ils avaient pour­tant été ins­tal­lés en face d’un espace de res­tau­ra­tion dont la sono­ri­sa­tion était net­te­ment plus gaillarde.

Le « meilleur » reste à venir. Dans la nuit du ven­dre­di au same­di 11 novembre, le stand était car­ré­ment détruit. On ne connaît pas les auteurs de cette agres­sion, plainte a été dépo­sée. Comme cette plainte dépo­sée en 2019 pour les mêmes faits et… res­tée sans suite.

Le stand van­da­li­sé et l’emplacement aus­si­tôt réat­tri­bué

Mais l’histoire n’est pas ter­mi­née. Au matin du same­di, lorsque les mili­tants de la CGT se sont ren­dus là où ils ima­gi­naient retrou­ver leur stand, l’emplacement avait été réat­tri­bué par les agents de la ville et ce qui res­tait du maté­riel syn­di­cal embar­qué par les ser­vices muni­ci­paux. His­toire de « faire propre », sans doute. Les syn­di­ca­listes ne s’en sont pas lais­sés comp­ter et ils ont pour­sui­vi leurs acti­vi­tés sur ce même empla­ce­ment.

Bref, la barque est char­gée. Après avoir consul­té ses syn­di­cats, l’union locale CGT s’est adres­sée mi-décembre au maire de Voi­ron par une lettre ouverte signée de son secré­taire géné­ral, Guy Manin. On peut notam­ment y lire que « tout cela fait beau­coup et nous porte à croire que notre union locale CGT n’est plus, pour votre muni­ci­pa­li­té, la bien­ve­nue sur cet évé­ne­ment alors que nous y sommes pré­sents depuis plu­sieurs années ». A la suite de ce cour­rier, l’union locale sera reçue le 17 jan­vier à la mai­rie de Voi­ron.

On peut ima­gi­ner que la foire de la Saint-Mar­tin 2024 sera pré­pa­rée dans le détail par les orga­ni­sa­tions pro­gres­sistes de Voi­ron.

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