Plus de cinq cents personnes se sont rassemblées à la halle Clémenceau, à Grenoble, à l’invitation de l’union départementale CGT de l’Isère.
L’allongement de la durée d’une vie au travail renforce la concurrence entre salariés pour trouver un emploi. Tout comme la réforme de l’assurance chômage. De quoi faire accepter baisse du pouvoir d’achat et conditions de travail dégradées. Et ainsi protéger l’envolée des grandes fortunes et des dividendes.
« La mobilisation contre le projet de retraite gouvernementale est historique », constatait Nicolas Benoit en ouvrant le meeting organisé par l’union départementale CGT. Historiques, l’ampleur de la mobilisation, comme l’unité syndicale et la perspective d’une mise à l’arrêt du pays, le 7 mars prochain. Et c’est dans ce contexte de préparation de ce prochain rendez-vous que se déroulait ce meeting, avec la participation de syndicalistes, d’universitaires et de représentants des mouvements politiques qui composent la Nupes.
![Nicolas-Benoit CGT Isère](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Nicolas-Benoit.jpg)
Nicolas Benoit, secrétaire général de l’union départementale CGT Isère.
Les treize intervenants qui se sont succédés tout au long de la soirée abordaient chacun le projet macroniste et l’opposition qu’il suscite sous un angle différent.
Il revenait à Catherine Perret, dirigeante nationale de la Cgt et négociatrice CGT des retraites, de faire la lumière sur les contrevérités de l’argumentation officielle. Avec un constat Le recul de l’âge de départ assorti d’une augmentation de la durée de cotisation poursuit un double objectif : réduire le nombre d’années de retraite et baisser le niveau des pensions versées. Et, toujours, le développement des retraites par capitalisation par l’effondrement du régime par répartition.
![Catherine-Perret CGT](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Catherine-Perret.jpg)
Catherine Perret, membre de la commission exécutive nationale de la CGT.
Elle reprenait quelques-uns des thèmes qui font l’actualité. Les régimes spéciaux ? Ils sont financés par des cotisations plus élevées, réglées par ceux qui en bénéficient. Tandis que l’embauche des personnels soignants et des profs dont le pays a besoin ramènerait 6,5 milliards d’euros dans les caisses. Un manque à gagner, par contre, celui des 160 milliards d’exonérations de cotisation sociale consentis aux entreprises. Elle rappelait également que le Conseil d’orientation des retraites (COR) indique l’absence de problème de financement des retraites à l’horizon 2070. Catherine Perret concluait en rappelant la revendication de la CGT d’une retraite à 60 ans à taux plein.
![Emmanuel-Dockes Université Lyon II](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Emmanuel-Dockes.jpg)
Emmanuel Docklès, professeur à l’université de Lyon II.
Une argumentation complétée par Emmanuel Dockès, professeur à l’université de Lyon II. Après voir démontré la solidité du financement des retraites, il citait un chiffre : la fortune des milliardaires français – ne comptons pas celle des millionnaires – a augmenté de 220 milliards entre 2020 et 2022. Là où le gouvernement annonce un déficit de 13 milliards autour de 2030, déficit qui se réduit ensuite, selon le COR. Ou encore le chiffre des aides aux entreprises : 230 millliards en 2021, année exceptionnelle de la crise sanitaire, mais 160 milliards en 2019, le double des 80 milliards de 2013.
Pourquoi donc une réforme inutile, le système étant solide et les financements éventuellement nécessaires faciles à trouver ?
Emmanuel Dockès avançait une réponse : « il faut dévaloriser la valeur du travail afin de poursuivre les transferts au bénéfice du capital ». L’allongement de la durée du travail – par semaine, par mois ou à l’échelle d’une vie – permet de renforcer la concurrence entre salariés. « C’est ce qui explique que le projet concernant les retraites s’accompagne de la réduction des indemnités chômage. » Baisse des pensions liée à l’augmentation des durées de cotisations pour accéder au taux plein, réduction de l’indemnisation du chômage, augmentation du nombre de salariés disponibles par l’allongement de la durée du travail jusqu’à 64 ans… de quoi contraindre à accepter des salaires qui perdent du pouvoir d’achat et des conditions de travail dégradées. De quoi maintenir la pression tandis que s’envole la rémunération du capital à des niveaux historiquement hauts.
![Amandine-Demore PCF Echirolles](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Amandine-Demore.jpg)
Amandine Demore, première adjointe au maire d’Échirolles.
C’est bien d’un projet de société dont il s’agit et « ce n’est pas le nôtre », soulignait Amandine Demore, première adjointe au maire d’Echirolles, s’exprimant au nom du PCF. « Nous voulons une retraite heureuse, à 60 ans, avec 37,5 annuités de cotisations. » Et de rappeler le soutien des élus communistes au mouvement en cours.
![Annie-Jolivet CNAM](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Annie-Jolivet.jpg)
Annie Jolivet, chercheuse au CNAM.
Plusieurs intervenants revenaient sur l’un ou l’autre des aspects du projet gouvernemental. Annie Jolivet, économiste et chercheuse au Centre national des arts et métiers, montrait l’incohérence des propositions concernant l’emploi des seniors. Serge Paillard, responsable de la FSU et qui s’exprimait au nom de l’intersyndicale de l’Isère, montrait les nombreuses possibilités de financement des régimes de retraite, Pascale Lemaire disait la colère des gilets jaunes…
![Serge-Paillard FSU Isère](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Serge-Paillard.jpg)
Serge Paillard, secrétaire académique de la FSU.
C’est le nouveau premier secrétaire de la fédération socialiste, Damien Perrard, conseiller municipal de Bourgoin-Jallieu, qui s’exprimait au nom de sa formation. Pour lui, « il faut tenir compte de l’histoire des luttes dans notre pays ». On retiendra encore Elisa Martin, député LFI de l’Isère, qui évoquait « la supercherie des 1200 euros » ou encore l’inégalité femmes hommes que le projet gouvernemental prolonge à la retraite après une vie de discrimination au travail. Tandis que Marie Coiffard, pour EELV, estimait que l’allongement de la durée du travail est un projet productiviste incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.
![Elisa-Martin LFI](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Elisa-Martin.jpg)
Elisa Martin, députée LFI de l’Isère.
Présence également d’Emmanuel Maurel, au meeting de la CGT. Le député européen Gauche républicaine et socialiste saluait « la force tranquille de l’unité syndicale et politique », non sans noter ce que l’acharnement macroniste révèle des priorités gouvernementales dans la contexte d’un hôpital aux abois, d’une crise écologique majeure ou de la guerre en Ukraine.
![Emmanuel-Maurel député européen GRS](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Emmanuel-Maurel.jpg)
Emmanuel Maurel, député européen GRS.
Moment fort que celui de l’intervention d’Emma, représentante des étudiants en lutte, qui rappelait que les jeunes sont concernés par cette réforme qui aggravera leurs difficultés à trouver un emploi, mais aussi par la réforme des bourses dont la conséquence sera de réduire encore les aides dont disposent les plus défavorisés.
![Emma-etudiante député européen GRS](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Emma-etudiante.jpg)
Emma prenait la parole au nom des étudiants en lutte.
Un point commun à tous les intervenants, celui d’appeler à un renforcement de l’action et à faire du 7 mars une grande journée de mobilisation. Emma en résumait l’ambition : « le 7 dans la rue, le 8 on continue, le 9 on s’arrête plus ».
![Elisa-Balestrieri CGT Isère](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Elisa-Balestrieri.jpg)
Elisa Balestrieri, secrétaire de l’union départementale CGT.
Pour conclure la soirée, Elisa Balestrieri, secrétaire de l’union départemental CGT, appelait à la multiplication des assemblées générales dans les entreprises, à la consultation des salariés pour l’organisation de la grève… Car c’est bien à la « mise à l’arrêt du pays » que l’intransigeance du gouvernement et des grandes fortunes appelle aujourd’hui.
![Marie-Coiffard EELV](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2023/03/Marie-Coiffard.jpg)
Marie Coiffard, responsable d’EELV.
Les rendez-vous de la mobilisation
Manifestations du 7 mars :
Grenoble : 10h, Alsace aorraine. Arrivée anneau de vitesse.
Saint-Marcellin : 14h30, Champs de Mars.
Bourgoin-Jallieu : 10h, Saint-Michel
8 mars :
Manifestation à Grenoble, départ à 14h de l’hôpital couple enfants, à la Tronche.
Sur le même sujet
Retrouvez les dernières parutions de notre rubrique « Social »
Charvieu-Chavagneux. Une entreprise historique, les sièges auto Nania, en difficulté
Ce manège orne l'un des ronds-points à l'entrée de Charvieu-Chavagneux.La CGT appelle à un rassemblement, jeudi 25 juillet, devant le siège de...
Moirans. Le projet imagerie médicale de la CGT franchit une nouvelle étape
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.Axel a été portée sur les fonds baptismaux ce 12 juillet. Une société coopérative qui associe...
Isère. Un rassemblement syndical pour renouer avec le progrès social
Place de Verdun à Grenoble, le mardi 9 juillet.Et maintenant ? CGT, FSU, Unsa et Solidaires ont une idée sur la question. Répondre à l’urgence...
Isère. Les organisations syndicales CGT, CFDT, Unsa, FSU et Solidaires appellent au barrage à l’extrême droite
Manifestation à Grenoble en octobre dernier. Dans une déclaration commune, cinq organisations syndicales appellent à "voter pour les candidats les...
Isère. La CGT appelle à des désistements pour le second tour des législatives
Le 1er mai 2024, à Grenoble.Dans une déclaration datée du 1er juillet, l'union départementale CGT de l'Isère appelle à la mobilisation pour écarter...
Bernin. Chez Soitec, le minimum, des salaires au niveau de l’inflation
Les prises de parole au portail de l'usine. Quatre syndicats avaient invité les salariés à se retrouver au portail de l’entreprise. Un coup de...
Retrouvez les derniers dossiers de notre rubrique "Social"
![](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2024/04/Mohamed-Fofana.jpg)
Livreurs à vélo. Pourquoi leur combat nous concerne tous
Le combat des livreurs pour leurs rémunérations, la régularisation des sans papiers, leurs conditions de travail, est d’intérêt général. C’est aussi une illustration des objectifs de la loi immigration : accroître la précarité de ces travailleurs pour mieux affaiblir les revendications de tous les travailleurs.
![Bergers syndicat CGT](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2022/10/Matheysine-CGT.jpg)
Syndicalisme. Comment se crée la CGT des gardiens de troupeaux
Un syndicat CGT des gardiens de troupeaux s’est créé ce printemps. Avec la volonté de mieux fixer les règles d’une profession saisonnière dont les membres travaillent le plus souvent seuls dans leurs alpages. Métier exigeant, en pleine évolution, et indispensable à la production d’une alimentation de qualité. Reportage en altitude.
![](https://travailleur-alpin.fr/wp-content/uploads/2021/09/Nicolas-copie.jpg)
« Pour construire des logements sociaux, il faut une volonté politique »
Une politique du logement qui associe les habitants à ses choix ? C’est l’ambition de Nicolas Beron Perez, vice-président communiste chargé du logement à Grenoble Alpes métropole. Et ce n’est pas gagné, face à la politique de l’État et à des choix locaux qui ne vont pas toujours en ce sens. Entretien.