L’espéranto, une langue internationale pour aller à la rencontre des Hommes
Par Maryvonne Mathéoud
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Bruno et Maryvonne Robineau.
De retour d’un voyage de huit an autour du monde, Bruno et Maryvonne Robineau ont donné une conférence à Grenoble. Huit années au cours desquelles ils ont communiqué en utilisant une langue, l’espéranto.
Par hasard lors d’un salon agricole écologique Bruno et Maryvonne Robineau découvrent la langue internationale Espéranto. Ils décident de faire le tour du monde pour aller rencontrer les Hommes. Le voyage va durer huit ans et demi.
Bruno et Maryvonne Robineau habitent à Landemont dans le Maine-et-Loire. Il est agriculteur jusqu’en 1984, elle assistante de direction. Ils parlent couramment l’anglais et l’espagnol. De passage à Grenoble le 29 août, ils ont donné une conférence et conté leur aventure au Travailleur alpin.
Ils restent en Bulgarie un an et suivent des cours intensifs d’espéranto pendant un mois. Quatre heures le matin avec un professeur et quatre heures d’étude personnelle tous les jours sauf le dimanche. Au bout de 240 heures, Bruno lit sans l’aide d’un dictionnaire Sous le joug d’Ivan Vazov, œuvre maîtresse de la littérature Bulgare (458 pages en espéranto).
« La connaissance de l’espéranto allait dépasser nos espérances. Nous avons voyagé autrement. Nous avons été accueillis dans les familles espérantistes le plus souvent villageoises grâce aux réseaux qu’il y a dans le monde entier. Nous avons découvert les différents pays en vivant le quotidien des familles, nous sommes devenus des ambassadeurs de l’espéranto », disent-ils.
Bruno et Maryvonne ont voyagé de par le monde en stop pendant huit années en appliquant un principe de troc : échanger leur travail contre gîte et couvert. Ils ont participé aux travaux des champs et de la maison ; ils ont récolté les lentilles dans la plaine du Gange en Inde, planté le riz en Corée, enseigné l’espéranto à l’université de Chengdu en Chine, participé à un projet de boisement avec les aborigènes australiens et vécu avec les Indiens Aymaras sur les hauts-plateaux de Bolivie. Leurs séjours dans une famille durent de quelques semaines à quelques mois pour appréhender une réalité culturelle et tisser des liens, pour apprendre à se connaître, se comprendre et s’apprécier mutuellement dans le respect de toutes les différences.
« Nous avons tous des préjugés, nous devons accepter nos propres contradictions mais le fait d’entrer en contact avec des gens qui ont un autre vécu, une autre culture nous fait évoluer vers une culture de paix, pour aller au-delà de la haine. Notre vie n’aurait pas été ce qu’elle est sans l’espéranto, les espérantistes sont des baptiseurs de paix », déclarent-ils.
De retour en France, ils continuent leurs voyages en famille. Avec leurs deux enfants originaires de Bolivie et du Vietnam, ils ont fait de longues randonnées en Roumanie dans la région du Maramures, puis ont parcouru le chemin de Compostelle par la voie de Vézelay, accompagnés de deux ânes. Ils proposent des ateliers d’espéranto ainsi que des conférences pour présenter leur expérience au grand public.
« L ‘espéranto est une langue neutre, elle n’appartient pas à une nation à une puissance dominante », expliquent ils. « Elle s’append 8 à 10 fois plus vite qu’une autre langue et chacun doit faire le même effort pour communiquer avec l’autre ; c’est une langue vivante tournée vers les autres. Elle donne accès à une très belle et très grande littérature traduite ou écrite en Espéranto ».
Bruno et Maryvonne Robineau ont utilisé partout l’espéranto au cours de leur huit ans de voyage autour du monde qu’ils ont raconté dans un livre Huit ans autour du monde, paru également en espéranto Ok jaroj ĉirkaŭ la mondo.