Renaud Lugli, chef de file des communistes dans la troisième circonscription législative et de l’Isère ; et Isabelle Peters, maire-adjointe de la ville de Grenoble et cheffe de file des communistes dans la première circonscription de l’Isère.

Ce lundi 29 novembre, Renaud Lugi et Isabelle Peters tenaient une conférence de presse en guise de point d’étape sur leur campagne pour le logement public. Un événement qui tombait à pic avec la réouverture du débat sur le devenir d’ACTIS.

Depuis le mois de septembre, avec Isabelle Peters et Renaud Lugli, les militant∙e∙s communistes grenoblois sont sur le terrain. Au cours de déjà plus d’une quinzaine de portes à portes, ils ont parcouru les quartiers populaires à la rencontre des habitant∙e∙s : Villeneuve, Village olympique, Capuche, l’Abbaye, Abry ou encore Hoche… Dans une main, un « cahier de doléances », pour récolter les avis des locataires des HLM. Dans l’autre, une pétition portant trois revendications : un plan de soutien aux constructions et réhabilitations du parc public, un redéploiement des services de proximité avec les bailleurs (accueil, entretien…), et la constitution d’un pôle public du logement métropolitain.

500 signatures pour un pôle du logement public métropolitain

La démarche peut sembler originale, quand on sait que le vice-président de Grenoble Alpes métropole en charge de l’habitat est précisément Nicolas Beron-Perez, militant du PCF. Pourtant, l’année 2021 aura démontré que les débats n’en finissent plus d’agiter la majorité métropolitaine, traversant y compris les grandes familles politiques de la gauche et des écologistes – voir ci-après la chronologie des événements et des prises de position depuis 2019.

Le constat des communistes est sans appel : dans la métropole, ce sont 17000 demandes de logement social qui sont en attente. Si le plan local de l’habitat (PLH) fixe des objectifs ambitieux de construction, force est de constater qu’ils ne sont pas atteints : 882 livraisons en 2018, 1060 en 2019 et 980 en 2020 (contre un objectif de 1100 nouveaux logements par an dans le PLH).

Pour Isabelle Peters et Renaud Lugli, la responsabilité en incombe en premier lieu à l’Etat : baisse de près de 40% de l’aide à la pierre depuis 2016, baisse des APL à la charge des bailleurs réduisant d’autant leurs capacités financières, baisse des dotations aux collectivités…

L’avenir d’Actis, pilier du logement public dans la métropole

Pour autant, l’échelon local peut encore agir. C’est ce qu’avance Nicolas Beron-Perez, et les communistes tiennent à appuyer sur le terrain son action dans les assemblées locales.

C’est dans ce contexte, indique Isabelle Peters, « que nous avons appris, par voie de réseaux sociaux, que le président de la métropole, Christophe Ferrari, s’était prononcé pour la fusion d’Actis et de Grenoble habitat à l’occasion d’une conférence organisée par un Toit pour tous, le 25 novembre. Une prise de position publique qui intervient alors que nombre d’élus de la majorité métropolitaine ont indiqué leur opposition à cette fusion. C’est évidemment le cas des élus communistes. »

Outre la critique de la méthode utilisée, l’élue communiste estime que « les collectivités locales doivent faire du logement une priorité, et en premier lieu la métropole, qui en a la compétence. Pour conduire un politique publique du logement public, un outil est nécessaire : il peut être construit, et c’est notre proposition, autour d’ACTIS, office public de l’habitat et propriété de la métropole. » Le groupe des élus communistes à la métropole grenobloise s’est également exprimé sur le sujet.

Le logement public, un modèle à repenser

Isabelle Peters souligne d’autre part que le logement social ne peut être laissé en l’état : « Les locataires nous remontent des soucis techniques – vétusté, fuites, problèmes d’entretien…, des difficultés sur les demandes de mutations pour changer de taille de logement, ou encore la paupérisation accrue des populations. » Et d’abonder dans le sens d’une refonte des politiques de proximité. « Les gens sont attachés à leurs quartiers, il faut redonner ses lettres de noblesse au service public du logement ».



Un pied dans les institutions, un pied auprès des populations : les communistes grenoblois comptent bien continuer de porter leurs revendications et de faire remonter les préoccupations populaires. D’ors et déjà, plusieurs nouveaux portes-à-portes sont prévus, et Isabelle et Renaud promettent que ce sujet prendra une place particulière dans la campagne des présidentielle et législatives de 2022.

En débat, depuis trois ans

Novembre 2018 : la loi ELAN est adoptée par la majorité présidentielle, elle impose le regroupement des offices HLM comptant moins de 12 000 logements (ACTIS en compte environ 11 000)

Printemps 2019 : en catimini, un projet de fusion-absorption d’ACTIS au sein de la société d’économie mixte Grenoble Habitat est avancé par la métropole. L’objectif est de financer le rachat des actions de la ville de Grenoble au sein de GH par la métropole en financiarisant le patrimoine public de l’OPH ACTIS.
La mobilisation ne se fait pas attendre, les communistes d’engagent dans ce combat pour le maintien de l’OPH aux côtés des fédérations de locataires et d’un collectif d’anciens administrateurs d’ACTIS. Finalement, le projet est mis de côté jusqu’aux élections départementales.

Automne 2019 : Le PCF Grenoble fait de cette question un point central de sa participation au rassemblement « Grenoble en commun » aux municipales, aux côtés d’Eric Piolle.

Automne 2020 : après des mois d’arbitrages difficiles, l’exécutif de la métropole se met en place, et le nouveau vice-président à l’habitat reprend la revendication initiale du collectif contre la privatisation en faisant adopter la constitution d’une SAC (société de coordination) entre ACTIS et GH. Ce statut permet de préserver le caractère 100% public de ACTIS.

2021 : les négociations institutionnelles entre la ville de Grenoble et la métropole patinent, achoppant sur la cession des actions de GH. La métropole en conteste le montant, tout en refusant d’engager le moindre euro sans pouvoir le retrouver par ailleurs. Nicolas Beron-Perez construit des propositions pour y parvenir, mais elles ne sont pas retenues, et de tous côtés les partisans de la privatisation font pression pour remettre le projet de 2019 sur la table. Le vice-président porte également la volonté d’approfondir les études sur un scénario d’une coopérative HLM qui préserverait durablement le patrimoine public. Là aussi, la proposition reste lettre morte auprès de la présidence, dont le cabinet « privatise » les nouvelles études commanditées.
En parallèle, le « collectif contre la privatisation » change son fusil d’épaule, et tire à boulets rouges sur le projet de SAC ACTIS/GH (c’était pourtant le plan B proposé en 2019 par le collectif), privilégiant désormais le rattachement à la SAC constituée des bailleurs départementaux et viennois, AIH et ADVIVO. L’engagement public tant du vice-président que de la présidente d’ACTIS – Elisa Martin, France Insoumise – de ne pas privatiser l’OPH ne suffit pas à rassurer les fédérations de locataires, et l’hypothèse d’une coopérative laisse les représentants élus frileux.

Novembre 2021 : le projet de privatisation revient sur la table, par une déclaration publique du président Ferrari lors d’une conférence de « Un Toit pour tous ».
 Le groupe CCC (communistes et apparentés) confirme son opposition à ce scénario et son attachement au maintien de l’OPH 100% public.
 Le groupe UMA (écologistes & insoumis) s’oppose également au projet de SEM, bien que certains de ses membres – notamment organisés autour de l’ADES – soient de fervents promoteurs de la privatisation.
 Les groupes ACTES (socialistes et apparentés) et NMC (« petites » communes) soutiennent majoritairement le scénario de privatisation, bien que certains de leurs membres y soient opposés.

Décembre 2021 : le conseil métropolitain du 17 décembre doit statuer sur les scénarios.
Le « collectif contre la privatisation » et les communistes grenoblois proposent qu’un arrangement soit trouvé avec GH ou le LPV afin qu’ACTIS puisse acquérir les centaines de logements manquant afin d’atteindre la barre fatidique des 12 000.

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