Métropole grenobloise. La ZFE, une fausse bonne idée selon le collectif pour la gratuité des transports

Par Luc Renaud

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L’agglomération grenobloise concernée par la mise en place progressive d’une zone à faible émission à partir du 1er janvier 2023.

60 000 voitures à remplacer dans l’agglomération grenobloise d’ici le 1er janvier 2025. Dans deux ans et huit mois. Une mesure que le collectif estime inefficace pour résoudre le problème de la pollution et socialement très injuste.

La création d’une zone à faibles émissions (ZFE) est-elle la solution contre la pollution ? Le collectif pour la gratuité des transports publics dans l’agglomération grenobloise (1) ne le pense pas. Et il argumente.

Pour l’heure, la réglementation s’applique aux véhicules utilitaires. Ne peuvent circuler dans 27 communes de l’agglomération que les véhicules affichant une vignette Crit’air 1,2 ou 3. (2)

Mais les particuliers pourraient être concernés à partir… de l’année prochaine. En application de a loi « climat et résilience » adoptée en juillet de l’année dernière, une nouvelle ZFE, concernant cette fois treize communes de l’agglo, devrait être mise en place à partir du 1er janvier 2023. Les Crit’air 5 seraient alors interdits de circulation, les 4 à partir de 2024 et les 3 dès le 1er janvier 2025. (3)

Si ce projet va à son terme (le périmètre de cette ZFE fait l’objet de débats entre les services de l’État et les collectivités concernées), ce sont quelque 60 000 voitures des habitants de ces communes qui ne pourraient plus rouler « à domicile », sans compter celles qui entrent chaque jour dans l’agglomération.

Pour le collectif, ce n’est pas la bonne solution. D’abord parce qu’elle échouerait à réduire la pollution, et cela pour plusieurs raisons.

Inefficace contre le réchauffement climatique

Les niveaux des vignettes Crit’air sont attribués en fonction du niveau des émissions polluantes en particules fines et oxydes d’azote. Mais pas de gaz à effet de serre. Un SUV Crit’air 2 émet davantage de CO2 qu’une petite voiture Crit’air 4. La vignette ne règle qu’une partie du problème.

Ensuite parce que les critères d’exclusion ne tiennent pas compte du nombre de kilomètres parcourus : selon l’écart entre les deux, un « gros rouleur » Crit’air 2 polluera davantage qu’un « petit rouleur » Crit’air 3.

Enfin parce que la fabrication d’une voiture est émettrice de gaz à effet de serre. Sa production représente un quart du total des émissions de gaz réchauffant l’atmosphère que produit une voiture jusqu’à sa mise à la casse. Côté bilan carbone, il vaut mieux réparer les voitures que les remplacer, fût-ce par des véhicules moins émetteurs.

Injustice sociale

Pas suffisamment efficace contre la pollution, mais aussi injuste socialement.

« Les personnes les plus pauvres ont des véhicules moins bien classés selon Crit’Air, mais se déplacent moins et ont des voitures moins puissantes », constate le collectif. La mise en place de la ZFE telle qu’elle est envisagée conduit à limiter la mobilité d’une partie de la population.

Reste que des solutions doivent être mises en œuvre contre la pollution est le réchauffement climatique. Un point qui ne souffre pas la contestation : on estime à 48000 au niveau national le nombre de morts dus à la pollution aux particules fines notamment, l’État a été condamné pour insuffisance d’action contre la pollution dans cinq métropoles dont Grenoble, et l’agglomération grenobloise est la quatrième la plus embouteillée de France.

Des transports en commun plus fréquentés pour moins de voitures en ville

Face à cela, le collectif propose le développement des transports en commun. Il a fait ses calculs. Le RER grenoblois (desserte régulière par des trains circulant dans l’Y grenoblois, entre Grésivaudan, Voironnais et Trièves) coûterait « 750 millions d’euros sur le territoire de 123 communes et 650 000 habitants ». Ce qui conduit le collectif à s’interroger : « comment accepter que le projet de RER grenoblois soit repoussé au mieux à 2035 et que dans le même temps les pouvoirs publics nationaux et locaux imposent sans vraie solution un tel renouvellement du parc automobile d’ici 2025 ? » Un engagement de l’État pour un véritable développement du réseau ferroviaire est plus que jamais une nécessité.

Le collectif revendique également la mise en place de la gratuité des transports, arguant du fait que partout où cela s’est fait, la fréquentation des transports en commun a connu une croissance exponentielle. À Dunkerque, une agglomération de 200 000 habitants, la fréquentation a doublé après deux ans de gratuité.

Plus de gens dans les transports, moins de voitures sur les routes. Moins de pollution et moins d’infrastructures à construire, aussi.

Le collectif propose aussi des solutions pour les petites entreprises et les déplacements professionnels, à l’origine de nombreux kilomètres parcourus. « Il y a un vrai intérêt à pousser les entreprises, taxis et VTC à utiliser des véhicules moins polluants, quitte à les aider financièrement, avec des aides ciblées, les professionnels qui en ont le plus besoin (petites entreprises, artisans, agriculteurs, …). Ce sera nettement moins coûteux pour la collectivité et moins pénalisant socialement qu’une ZFE appliquée aux particuliers. »

Au total, le collectif affirme une conviction : « Le développement et la gratuité des transports publics : une solution bien plus efficace que la ZFE pour agir réellement et concilier justice climatique et sociale. Pour vivre mieux tout en préservant la planète ! »

1- Le collectif pour la gratuité des transports est composé des organisations suivantes : CGT, FSU, Solidaires, Attac, France Insoumise, Ensemble!Isère, NPA, PCF.

2- Les 27 communes actuellement concernées par la ZFE véhicules utilitaires : Bresson, Champagnier, Champ-sur-Drac, Claix, Corenc, Échirolles, Eybens, Fontaine, Gières, Grenoble, Jarrie, La Tronche, Meylan, Montchaboud, Noyarey, Poisat, Pont-de-Claix, Quaix-en-Chartreuse, Saint-Égrève, Saint-Martin-d’Hères ainsi que le Domaine Universitaire, Saint-Martin-le-Vinoux, Sassenage, Seyssinet-Pariset, Seyssins, Varces, Venon, Veurey-Voroise.

3- Les treize communes qui pourraient, tout ou partie, être concernées par le projet de ZFE applicables aux particuliers : Échirolles, Eybens, Fontaine, Gières, Grenoble, La Tronche, Le Pont-de-Claix, Meylan, Saint-Égrève, Saint-Martin-d’Hères, Saint-Martin-le-Vinoux, Seyssinet-Pariset et Seyssins.

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