Une dizaine de grévistes s’est retrouvée place Grenette. Nombre d’entre eux, sans papiers, ne se présentent pas publiquement.
Les livreurs à vélo étaient en grève, les 2 et 3 décembre. Un mouvement national à l’appel de la CGT et de l’Union-indépendants. En cause, les conditions de travail et les rémunérations.
« Nous refusons leur algorithme. » Mohamed Fofana, secrétaire du syndicat CGT des livreurs de Grenoble, s’adressait à la presse, place Grenette, sous la neige, ce samedi 2 décembre. Et il estimait à plusieurs centaines le nombre des livreurs grenoblois qui se sont déconnectés samedi et dimanche, et qui n’ont donc pas pris de commandes.
Car les livreurs à vélo, sous le statut de l’autoentreprise et par conséquent privés des droits dont disposent les salariés, sont soumis à la loi des plateformes. Une commande, pas de commande, un temps de trajet calculé par la machine, une rémunération calculée par la machine…
La machine a bon dos : l’algorithme est le fruit de décisions patronales. Pour ce qui concerne Uber, sa dernière évolution s’est traduite par la baisse des rémunérations. Qui peuvent descendre à deux euros de l’heure.
Alors, l’une des premières revendications, c’est « le droit de savoir », la transparence sur les critères, les modes de calcul, la fin de l’opacité. De même qu’un livreur peut être « débranché », c’est-à-dire de fait licencié, sans motif, sans explication, sans contestation possible : il suffit d’un clic.
Les livreurs à vélo mettent aussi évidemment en cause leurs conditions de travail. Ils pédalent quel que soit le temps et doivent acheter des équipements de protection dont le coût n’est pas compatible avec le niveau des rémunérations. Les intempéries, on a le moyen de s’en protéger… ou pas. Sans oublier le coût des assurances, notamment.
D’où la revendication d’une augmentation des rémunérations pour parvenir au niveau du SMIC. Ce qui passe notamment par la prise en compte des temps d’attente, aujourd’hui non rémunérés.
De même que c’est l’autoentrepreneur qui règle ses cotisations sociales, sans participation patronale : les plateformes achètent des prestations, elles ne paient pas des salariés. Les livreurs demandent donc une participation des plateformes au financement de la protection sociale.
Cette mobilisation nationale était une première. Les livreurs à vélo veulent sortir de l’isolement dans lequel leur statut voulu par les donneurs d’ordre les contraint. En prenant leur place dans le mouvement syndical, ils y parviennent.
Au cours d’un défilé en ville, les syndicalistes se sont adressés aux passants pour faire part de leurs revendications et leur demander de ne pas passer commande en ce weel-end de grève.
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