Isère. Démonstrations en meeting des supercheries du projet de réforme des retraites

Par Luc Renaud

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Plus de cinq cents personnes se sont rassemblées à la halle Clémenceau, à Grenoble, à l’invitation de l’union départementale CGT de l’Isère.

L’allongement de la durée d’une vie au travail renforce la concurrence entre salariés pour trouver un emploi. Tout comme la réforme de l’assurance chômage. De quoi faire accepter baisse du pouvoir d’achat et conditions de travail dégradées. Et ainsi protéger l’envolée des grandes fortunes et des dividendes.

« La mobi­li­sa­tion contre le pro­jet de retraite gou­ver­ne­men­tale est his­to­rique », consta­tait Nico­las Benoit en ouvrant le mee­ting orga­ni­sé par l’union dépar­te­men­tale CGT. His­to­riques, l’ampleur de la mobi­li­sa­tion, comme l’unité syn­di­cale et la pers­pec­tive d’une mise à l’arrêt du pays, le 7 mars pro­chain. Et c’est dans ce contexte de pré­pa­ra­tion de ce pro­chain ren­dez-vous que se dérou­lait ce mee­ting, avec la par­ti­ci­pa­tion de syn­di­ca­listes, d’universitaires et de repré­sen­tants des mou­ve­ments poli­tiques qui com­posent la Nupes.
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Nico­las Benoit, secré­taire géné­ral de l’u­nion dépar­te­men­tale CGT Isère.

Les treize inter­ve­nants qui se sont suc­cé­dés tout au long de la soi­rée abor­daient cha­cun le pro­jet macro­niste et l’opposition qu’il sus­cite sous un angle dif­fé­rent. Il reve­nait à Cathe­rine Per­ret, diri­geante natio­nale de la Cgt et négo­cia­trice CGT des retraites, de faire la lumière sur les contre­vé­ri­tés de l’argumentation offi­cielle. Avec un constat Le recul de l’âge de départ assor­ti d’une aug­men­ta­tion de la durée de coti­sa­tion pour­suit un double objec­tif : réduire le nombre d’années de retraite et bais­ser le niveau des pen­sions ver­sées. Et, tou­jours, le déve­lop­pe­ment des retraites par capi­ta­li­sa­tion par l’effondrement du régime par répar­ti­tion.
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Cathe­rine Per­ret, membre de la com­mis­sion exé­cu­tive natio­nale de la CGT.

Elle repre­nait quelques-uns des thèmes qui font l’actualité. Les régimes spé­ciaux ? Ils sont finan­cés par des coti­sa­tions plus éle­vées, réglées par ceux qui en béné­fi­cient. Tan­dis que l’embauche des per­son­nels soi­gnants et des profs dont le pays a besoin ramè­ne­rait 6,5 mil­liards d’euros dans les caisses. Un manque à gagner, par contre, celui des 160 mil­liards d’exonérations de coti­sa­tion sociale consen­tis aux entre­prises. Elle rap­pe­lait éga­le­ment que le Conseil d’orientation des retraites (COR) indique l’absence de pro­blème de finan­ce­ment des retraites à l’horizon 2070. Cathe­rine Per­ret concluait en rap­pe­lant la reven­di­ca­tion de la CGT d’une retraite à 60 ans à taux plein.
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Emma­nuel Dock­lès, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Lyon II.

Une argu­men­ta­tion com­plé­tée par Emma­nuel Dockès, pro­fes­seur à l’université de Lyon II. Après voir démon­tré la soli­di­té du finan­ce­ment des retraites, il citait un chiffre : la for­tune des mil­liar­daires fran­çais – ne comp­tons pas celle des mil­lion­naires – a aug­men­té de 220 mil­liards entre 2020 et 2022. Là où le gou­ver­ne­ment annonce un défi­cit de 13 mil­liards autour de 2030, défi­cit qui se réduit ensuite, selon le COR. Ou encore le chiffre des aides aux entre­prises : 230 mil­l­liards en 2021, année excep­tion­nelle de la crise sani­taire, mais 160 mil­liards en 2019, le double des 80 mil­liards de 2013. Pour­quoi donc une réforme inutile, le sys­tème étant solide et les finan­ce­ments éven­tuel­le­ment néces­saires faciles à trou­ver ? Emma­nuel Dockès avan­çait une réponse : « il faut déva­lo­ri­ser la valeur du tra­vail afin de pour­suivre les trans­ferts au béné­fice du capi­tal ». L’allongement de la durée du tra­vail – par semaine, par mois ou à l’échelle d’une vie – per­met de ren­for­cer la concur­rence entre sala­riés. « C’est ce qui explique que le pro­jet concer­nant les retraites s’accompagne de la réduc­tion des indem­ni­tés chô­mage. » Baisse des pen­sions liée à l’augmentation des durées de coti­sa­tions pour accé­der au taux plein, réduc­tion de l’indemnisation du chô­mage, aug­men­ta­tion du nombre de sala­riés dis­po­nibles par l’allongement de la durée du tra­vail jusqu’à 64 ans… de quoi contraindre à accep­ter des salaires qui perdent du pou­voir d’achat et des condi­tions de tra­vail dégra­dées. De quoi main­te­nir la pres­sion tan­dis que s’envole la rému­né­ra­tion du capi­tal à des niveaux his­to­ri­que­ment hauts.
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Aman­dine Demore, pre­mière adjointe au maire d’É­chi­rolles.

C’est bien d’un pro­jet de socié­té dont il s’agit et « ce n’est pas le nôtre », sou­li­gnait Aman­dine Demore, pre­mière adjointe au maire d’Echirolles, s’exprimant au nom du PCF. « Nous vou­lons une retraite heu­reuse, à 60 ans, avec 37,5 annui­tés de coti­sa­tions. » Et de rap­pe­ler le sou­tien des élus com­mu­nistes au mou­ve­ment en cours.
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Annie Joli­vet, cher­cheuse au CNAM.

Plu­sieurs inter­ve­nants reve­naient sur l’un ou l’autre des aspects du pro­jet gou­ver­ne­men­tal. Annie Joli­vet, éco­no­miste et cher­cheuse au Centre natio­nal des arts et métiers, mon­trait l’incohérence des pro­po­si­tions concer­nant l’emploi des seniors. Serge Paillard, res­pon­sable de la FSU et qui s’exprimait au nom de l’intersyndicale de l’Isère, mon­trait les nom­breuses pos­si­bi­li­tés de finan­ce­ment des régimes de retraite, Pas­cale Lemaire disait la colère des gilets jaunes…
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Serge Paillard, secré­taire aca­dé­mique de la FSU.

C’est le nou­veau pre­mier secré­taire de la fédé­ra­tion socia­liste, Damien Per­rard, conseiller muni­ci­pal de Bour­goin-Jal­lieu, qui s’exprimait au nom de sa for­ma­tion. Pour lui, « il faut tenir compte de l’histoire des luttes dans notre pays ». On retien­dra encore Eli­sa Mar­tin, dépu­té LFI de l’Isère, qui évo­quait « la super­che­rie des 1200 euros » ou encore l’inégalité femmes hommes que le pro­jet gou­ver­ne­men­tal pro­longe à la retraite après une vie de dis­cri­mi­na­tion au tra­vail. Tan­dis que Marie Coif­fard, pour EELV, esti­mait que l’allongement de la durée du tra­vail est un pro­jet pro­duc­ti­viste incom­pa­tible avec la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique.
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Eli­sa Mar­tin, dépu­tée LFI de l’I­sère.

Pré­sence éga­le­ment d’Emmanuel Mau­rel, au mee­ting de la CGT. Le dépu­té euro­péen Gauche répu­bli­caine et socia­liste saluait « la force tran­quille de l’unité syn­di­cale et poli­tique », non sans noter ce que l’acharnement macro­niste révèle des prio­ri­tés gou­ver­ne­men­tales dans la contexte d’un hôpi­tal aux abois, d’une crise éco­lo­gique majeure ou de la guerre en Ukraine.
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Emma­nuel Mau­rel, dépu­té euro­péen GRS.

Moment fort que celui de l’intervention d’Emma, repré­sen­tante des étu­diants en lutte, qui rap­pe­lait que les jeunes sont concer­nés par cette réforme qui aggra­ve­ra leurs dif­fi­cul­tés à trou­ver un emploi, mais aus­si par la réforme des bourses dont la consé­quence sera de réduire encore les aides dont dis­posent les plus défa­vo­ri­sés.
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Emma pre­nait la parole au nom des étu­diants en lutte.

Un point com­mun à tous les inter­ve­nants, celui d’appeler à un ren­for­ce­ment de l’action et à faire du 7 mars une grande jour­née de mobi­li­sa­tion. Emma en résu­mait l’ambition : « le 7 dans la rue, le 8 on conti­nue, le 9 on s’arrête plus ».
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Eli­sa Bales­trie­ri, secré­taire de l’u­nion dépar­te­men­tale CGT.

Pour conclure la soi­rée, Eli­sa Bales­trie­ri, secré­taire de l’union dépar­te­men­tal CGT, appe­lait à la mul­ti­pli­ca­tion des assem­blées géné­rales dans les entre­prises, à la consul­ta­tion des sala­riés pour l’organisation de la grève… Car c’est bien à la « mise à l’arrêt du pays » que l’intransigeance du gou­ver­ne­ment et des grandes for­tunes appelle aujourd’hui.
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Marie Coif­fard, res­pon­sable d’EELV.

Les rendez-vous de la mobilisation

Mani­fes­ta­tions du 7 mars : Gre­noble : 10h, Alsace aor­raine. Arri­vée anneau de vitesse. Saint-Mar­cel­lin : 14h30, Champs de Mars. Bour­goin-Jal­lieu : 10h, Saint-Michel 8 mars : Mani­fes­ta­tion à Gre­noble, départ à 14h de l’hô­pi­tal couple enfants, à la Tronche.

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