FerroPem. Jean-Luc Mélenchon défend la constitution d’une filière industrielle du silicium
Par Luc Renaud
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Cécile Cukierman, tête de liste PCF-LFI aux élections régionales, Jean-Luc Mélenchon et Emilie Marche, candidate tête de liste en Isère de la liste conduite par Cécile Cukierman.
Jean-Luc Mélenchon était en vallée de la Romanche, ce samedi 5 juin. Il participait à un rassemblement contre la fermeture annoncée de l’usine FerroPem des Clavaux. De nombreux élus sont venus affirmer leur soutien à la lutte et leur refus du démantèlement d’EDF et de la privatisation de la production électrique hydraulique.
Le carnet de commandes de l’usine des Clavaux est plein jusqu’en novembre. Et un contrat est en cours de négociation pour assurer son activité pour les dix ans qui viennent. Du jamais vu, tout simplement. C’est l’information que donnait le 5 juin Mourad Moussaoui, délégué syndical central FO de FerroPem, devant quelque trois cents personnes rassemblées devant l’usine. Cette usine dont le groupe Ferroglobe, propriétaire de FerroPem, a annoncé la fermeture.
Ce rassemblement marqué par la présence de Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille et candidat à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Marqué de la présence également de nombreux élus parmi lesquels Cécile Cukierman, sénatrice et candidate tête de liste PCF-France insoumise à l’élection régionale de juin prochain, Marie-Noëlle Battistel, députée PS de la circonscription, Guillaume Gontard, sénateur EELV de l’Isère, ou encore Gilles Strappazzon, conseiller départemental du canton et Guy Verney, maire du Bourg‑d’Oisans et président de la communauté de communes de l’Oisans, ainsi que de Nicolas Benoit, secrétaire de l’union départementale CGT de l’Isère.
Trois cents personnes se sont rassemblées devant l’usine des Clavaux.
Au fil de son intervention, Mourad Moussaoui s’attachait à montrer combien les arguments du groupe Ferrogloble ne pouvaient justifier la décision de fermer l’usine des Clavaux. « Ils nous disaient que nous avions perdu notre plus gros client ; il est aujourd’hui revenu n’ayant pas réussi à trouver l’équivalent de notre production ailleurs », constatait-il. De ce fait, l’usine des Clavaux est rentable. Quand à l’argument de l’absence de liaison par voie ferrée que la direction juge problématique, « ce n’est pas nous qui, en 1968, avons démonté les rails qui nous reliaient à Vizille et ça n’a pas empêché l’usine de faire de l’argent pendant des décennies ».
Ce que cherche la direction du groupe ? « Il veulent faire du chantage au gouvernement pour obtenir des rabais sur l’énergie pour les sites de production qu’ils maintiennent, faire de l’argent, encore plus d’argent », disait-il.
Mourad Moussaoui, délégué syndical FO du groupe FerroPem.
Jean-Luc Mélenchon replaçait cette volonté de fermer les Clavaux dans le contexte de la lutte contre le changement climatique et de la nécessaire transition écologique. « Il faut à notre pays une filière de production à partir du silicium produit ici pour fabriquer des panneaux solaires ou des puces électroniques et du matériel médical et ne pas nous retrouver avec les ruptures d’approvisionnement que nous avons connues dans le médical ou la production automobile », disait-il. « Si j’étais président de la République, je réquisitionnerai cette usine par décret pour constituer cette filière », ajoutait-il avant d’indiquer que son passage en vallée de la Romanche n’était « destiné qu’à une chose, à faire honte au président Macron ».
Jean-Luc Mélenchon était venu apporter son soutien aux salariés de FerroPem.
Une filière industrielle qui englobe la production d’énergie. En vallée de la Romanche, les barrages ont été construits à la fin du XIXe siècle pour alimenter les usines. Aujourd’hui, le démantèlement annoncé d’EDF et la privatisation des concessions hydrauliques – dont celle du lac Mort, à quelques kilomètres des Clavaux — met en danger cette synergie entre la production électrique et la gestion du réseau dont l’usine des Clavaux fait partie en modulant sa consommation en fonction de l’équilibre production et consommation sur le réseau électrique.
Et c’est pourquoi Mourad Moussaoui dénonçait le projet Hercule rebaptisé Grand Edf qui menace toute la filière métallurgique des vallées alpines constituée à partir de la production hydroélectrique. Tandis que Nicolas Benoit soulignait les possibilités dans le département de l’Isère avec la production d’électricité, le silicium de FerroPem et l’usine Photowatt de production de panneaux solaires, à Bourgoin-Jailleu, filiale d’EDF menacée de fermeture.
Des élus de la communauté de communes de l’Oisans mais aussi Guillaume Gontard, sénateur, Sylvie Guinand, ajointe au maire de Saint-Égrève ou Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble.
« Au moment où l’on parle de relocalisation industrielle, il est grand temps de refuser les délocalisations et de ne plus perdre d’emplois industriels, soulignait Cécile Cukierman, c’est le développement d’une filière industrielle qui est à l’ordre du jour, ce qui implique un pôle public de l’énergie avec EDF qui puisse contribuer à ce développement industriel ».
La présence de Jean-Luc Mélenchon avait suscité l’intérêt des médias.
La mobilisation va se poursuivre dans les usines FerroPem où les syndicats FO et CGT appellent à des assemblées générales qui décideront des suites du mouvement pour empêcher la fermeture de l’usine des Clavaux et de celle de Chateaufeuillet en Savoie, la disparition de 350 emplois et celle d’un savoir-faire industriel nécessaire à l’indispensable passage à une économie décarbonée.
Guy Verney, maire du Bourg-d’Oisans et candidat à l’élection départemental au titre de la majorité de droite sortante ; Marie-Noëlle Battistel, députée PS ; et Gilles Strappazzon, conseiller départemental PS sortant et candidat à sa réélection. Comme Marie-Noëlle Battistel et Gilles Strappazzon, Guy Verney s’est déclaré opposé à « la privatisation d’EDF qui priverait de travail nombre d’entreprises de l’Oisans ».
La mobilisation de la population de la vallée. La fermeture de l’usine représenterait la disparition de plus de quatre cents emplois, directs et indirects.
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