Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées pour cet hommage.
Cérémonie en hommage aux victimes algériennes de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris pour sortir de l’ombre la mémoire collective. Organisée par le collectif du « 17 octobre 1961 » et la ville de Grenoble soutenue par 43 organisations iséroises.
Ce 17 octobre 2022, plus de 300 personnes étaient rassemblées pour rendre hommage aux victimes algériennes tombées sous les balles et les coups de la police française, en plein cœur de Paris, il y a 61 ans.
Le tristement célèbre préfet de police Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis entre 1942 et 1944, venait d’instaurer un couvre-feu qui ne s’appliquait qu’aux « Français musulmans d’Algérie » qui n’avaient plus le droit de sortir de chez eux entre 20h30 et 5h30 du matin. En réponse, 30 000 Algériens, femmes et hommes, venus de Paris et des bidonvilles de banlieue, apprêtés dans leurs plus beaux habits, manifestent pacifiquement à l’initiative du FLN, le 17 octobre 1961, pour dénoncer le couvre-feu inique qui ne s’applique qu’à eux.
Le 17 octobre 2022, dans les rues de Grenoble
Une répression policière inouïe s’abat sur ces manifestants désarmés faisant des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus, des hommes et des femmes frappées à mort, jetées à la Seine, tuées par balles, massacrés dans l’enceinte même de la préfecture ou du Palais des sports . On a inventé alors cette expression terrible : « noyés par balles ».
Le lendemain les rapports officiels ne firent état que de deux morts, la commission d’enquête parlementaire fut bloquée par des manœuvres dilatoires, les diverses lois d’amnistie achevèrent d’installer le silence sur ce massacre.
Nous savons aujourd’hui que l’État savait. Mais aucun policier, aucun responsable de cette barbarie n’a eu à répondre de ses actes. Aucune condamnation. Aucune justice.
Eric Piolle, maire de Grenoble.
Le maire de Grenoble Eric Piolle dans son allocution souligne « l’obstination et le courage de quelques-uns ! Et on pense, bien évidemment, au travail de l’historien Jean-Luc Einaudi, qui a mis en lumière le rôle de l’État français dans la répression des luttes et dans cet évènement tragique. Grâce à l’engagement du Collectif « 17 octobre 1961 », Grenoble a été l’une des premières villes à apposer une plaque en mémoire des victimes, à l’endroit même où nous sommes aujourd’hui ».
« En octobre 2021, le président de la République a enfin déclaré que « les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». C’est un premier pas vers la réconciliation des mémoires… Il est temps enfin de reconnaître nos traumatismes de la colonisation, des horreurs de la guerre, de la terreur, de la torture, de la répression et du silence, afin de briser l’amertume et de construire une histoire commune, entre nos deux pays ».
L’intervention de Mariano Bona devant notamment le sénateur Gontard, le maire de Grenoble et Claudine Kahane, maire-adjointe à Saint-Martin-d’Hères.
Mariano Bona président de l’association « le 17 octobre 1961 » déclare : « Depuis plus de trente ans, le souvenir du 17 octobre 1961 est honoré chaque année à Grenoble par des rassemblements. Il y eut un premier rassemblement dès le 18 octobre 1961, où notre ami Jo Briant participait, avec déjà des jets de fleurs dans l’Isère pour rendre hommage aux victimes. Depuis 2016, nous tenons cet hommage à côté de la plaque commémorative posée par la ville de Grenoble… Le soutien de tous les acteurs et participants à cette manifestation est extrêmement important, car c’est l’action militante et votre présence qui a permis de progresser et de fissurer la chape de plomb du secret imposé par l’État. Nous pouvons mesurer le chemin considérable qui a été parcouru depuis toutes ces années. Nous manifestons pour : exiger de l’État français qu’il reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation; exiger la reconnaissance des massacres du 17 octobre comme crime d’État; réclamer l’ouverture des archives de la guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, sans restrictions, ni exclusives; refuser les discours xénophobes, racistes, colonialistes. »
Mariano Bona tient à souligner l’importance de la lutte des femmes : « Les femmes prirent une grande part dans la manifestation du 17 octobre 1961… De la lutte pour l’indépendance à aujourd’hui, les femmes algériennes menèrent un combat incessant pour l’égalité des droits : manifestations, combat contre le code de la famille, luttes féministes pendant la décennie noire. Dès les premières manifestations du Hirak, il se constitua un carré féministe qui s’est inscrit dans cette histoire des luttes pour l’émancipation… Comment ne pas faire le lien avec les luttes menées avec un grand courage en Iran contre l’oppression de l’État contre les femmes ? L’hommage aux manifestant.es du 17 octobre 1961 perdrait de son sens s’il ne permettait pas de dire notre solidarité avec les Iraniennes et les Iraniens en lutte contre l’oppression ».
Mariano Bona poursuit : « Cet hommage ne serait pas complet sans exprimer notre solidarité avec le peuple algérien. Depuis le 22 février 2019, dans l’ensemble du territoire algérien, le peuple s’est levé en masse et pacifiquement, pour obtenir une nouvelle société plus libre, plus démocratique et plus juste, débarrassée de la corruption. 300 Algériennes et Algériens sont actuellement en prison pour délit d’opinion ou avoir voulu informer. Nous demandons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, et le respect des droits des organisations démocratiques algériennes. Les questions soulevées par ce mouvement ne se résoudront pas par la répression, mais par la pleine prise en compte des demandes du peuple algérien. »
Place Notre-Dame, la chorale des Barricades interprète Min Djibalina et La Casa del Mouradia.
Sur la passerelle Saint-Laurent, Amazig Kateb, chanteur du groupe Gnawa Diffusion, musicien, interprète, lit des poèmes de son père Kateb Yacine, en hommage aux Algériens assassinés le 17 octobre 1961 à Paris et des fleurs sont jetées dans l’Isère.
L’allocution de Mariano Bona
Je vous remercie pour votre présence nombreuse en ce 61eme anniversaire du massacre commis le 17 octobre 1961 à Paris. Je tiens au nom du « collectif 17 octobre 1961 Isère » à remercier les nombreuses élues et nombreux élus ici présents.
2022 est aussi le aussi le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, un événement considérable qui fut une défaite majeure du colonialisme, et donc c’est aussi une victoire pour tous les peuples.
C’est pourquoi nous pouvons nous féliciter que se tienne dans l’agglomération grenobloise un cycle d’initiatives « Algérie 1962 2022, fin de la guerre et indépendance, des récits et des solidarités en partage », porté par sept villes (Échirolles, Eybens, Gières, Grenoble, La Tronche, Saint Egrève), et un ensemble d’associations (Amal, ASALI, « Collectif 17 octobre 1961 Isère », Algérie au coeur Isère, SMH Histoire Mémoire vive).
Conscient qu’il y a encore beaucoup de travail à réaliser pour pouvoir lire notre Histoire, mais aussi que les nouvelles générations apportent de nouveaux regards, le collectif 17 octobre 1961 a décidé de se structurer en association loi 1901 pour devenir « collectif 17 octobre 1961 Isère, Algérie, regarder le passé, agir au présent, pour construire un futur solidaire ».
Depuis plus de trente ans, le souvenir du 17 octobre 1961 est honoré chaque année à Grenoble par des rassemblements. Il y eut un premier rassemblement dès le 18 octobre 1961, où notre ami Jo Briant participait, avec déjà des jets de fleurs dans l’Isère pour rendre hommage aux victimes.
Depuis 2016, nous tenons cet hommage à côté de la plaque commémorative posée par la ville de Grenoble, qu’il faut chaleureusement remercier car c’est un geste d’engagement et de solidarité que trop peu de villes ont fait. Cette question des plaques n’est pas anecdotique. Il est important que les murs des rues et les murs des places portent d’autres traces que celles des massacreurs de la Commune de Paris ou des Généraux qui « s’illustrèrent » de façon sanglante lors de la colonisation.
Permettez-moi de dire quelques mots en mémoire de Christian Borg, qui nous a quitté une semaine après le 17 octobre 2021. Christian était un homme de conviction, un ami de l’Algérie. Né à Alger, il fut très tôt dans sa vie solidaire du combat du peuple algérien pour conquérir sa liberté et le droit de maîtriser son destin. Il l’affirma de façon courageuse, à Alger en pleine guerre d’Algérie. Il resta toute sa vie avec de profondes convictions antiracistes et anticoloniales. Il était souriant, chaleureux, toujours disponible pour combattre une injustice. Il nous manque beaucoup.
L’appel invitant au rassemblement est à l’initiative de
1. Algérie au coeur,
2. Amal,
3. Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et de leurs Amis (ANPNA),
4. Association de Solidarité des Algériens de l’Isère (ASALI),
5. Comité de soutien aux réfugiés algériens (CSRA),
6. Coup de Soleil Rhône-Alpes,
7. La Libre Pensée,
8. Mouvement de la Paix-Isère,
9. Ras L’Front Isère
Il faut souligner que les soutiens ont été cette année exceptionnellement nombreux.
Permettez-moi de les citer :
1. Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS
(ANPROMEVO),
2. association tisser les liens solidaires (ATLLAS),
3. collectif des Algériens de Grenoble,
4. association dauphinoise d’amitiés franco-libanaises (ADAFL),
5. association des Tunisiens de l’Isère Citoyens des deux rives (ATI-CDR),
6. actions de solidarité avec les peuples d’Amérique latine et pour la diffusion des cultures
d’origine (ACIP-ASADO),
7. Association France Palestine solidarité Isère (AFPS 38),
8. Association isèroise des ami.es des Kurdes (AIAK),
9. ATTAC 38,
10. cercle Bernard Lazare,
11. cercle laïque de l’agglomération grenobloise,
12. collectif contre la traite négrière et l’esclavage (CTNE),
13. ligue des droits de l’Homme Métropole Grenoble (LDH),
14. ligue de défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI),
15. ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL),
16. Maroc Solidarités Citoyennes,
17. mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP),
18. Nil Isère,
19. réseau éducation sans frontières (RESF 38),
20. réseau universités sans frontières (RUSF 38),
21. Survie Isère,
22. Union juive française pour la paix (UJFP 38),
23. FSU 38,
24. Solidaires 38,
25. SUD Lutte de Classes éducation,
26. UD CGT 38,
27. Syndicat CGT des travailleurs sans-papiers,
28. action antifasciste Grenoble,
29. Association Démocratie, Ecologie, Solidarité (ADES),
30. Europe‑Écologie Les Verts 38 (EE-LV 38),
31. Ensemble! Isère,
32. Generation·s,
33. Go Citoyenneté,
34. la France Insoumise 38,
35. Lutte Ouvrière,
36. Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA 38),
37. Fédération de l’Isère du Parti Communiste français (PCF 38),
38. Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF),
39. Pour une écologie Populaire et sociale (PEPS Isère),
40. Parti Ouvrier Indépendant (POI 38),
41. Fédération de l’Isère du Parti Socialiste (PS 38),
42. Réseau Citoyen de Grenoble,
43. Union communiste libertaire Grenoble (UCL Grenoble).
Ce soutien est extrêmement important, car c’est l’action militante et votre présence qui a permis de progresser et de fissurer la chape de plomb du secret imposé par l’État. Nous pouvons mesurer le chemin considérable qui a été parcouru depuis toutes ces années.
Il reste important de rappeler les faits, à un moment où le président de la République déclare depuis Alger (quel symbole!) que l’histoire entre la France et l’Algérie fut « une histoire d’amour qui a sa part de tragique ». Que signifie le fait de devoir rappeler en 2022 que la colonisation est une violence faite aux peuples, faite de conquête brutale, accaparement des ressources, asservissement ?
Le 17 octobre 1961, il y eut un crime colonial commis en plein Paris.
En octobre 1961, le préfet de police de Paris Maurice Papon décide d’instaurer un couvre-feu pour les «Français musulmans d’Algérie», terme utilisé à l’époque pour désigner les Algériens travaillant en métropole. Il leur est interdit de circuler dans les rues de Paris et de la banlieue entre 20h30 et 5h30 du matin.
Cela se passe dans le contexte de l’état d’urgence qui permet aux préfets « d’interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ». Rappelons à propos de l’état d’urgence qu’il s’agit d’ une loi coloniale votée en 1955 comme outil de répression.
Le soir du 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens, de toutes générations, jeunes et moins jeunes, ont manifesté pacifiquement à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie et pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre un couvre-feu raciste qui leur était imposé. Les manifestantes et les manifestants étaient essentiellement des travailleurs de la région parisienne, issus des quartiers populaires et des bidonvilles, notamment celui de Nanterre.
Ils ne portaient pas d’armes, c’était une manifestation pacifique.
La répression qui s’est abattue sur les manifestants fut d’une grande violence : 11.000 arrestations, 300 victimes, frappées à mort, jetées à la Seine, tuées par balles, massacrés dans l’enceinte même de la préfecture ou du Palais des sports . On a inventé cette expression terrible : « noyés par balles ».
Maurice Papon a une responsabilité écrasante dans ce massacre, lui qui avait assuré aux policiers parisiens : « Vous serez couverts, je vous en donne ma parole. ».
Mais il n’est pas le seul à porter la responsabilité de ce massacre. Qui peut croire qu’il ait agi sans l’accord du ministre de l’intérieur, Roger Frey, et du Premier ministre, Michel Debré, opposé aux discussions en cours en vue de l’indépendance de l’Algérie ? Quand au Général de Gaulle, alors président de la République, des documents retrouvés cette année montrent qu’il connaissait l’étendue du crime commis.
Le pouvoir de l’époque fit le choix de la chape de plomb et du bâillon.
Le livre Ratonnades à Paris de Pierre et Paulette Péju, publié chez Maspéro quelques semaines après le massacre, fut saisi chez l’imprimeur par la police judiciaire. Le film de Jacques Panijel Octobre 1961 fut saisi dès sa première projection. Les rapports officiels ne firent état que de deux morts, la commission d’enquête parlementaire fut bloquée par des manœuvres dilatoires, les diverses lois d’amnistie achevèrent d’installer le silence sur ce massacre.
La question n’est plus de savoir ce qui s’est passé. L’action de citoyens, historiens, écrivains, associations, les initiatives militantes, comme ce rassemblement ici-même, ont permit que l’essentiel de la vérité sur ce massacre soit aujourd’hui connu.
La question aujourd’hui est que le pouvoir français, par la voix du Président de la République, doit reconnaître ses responsabilités dans ce crime colonial commis en plein Paris.
Certes, le président de la République a fait un geste en 2021, en se rendant en personne à une cérémonie au pont de Bezons. Mais il n’a pas prononcé un seul mot, se contentant de publier par la suite un bref communiqué qui dit que le chef de l’État « a reconnu les faits: les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». Qu’est-ce, sinon se décharger sur un coupable idéal ? Comme si Maurice Papon avait agit seul, sans directives et que la répression exercée était de son seul choix.
Mais le choix de Maurice Papon comme préfet de Police de Paris et ses méthodes brutales ne doivent rien au hasard. Rappelons que Maurice Papon fut condamné en 1998 à dix ans de réclusion pour son implication dans la déportation des juifs de la région bordelaise entre 1942 et 1944. Le pouvoir de l’époque connaissait forcément le passé vichyssois de Maurice Papon. Maurice Papon exerça ses talents en tant que préfet de la région de Constantine entre 1954 et 1958, laissant derrière lui la terrible ferme Ameziane, sinistre centre de torture. C’est en connaissance de cause qu’il est nommé préfet de police de Paris en 1958. Sa mission est bien d’importer en France ses méthodes et son savoir-faire si particuliers !
En fait, pour l’instant, au sujet du massacre du 17 octobre 1961, si le crime inexcusable est reconnu, la responsabilité de l’État n’est pas reconnue, ni même évoquée. En somme, c’est un crime sans véritable auteur ! Plus de 60 ans après, c’est un geste qui est attendu par la société française dans toute sa diversité.
Nous manifesterons tout à l’heure pour :
• exiger de l’État français qu’il reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation;
• exiger la reconnaissance des massacres du 17 octobre comme crime d’État;
• réclamer l’ouverture des archives de la Guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, sans restrictions, ni exclusives;
• refuser les discours xénophobes, racistes, colonialistes.
Nous ne rendrions pas réellement hommage si nous n’inscrivions pas les combats des manifestantes et manifestants du 17 octobre 1961 dans la longue liste des combats pour la liberté et l’égalité.
De la manifestation du 17 octobre 1961 aux luttes pour l’émancipation d’aujourd’hui, c’est une trame de combats tissée d’échos et de résonances.
Le 17 octobre 1961 ce fut aussi une lutte menée par les immigrés, pour leur dignité. Cette lutte est loin d’être finie, surtout au moment ou les discours xénophobes et islamophobes se répandent, impulsés depuis le sommet de l’État. Ce dont nous avons besoin c’est d’égalité et de justice, pas de répression. Rappelons que l’an prochain, en 2023, ce sera le 40ème anniversaire de la marche pour l’égalité et contre le racisme. C’est un long combat.
Les femmes prirent une grande part dans la manifestation du 17 octobre 1961. Un grand nombre d’entre elles osa manifester le 20 octobre 1961, défiant la répression qu’elles avaient pourtant vue à l’oeuvre 3 jours avant. De la lutte pour l ‘indépendance à aujourd’hui, les femmes algériennes menèrent un combat incessant pour l’égalité des droits : manifestations, combat contre le code de la famille, luttes féministes pendant la décennie noire. Dès les premières manifestations du Hirak, il se constitua un carré féministe qui s’est inscrit dans cette histoire des luttes pour l’émancipation, en brandissant une banderole mêlant des portraits de résistantes à la colonisation à des portraits de féministes algériennes comme celui de Nabila Djahnine, assassinée durant la décennie noire.
Comment ne pas faire le lien avec les luttes menées avec un grand courage en Iran contre l’oppression de l’État contre les femmes ? L’hommage aux manifestant.es du 17 octobre 1961 perdrait de son sens s’il ne permettait pas de dire notre solidarité avec les Iraniennes et les Iraniens en lutte contre l’oppression.
Cet hommage ne serait pas complet sans exprimer notre solidarité avec le peuple algérien.
Depuis le 22 février 2019, sur l’ensemble du territoire algérien, le peuple s’est levé en masse et pacifiquement, pour obtenir une nouvelle société plus libre, plus démocratique et plus juste, débarrassée de la corruption.
300 Algériennes et d’Algériens sont actuellement en prison pour délit d’opinion ou avoir voulu informer. En septembre 25 prisonniers se sont mis en grève de la faim au centre pénitentiaire de Koléa.
Nous demandons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, et le respect des droits des organisations démocratiques algériennes. Les questions soulevées par ce mouvement ne se résoudront pas par la répression, mais par la pleine prise en compte des demandes du peuple algérien.
Merci de votre attention.