Échirolles. Face au réchauffement climatique, la voie d’une nouvelle stratégie énergétique pour demain ?

Par Anastasia Moshak

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Ce vendredi 21 avril, à l’Espace d’Estienne d’Orves, la section échirolloise du PCF organisait une conférence-débat intitulée : « quelle stratégie énergétique face au réchauffement climatique ? » Tour d’horizon des interventions et discussions de la soirée.

Une qua­ran­taine de per­sonnes se sont ain­si ren­dues à la confé­rence-débat autour de l’énergie et du cli­mat orga­ni­sée par le PCF échi­rol­lois ven­dre­di der­nier. Quatre inter­ve­nant-es étaient pré­sent-es à l’occasion de cet évé­ne­ment : Aman­dine Demore, conseillère dépar­te­men­tale, 1ère adjointe au maire d’Échirolles et membre du par­le­ment de la NUPES ; Sébas­tien Elka, ingé­nieur-cher­cheur et rédac­teur en chef adjoint de la revue Pro­gres­sistes ; Marion d’Allard, jour­na­liste à l’Humanité en charge du pôle Pla­nète ; et Patrick Durand, res­pon­sable CGT-Éner­gie. Des pro­fils dif­fé­rents mais tous com­plé­men­taires dans leur domaine d’expertise et leur par­tage d’expérience, qui ont per­mis un débat métho­dique et riche en pro­po­si­tions pour ima­gi­ner une stra­té­gie éner­gé­tique à la hau­teur des enjeux cli­ma­tiques actuels.

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De gauche à droite : Sébas­tien Elka, Patrick Durand, Marion d’Allard, Aman­dine Demore et Auré­lien Farge.

Les enjeux du réchauf­fe­ment cli­ma­tique

Auré­lien Farge, secré­taire de la sec­tion échi­rol­loise du PCF et ani­ma­teur de la soi­rée, a intro­duit les échanges par une ques­tion fon­da­men­tale pour com­prendre l’importance de la thé­ma­tique : « concrè­te­ment, qu’est-ce-que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, et quelles en sont les consé­quences ? »

Marion d’Allard, pre­mière à inter­ve­nir, s’appuie ain­si sur la défi­ni­tion éta­blie par le GIEC (Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’é­vo­lu­tion du cli­mat) pour décrire une « hausse glo­bale des tem­pé­ra­tures sur Terre depuis envi­ron 1850 », et pré­cise que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est aujourd’hui « le seul sujet dont l’existence fait l’objet d’un consen­sus scien­ti­fique et poli­tique ». Les consé­quences sont mul­tiples et variées, en fonc­tion des lieux sur la pla­nète : séche­resse, inon­da­tions, baisse des réserves dans les nappes phréa­tiques, chutes des ren­de­ments agri­coles, feux de forêts, etc. — mais sur­tout, il s’agit d’un phé­no­mène qui s’accélère de plus en plus, avec des évé­ne­ments tou­jours plus nom­breux et intenses. Marion d’Allard insiste : « ce sont des indus­tries entières qui vont devoir modi­fier leurs acti­vi­tés, et les poli­tiques publiques doivent s’emparer plei­ne­ment de ce sujet ». Quelles réponses à construire ensemble ? Alors, doit-on renon­cer à toute acti­vi­té humaine et à toute pro­duc­tion d’énergie ? La décrois­sance com­plète est-elle notre solu­tion ? Sébas­tien Elka nuance : « le fond de l’affaire, c’est l’organisation de la socié­té autour d’un sys­tème capi­ta­liste qui cherche à faire le plus de pro­fit pos­sible. La pers­pec­tive du pro­fit est un moteur énorme de déve­lop­pe­ment ». Mal­gré tout, la dia­lec­tique liant crois­sance et pro­grès humain existe donc bel et bien : le vrai pro­grès serait de par­ve­nir à trou­ver un équi­libre pour par­ve­nir à une juste uti­li­sa­tion de nos res­sources. Sébas­tien Elka rap­pelle par ailleurs que c’est « essen­tiel­le­ment l’énergie qui pro­duit le réchauf­fe­ment cli­ma­tique aujourd’hui, à tra­vers notam­ment le trans­port et la pro­duc­tion de cha­leur, pour le chauf­fage, par exemple ». D’après lui, l’enjeu est donc de pro­duire bien plus d’électricité propre pour décar­bo­ner notre éner­gie, avec tous les moyens pos­sibles : nucléaire, éner­gies renou­ve­lables, etc. Il salue d’ailleurs la posi­tion « ration­nelle » du PCF ces der­nières années, qui a su faire entendre sa voix en défen­dant des argu­ments scien­ti­fiques, tout en insis­tant sur la pro­blé­ma­tique du sys­tème de libre-mar­ché qui ne per­met pas de chan­ge­ment pro­fond sur notre manière de pro­duire et de consom­mer de l’énergie. Une posi­tion sou­te­nue éga­le­ment par Patrick Durand, qui se désole d’une « indus­trie de l’énergie qui a été sac­ca­gée en France », et qui insiste sur la « néces­si­té de recréer un grand ser­vice public de l’électricité et du gaz, avec l’ensemble des ser­vices asso­ciés, afin de pou­voir réin­ves­tir dans des solu­tions qui n’étaient pas ren­tables pour les entre­prises pri­vées ». L’é­qui­libre dif­fi­cile pour les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales Aman­dine Demore a, quant à elle, abor­dé cette ques­tion de l’énergie sous le prisme du quo­ti­dien des habi­tant-es et des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales. Elle rap­pelle en effet que la dis­pa­ri­tion des tarifs régle­men­tés et la mise en concur­rence a mené une aug­men­ta­tion de 230% pour la Ville d’Échirolles en 2022, soit près de 900 000 € : une situa­tion insou­te­nable pour la com­mune, aujourd’hui en conten­tieux avec EDF, puisqu’il s’agit d’argent en moins à inves­tir pour les habi­tant-es. « Échi­rolles est une ville popu­laire », rap­pelle la pre­mière adjointe : « l’augmentation des tarifs d’électricité et de gaz sont dif­fi­ciles à amor­tir pour beau­coup de familles, et nous essayons de les accom­pa­gner au mieux ». Échi­rolles pour­suit par ailleurs ses objec­tifs de sobrié­té éner­gé­tique et de réno­va­tion des bâti­ments et loge­ments : là encore, c’est la ques­tion du ser­vice public qui est éga­le­ment au cœur des enjeux pour l’avenir.
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A la suite des inter­ven­tions, le public a réagi avec plu­sieurs ques­tions pour ali­men­ter le débat.

Des ques­tion­ne­ments pour l’a­ve­nir Plu­sieurs ques­tions ont été sou­le­vées par le public après l’ensemble des inter­ven­tions, sur des thé­ma­tiques variées : les inéga­li­tés entre les popu­la­tions et les pays sur cette ques­tion du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, l’aspect cultu­rel de nos modes de vie (la néces­si­té d’une tem­pé­ra­ture de chauf­fage éle­vé l’hiver par exemple) et com­ment chan­ger nos habi­tudes, le poids de l’Union euro­péenne, la situa­tion actuelle du parc nucléaire… Des inter­ro­ga­tions concrètes aux­quelles les inter­ve­nant-es ont ten­té de répondre. « La conflic­tua­li­té Nord/Sud est évi­dente », rap­pelle Marion d’Allard, qui a réagit sur la ques­tion des injus­tices entre les popu­la­tions. D’après elle, l’idée n’est pas de stig­ma­ti­ser les pays avec des popu­la­tions qui consomment pour­tant bien moins, mais d’agir vite pour réduire ce qui tombe sous le sens, comme « légi­fé­rer sur les jets pri­vés », par exemple. Sébas­tien Elka com­plète : « le point com­mun entre toutes ces ques­tions, c’est le temps. C’est une des carac­té­ris­tiques du chan­ge­ment pro­fond : il prend du temps ». Face aux inquié­tudes sur la perte de com­pé­ti­ti­vi­té du parc nucléaire fran­çais, sur le trai­te­ment des matières, ou encore le déve­lop­pe­ment de l’hydrogène, il rap­pelle « qu’il s’agit avant tout d’une ques­tion poli­tique : on est tou­jours confron­té à la ques­tion du prix, de la com­pé­tence… mais tant que l’on fait ces choix, c’est qu’on est dans la bonne direc­tion ». Il conclut : « notre ADN, c’est la réa­li­té, et tant que l’on fait des choix qui s’appuient sur elle, on peut conti­nuer à avan­cer ».

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