CEA Grenoble. Grève dans les salles blanches

Par Luc Renaud

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Rencontres, prises de parole, mobilisation… l’ensemble du CEA Grenoble est aujourd’hui concerné.

Le Léti, c’est un fleuron de la recherche, du CEA et de « l’éco-système grenoblois ». Unanimement salué pour ses succès. Et qui laisse ses salariés sur le bord du chemin. Dans les salles blanches de sa plateforme silicium, ils sont en grève illimitée.

« Les start-up que nous créons, ici au CEA Gre­noble, pro­posent des salaires supé­rieurs aux nôtres ». Un constat amer. L’injustice pal­pable, aus­si. Face à la dif­fi­cul­té de recru­ter, la direc­tion a déci­dé de rele­ver le niveau des salaires… des nou­veaux embau­chés. Dif­fi­cile à ava­ler pour ceux qui font tour­ner la bou­tique depuis des années. Illus­tra­tions, par­mi d’autres, des moti­va­tions du ras-le-bol qui se fait jour au sein du centre de recherche de la Presqu’île gre­no­bloise.

Pour­tant, la bou­tique, elle tourne. 220 start-up sont issues du CEA dont soixante-dix des salles du Labo­ra­toire d’électronique et de tech­no­lo­gie de l’information (Léti) et le CEA entend mul­ti­plier par dix le nombre de start-up essai­mées. Tout en lais­sant les sala­riés sur le bord de la route ?

Car tout change dans le monde de la recherche. Ce sont les ini­tia­tives pri­vées qu’il faut mettre sur orbite. Façon Sili­con val­ley. Et puis répondre aux besoins des mul­ti­na­tio­nales. Dans une décla­ra­tion devant le CSE, les sala­riés pos­tés de la pla­te­forme sili­cium – des équipes de jour et de nuit – sou­lignent cette évo­lu­tion : «  la pla­te­forme a chan­gé par sa taille, et par ses clients, nous sommes pas­sés d’un client local arran­geant à des clients inter­na­tio­naux tou­jours plus exi­geants. Les enjeux tant tech­no­lo­giques que finan­ciers ont explo­sé. Nos condi­tions de tra­vail ne sont plus du tout com­pa­rables. »

Alors ça ne passe plus. Le sala­riés pos­tés ont rédi­gé un cahier reven­di­ca­tif. Contre signé par les orga­ni­sa­tions syn­di­cales, CGT ; CFTC, CFE-CGC et CFDT.  Après plu­sieurs semaines sans débou­ché à leur yeux posi­tif, ils sont aujourd’hui en grève. Illi­mi­tée.

Le point d’in­dice n’a pas aug­men­té depuis douze ans

Le tra­vail pos­té est régi par un accord signé en 2004 et qui n’a pas évo­lué depuis. Il com­porte des primes de com­pen­sa­tion de la péni­bi­li­té qui sont lié au point d’indice de la rému­né­ra­tion, lequel n’a pas bou­gé… depuis 2009.

Avec leurs syn­di­cats, les sala­riés sont donc en grève pour le tri­ple­ment de la prime attri­buée aux sala­riés de la pla­te­forme sili­cium, le dou­ble­ment des indem­ni­tés trans­ports et « la recon­nais­sance de l’im­pact irré­ver­sible sur la san­té des sala­riés du tra­vail pos­té par l’in­té­gra­tion pro­gres­sive des primes dans le salaire de base en fonc­tion des années de tra­vail en équipe pos­tée ».

Chris­tophe Ratin, délé­gué syn­di­cal CGT, a écrit à l’administrateur géné­ral du CEA pour lui faire part à la direc­tion natio­nale du CEA des reven­di­ca­tions des sala­riés pos­tés du Leti. Il s’inquiète en outre de l’avenir du centre de recherche. Dans ce labo­ra­toire, indique-t-il, des inves­tis­se­ments sont néces­saires « pour res­ter dans la course mon­diale de la recherche des semi-conduc­teurs ». Et aujourd’hui, faute de moyens, il faut « des aides de la région pour l’a­chat d’é­qui­pe­ments indus­triels que le fonc­tion­ne­ment d’un éta­blis­se­ment de recherche ne peut amor­tir ». Il y a urgence à recon­naître dans les bud­gets l’im­por­tance stra­té­gique de la recherche.

Car ce mou­ve­ment social, par delà les reven­di­ca­tions sala­riales légi­times et l’exigence de l’in­dis­pen­sable recon­nais­sance de l’engagement des sala­riés pour leurs labos, met en lumière leur inquié­tude pour l’avenir du CEA et pose la ques­tion des rela­tions entre les groupes pri­vés de l’électronique et la recherche fon­da­men­tale et appli­quée finan­cée par le public.

Voir éga­le­ment une vidéo du TA.

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