A Saint-Martin-d’Hères, deux figures de la résistance à Erdogan
Par Edouard Schoene
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Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France ; Tuna Altinel, professeur de mathématiques de Lyon 1 ; et Maryvonne Mathéoud, présidente de l’Association iséroise des amis des Kurdes.
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Dimanche 21 novembre, Saint-Martin‑d’Hères accueillait deux personnalités de la résistance à la dictature qui sévit en Turquie, à l’initiative d’AIAK, (Association iséroise des amis des Kurdes).
Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, a fait le point sur la situation en Turquie, les menaces graves qui pèsent pour la paix (Rojava en Syrie, territoires kurdes en Irak), la dégradation économique de la Turquie et les atteintes effroyables à la démocratie dans ce pays. Il apparait clairement que le président Erdogan s’est engagé dans une fuite en avant, sans que l’Union européenne et la France ne résistent, en multipliant les offensives militaires, en menaçant le parti démocratique HDP de dissolution.
Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France.
Les observateurs constatent que la coalition AKP (parti d’Erdogan) et MHP (nationalistes d’extrême droite) ne pourra pas gagner les prochaines élections en 2023. Il est assez effarant de constater que l’Union européenne, sous le chantage d’Erdogan qui menace d’ouvrir ses frontières en renvoyant les réfugiés Syriens, renonce à faire respecter le droit international. Pire, lors de chaque initiative diplomatique de la France (voyage en Turquie, accueil de personnalités turques), l’administration policière de la France donne des cautions au dictateur en prenant des mesures contre des militants en France, dont l’incarcération, prétextant que ces militants soutiendraient une organisation considérée comme terroriste, le PKK.
Or la France doit se mettre en conformité avec l’arrêt T‑316/14 du 15 novembre 2018 de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendant illégale l’inscription, du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) sur la liste des organisations terroristes, par les pays membres du Conseil de l’Europe. Cette décision de justice s’impose à tous les pays de l’Union européenne.
Des militants sont en prison, en France, sans que la plupart des médias en parlent. Récemment Agit Polat lui-même a vu la mesure de confiscation des ses biens levée, mesure arbitraire des autorités françaises. Par contre les menaces de mort contre les démocrates, les agissements de groupes fascistes sur le territoire français, se poursuivent en toute impunité.
Tuna Altinel.
Tuna Altinel a fait l’agréable surprise aux militants d’honorer l’assemblée de sa présence. Tuna Altinel, professeur de mathématiques de Lyon 1, a été emprisonné en Turquie de mai à juillet 2019. Sa seule présence à une réunion publique de solidarité avec les Kurdes lui avait valu, lors d’un séjour en Turquie, de se voir subtiliser son passeport avant d’être incarcéré et jugé, pour soutien à un groupe terroriste. La solidarité avait permis de faire libérer cet intellectuel. Tuna Altinel a témoigné.
L’assemblée à laquelle participaient des élus des majorités de Saint-Martin‑d’Hères et de Grenoble a pris l’engagement de développer le réseau de solidarité avec le peuple kurde et tous les citoyens turques victimes de la violation du droit international, en multipliant en parallèle, les actions pour la paix en Irak, Syrie.
Vive la solidarité internationale.
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