Rencontres, prises de parole, mobilisation… l’ensemble du CEA Grenoble est aujourd’hui concerné.

Le Léti, c’est un fleuron de la recherche, du CEA et de « l’éco-système grenoblois ». Unanimement salué pour ses succès. Et qui laisse ses salariés sur le bord du chemin. Dans les salles blanches de sa plateforme silicium, ils sont en grève illimitée.

« Les start-up que nous créons, ici au CEA Grenoble, proposent des salaires supérieurs aux nôtres ». Un constat amer. L’injustice palpable, aussi. Face à la difficulté de recruter, la direction a décidé de relever le niveau des salaires… des nouveaux embauchés. Difficile à avaler pour ceux qui font tourner la boutique depuis des années. Illustrations, parmi d’autres, des motivations du ras-le-bol qui se fait jour au sein du centre de recherche de la Presqu’île grenobloise.

Pourtant, la boutique, elle tourne. 220 start-up sont issues du CEA dont soixante-dix des salles du Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (Léti) et le CEA entend multiplier par dix le nombre de start-up essaimées. Tout en laissant les salariés sur le bord de la route ?

Car tout change dans le monde de la recherche. Ce sont les initiatives privées qu’il faut mettre sur orbite. Façon Silicon valley. Et puis répondre aux besoins des multinationales. Dans une déclaration devant le CSE, les salariés postés de la plateforme silicium – des équipes de jour et de nuit – soulignent cette évolution : «  la plateforme a changé par sa taille, et par ses clients, nous sommes passés d’un client local arrangeant à des clients internationaux toujours plus exigeants. Les enjeux tant technologiques que financiers ont explosé. Nos conditions de travail ne sont plus du tout comparables. »

Alors ça ne passe plus. Le salariés postés ont rédigé un cahier revendicatif. Contre signé par les organisations syndicales, CGT ; CFTC, CFE-CGC et CFDT.  Après plusieurs semaines sans débouché à leur yeux positif, ils sont aujourd’hui en grève. Illimitée.

Le point d’indice n’a pas augmenté depuis douze ans

Le travail posté est régi par un accord signé en 2004 et qui n’a pas évolué depuis. Il comporte des primes de compensation de la pénibilité qui sont lié au point d’indice de la rémunération, lequel n’a pas bougé… depuis 2009.

Avec leurs syndicats, les salariés sont donc en grève pour le triplement de la prime attribuée aux salariés de la plateforme silicium, le doublement des indemnités transports et « la reconnaissance de l’impact irréversible sur la santé des salariés du travail posté par l’intégration progressive des primes dans le salaire de base en fonction des années de travail en équipe postée ».

Christophe Ratin, délégué syndical CGT, a écrit à l’administrateur général du CEA pour lui faire part à la direction nationale du CEA des revendications des salariés postés du Leti. Il s’inquiète en outre de l’avenir du centre de recherche. Dans ce laboratoire, indique-t-il, des investissements sont nécessaires « pour rester dans la course mondiale de la recherche des semi-conducteurs ». Et aujourd’hui, faute de moyens, il faut « des aides de la région pour l’achat d’équipements industriels que le fonctionnement d’un établissement de recherche ne peut amortir ». Il y a urgence à reconnaître dans les budgets l’importance stratégique de la recherche.

Car ce mouvement social, par delà les revendications salariales légitimes et l’exigence de l’indispensable reconnaissance de l’engagement des salariés pour leurs labos, met en lumière leur inquiétude pour l’avenir du CEA et pose la question des relations entre les groupes privés de l’électronique et la recherche fondamentale et appliquée financée par le public.

Voir également une vidéo du TA.

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