Près de cent cinquante personnes ont fait entendre leur colère dans l’enceinte de la salle du conseil métropolitain.
Les agents de la métropole grenobloise se sont mobilisés le 2 juillet dernier. En cause, un allongement de la durée du travail voulu par la loi. Pour l’heure, sans compensation, jugent les organisations syndicales.
À compter du 1er janvier de l’année prochaine, les agents de Grenoble Alpes métropole devront travailler dix jours de plus par an. C’est le résultat d’une obligation pour la collectivité : appliquer la loi. En l’espèce, une loi adoptée en 2019 par l’Assemblée nationale et dont la rapporteure était… Emilie Chalas, députée de l’Isère mais aussi conseillère métropolitaine.
Le 2 juillet, le conseil de la Métro avait à son ordre du jour une délibération dont le champ était limité à la mise en conformité avec ce texte législatif. Le débat portait pourtant logiquement aussi sur les compensations réclamées par le personnel. Pour l’heure, elles se limitent à des tickets restaurant. Propositions jugées insuffisantes par les syndicats CFDT, CGT, CFE-CGC, FO qui, ensemble, appelaient à la grève ce vendredi. Les salariés s’étaient rassemblés devant le siège de la Métro et ils ont interrompu la réunion du conseil : près de cent cinquante d’entre eux se sont invités dans les débats, qui ont repris après une interruption de séance ordonnée par le président Christophe Ferrari.
Un pouvoir d’achat en chute libre
Les demandes syndicales sont claires : une compensation intégrale, chiffrée par la collectivité à 3,5 millions d’euros et refusée par Christophe Ferrari et une partie de la direction de la métropole. Et la majorité s’est une nouvelle fois fractionnée. La délibération a été adoptée par 57 voix contre 38 et 21 abstentions. Les écologistes ont voté contre et les groupes LREM – logiquement – NMC (« petites communes ») et socialiste ont voté pour. Le groupe des élus communistes s’est divisé : sept abstentions, un contre et cinq pour. Cette délibération était présentée par Michèle Veyret, première adjointe de la ville de Saint-Martin-d’Hères.
Tout reste maintenant à faire en terme d’équité pour les salariés de la Métro : après ce vote qui portait sur l’application de la loi, le débat peut revenir sur des compensations à cet allongement de la durée du travail annuelle.
« Un geste fort, juste et légitime »
Car les syndicats ne manquent pas d’arguments. La baisse du pouvoir d’achat dans la fonction publique, par exemple. Au coeur du rassemblement de protestation, une affiche le constatait : en vingt ans, les prix ont augmenté de 30 % et l’indice de la fonction publique de 10 %. Les salariés font également remarquer que l’allongement de la durée du travail va entraîner une diminution proportionnelle de l’emploi : autant d’économie pour la collectivité.
Dans son intervention, Jean-Paul Trovero, président du groupe communiste à la Métro, notait par ailleurs que « cette loi est au passage une sérieuse entorse au principe de libre administration des collectivités. On notera que dans les entreprises privées, il est toujours possible de négocier du temps libre en sus de celui qu’accorde le Code du travail ». Et il appelait, dans le cadre des négocations à venir avec les organisations syndicales, « à un geste fort, juste et légitime de la métropole en direction de ses agents, en directions de ceux qui font tourner la boutique ».
Car on parle là des « premiers de cordée » de la crise sanitaire, de ceux qui ont fait fonctionner le service public contre vents et marées et dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas rechigné à la tâche.