Isère. La CGT des gardiens de troupeaux demande à la FDSEA d’ouvrir des négociations

Par Luc Renaud

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Le 27 avril, les gardiens de troupeaux mobilisés devant la chambre d’agriculture de l’Isère, à l’appel de la CGT.

Depuis l’automne, les réunions sont reportées. Le syndicat CGT des gardiens de troupeaux a donc organisé le 27 avril un rassemblement devant la chambre d’agriculture, à Moirans. Et les bergers ont obtenu l’ouverture de négociations sur les conditions de travail dans les alpages.

Une date pour discuter.En soi, la reven­di­ca­tion ne paraît pas déme­su­rée. Il a pour­tant fal­lu un ras­sem­ble­ment devant la mai­son de l’agriculture, à Moi­rans, pour que le syn­di­cat Cgt des gar­diens de trou­peaux obtienne un ren­dez-vous pour des négo­cia­tions avec la fédé­ra­tion dépar­te­men­tale des syn­di­cats d’exploitants agri­coles (FDSEA). Car ce syn­di­cat – que l’on a l’habitude d’entendre expri­mer les reven­di­ca­tions des agri­cul­teurs – est une orga­ni­sa­tion patro­nale, un syn­di­cat d’employeurs qui sala­rient des ouvriers agri­coles. Des ber­gers, en l’occurrence.

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Devant la chambre d’a­gri­cul­ture de l’I­sère, à Moi­rans.

Depuis l’automne der­nier, mal­gré l’intervention de l’inspection du tra­vail, les réunions pro­gram­mées ont été à diverses occa­sions repor­tées pour cause, offi­cielle, d’absence de dis­po­ni­bi­li­té des repré­sen­tants de la FDSEA. « Quand on connaît les moyens qui sont les leurs, c’est un peu comme si on se moquait de nous », com­mente Jeof­froy Moreaux, l’un des ani­ma­teurs du syn­di­cat des gar­diens de trou­peaux de l’Isère. D’autant que l’Isère est le seul dépar­te­ment pas­to­ral où les négo­cia­tions n’ont pas été ouvertes, à deux mois de l’ouverture des cabanes dans les alpages.

Ce ren­dez-vous, obte­nu par une délé­ga­tion reçue au cours du ras­sem­ble­ment du 27 avril, ce sera le 24 mai. Et des reven­di­ca­tions à dis­cu­ter, il n’en manque pas.

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Julien Odrat, de la Fédé­ra­tion natio­nale de l’a­groa­li­men­taire et de la forêt CGT, par­ti­ci­pait au ras­sem­ble­ment.

« L’été sur les alpages, nous tra­vaillons de 60 à 80 heures par semaine », constate Emme­line Tabillon, secré­taire du syn­di­cat des ber­gers. Il faut sor­tir le trou­peau tous les jours. Payés de 35 à 40 heures, aux termes des contrats de tra­vail. Dans d’autres dépar­te­ments pyré­néens notam­ment, les contrats pré­voient le paie­ment de 44 heures. « Il fau­drait au moins arri­ver à ça », indique Eme­line. D’autres reven­di­ca­tions portent sur la for­ma­tion. La pré­sence du loup dans les alpages avec ce que cela implique de tra­vail avec les chiens de pro­tec­tion et de condi­tions de gar­dien­nage la nuit, face aux ques­tions nou­velles sur la ges­tion des pâtu­rages dans un contexte de réchauf­fe­ment cli­ma­tique… le métier de gar­dien de trou­peaux exige une tech­ni­ci­té dont la CGT demande la recon­nais­sance. Reven­di­ca­tions éga­le­ment sur les condi­tions de loge­ment, les temps de repos, les outils de tra­vail – les ber­gers tra­vaillent avec leurs propres chiens de trou­peaux dont ils assument l’entretien, par exemple.

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Emme­line Tabillon, secré­taire du syn­di­cat CGT des gar­diens de trou­peaux de l’I­sère et des Alpes du Nord.

Comme tous les sai­son­niers, les gar­diens de trou­peaux sont éga­le­ment direc­te­ment tou­chés par la réforme de l’assurance chô­mage. L’estive dure quatre mois, durée insuf­fi­sante au regard des nou­velles règles d’indemnisation.

C’est de tout cela que les ber­gers et leurs syn­di­cats entendent dis­cu­ter avec les repré­sen­tants de leurs employeurs. Comme cela se pra­tique dans n’importe quelle branche pro­fes­sion­nelle.

« Nous sommes iso­lés sur nos mon­tagnes, mais nous sommes ensemble dans la lutte », se réjouis­sait Jeof­froy Moreaux.

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Les ber­gers étaient venus accom­pa­gnés de leurs chiens.

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Comme tous les sai­son­niers, les ber­gers sont direc­te­ment tou­chés par les res­tric­tions d’ac­cès à l’in­dem­ni­sa­tion du chô­mage.

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